« Il faut maintenir une communication positive sur l’apprentissage »

Roland Grimault, directeur de l’Union nationale des MFR
Les 420 Maisons familiales rurales (MFR) ont pour l’instant été relativement préservées des récentes restrictions budgétaires touchant l’apprentissage. Pour autant, leur directeur national, Roland Grimault, alerte sur le besoin de stabilité à moyen terme. « Nous souhaitons une stabilité des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage, car nous faisons face à des hausses de charges courantes et de masse salariale », explique-t-il dans une interview accordée à AEF info le 18 mars 2025. Il appelle également à ne pas alourdir la charge administrative des CFA. Deux chantiers structurants sont en cours dans le réseau : l’un sur la pédagogie, l’autre sur les ressources humaines. Objectif : préserver la singularité de l’alternance au sein des MFR et améliorer encore la qualité des formations.
Une rentrée 2024 en hausse
Quel bilan tirez-vous de la rentrée 2024 ? La réforme des aides a-t-elle eu un impact en début d’année ?
Roland Grimault : Nous avons connu une hausse d’environ 4 % du nombre d’apprentis à la rentrée dernière, atteignant 27 000 jeunes. En ce début 2025, nous n’avons pas constaté de baisse des inscriptions. Nous sommes actuellement en période de journées portes ouvertes, et la demande est bien présente du côté des jeunes.
Un impact limité des restrictions budgétaires
Les restrictions récentes affectent-elles votre réseau ?
Roland Grimault : Pas de manière directe. La majorité de nos apprentis sont en CAP, Bac, BP ou BTS, formés dans des TPE et PME. Notre réseau est donc moins touché que d’autres par les baisses des niveaux de prise en charge ou des primes à l’embauche.
« C’est davantage la situation économique, politique et géopolitique globale qui influencera les décisions d’embauche des entreprises »
Nous manquons encore de visibilité sur la manière dont les entreprises artisanales réagiront à ce contexte incertain.
Une demande forte de stabilité
Qu’attendez-vous du gouvernement ?
Roland Grimault : Lors de nos échanges avec le ministère du Travail, nous avons exprimé notre besoin de stabilité budgétaire. Le système actuel de financement au coût-contrat nous a permis de passer de 11 500 à 27 000 apprentis depuis la réforme. Il est imparfait, mais il fonctionne. Il serait cependant nécessaire de mieux prendre en compte les investissements de long terme, notamment les internats et autres éléments de la vie quotidienne des apprentis.
Alléger la charge administrative
Quelles améliorations souhaitez-vous pour la qualité de l’apprentissage ?
Roland Grimault : Il faut éviter de multiplier les tâches administratives. Nous pensons que des évolutions sont possibles dans le cadre de Qualiopi, notamment pour mieux suivre les rythmes d’alternance et renforcer le lien entre entreprises et CFA.
« Attention à ne pas casser l’élan de la loi de 2018 »
Il est essentiel de maintenir un discours positif sur l’apprentissage et de ne pas freiner la dynamique enclenchée par cette loi.
Le chantier pédagogique entre dans sa phase de déploiement
Où en est votre chantier pédagogique ?
Roland Grimault : Nous avons lancé un groupe de travail l’an dernier pour redéfinir les fondamentaux de notre pédagogie, en apprentissage comme en formation scolaire. Après avoir observé les pratiques des MFR les plus performantes, nous avons identifié trois piliers :
- L’entreprise comme lieu de formation à part entière
- Des outils pour valoriser l’expérience en entreprise et favoriser les échanges entre apprentis
- Des temps dédiés à la mise en œuvre collective de la pédagogie par les équipes
Nous sommes désormais dans une phase d’accompagnement des MFR qui souhaitent s’engager dans cette réflexion.
Un chantier RH en parallèle
Quelle est la prochaine étape ?
Roland Grimault : Nous formons actuellement des collègues pour réaliser des diagnostics d’organisation dans les MFR. L’amélioration des pratiques pédagogiques passe aussi par une meilleure structuration des équipes. En parallèle, nous poursuivons depuis deux ans un chantier RH sur la redéfinition des fiches métiers, en lien avec les évolutions du terrain.
Ces deux chantiers sont complémentaires : c’est le collectif qui doit se réinterroger sur sa pédagogie.
Une vision à long terme pour renforcer l’accompagnement des jeunes
Pourquoi avoir engagé ces deux chantiers ?
Roland Grimault : Ces démarches s’inscrivent dans notre projet de mouvement. Nous voulons préserver une alternance singulière et renforcer la qualité globale de notre formation. Nos spécificités – accompagnement global de l’apprenti, développement des soft skills, mobilité – répondent aux attentes actuelles.
« Dans une société en mutation, nous plaçons les relations humaines au cœur de notre projet »
Nous intégrons les nouvelles technologies, y compris la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle, mais ce qui fera la différence de notre réseau demain, ce sera notre proximité avec les jeunes, leurs familles et les maîtres d’apprentissage.

SOURCE : AEF INFO

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