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ÉDUCATION
4
June 2024

L’indécent chantage des banques et des assureurs sur l’apprentissage

Les récentes déclarations des fédérations des banques et des assurances, accompagnées par le Syntec, ont déclenché un vif débat sur le financement de l’apprentissage en France. Dans une tribune publiée par Les Echos le mercredi 29 mai, Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française, Laurent Giovachini, président de la Fédération Syntec, et Florence Lustman, présidente de France Assureurs, ont exprimé leurs préoccupations concernant une possible réduction des aides publiques à l’alternance, qu’ils estiment cruciale pour maintenir la dynamique actuelle.

Un Appel à Maintenir les Aides Publiques

Les dirigeants de ces fédérations mettent en garde contre une diminution des aides publiques destinées à l’alternance, dont le coût global a considérablement augmenté ces dernières années. La réforme de 2018 a permis à toute entreprise de recruter un apprenti sans limite de dépenses, avec des frais de scolarité de 8 000 euros par an en moyenne pris en charge par l’État via France Compétences, ainsi qu’une prime de 6 000 euros par embauche. Cette politique a presque triplé le nombre d’apprentis en quatre ans, atteignant près d’un million de contrats annuels, un objectif fixé par Emmanuel Macron.

Cependant, cette expansion a un coût significatif. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié en début de semaine, rappelle que les dépenses consacrées à l’apprentissage ont atteint 21,6 milliards d’euros en 2021, contre 10,5 milliards en 2018. Malgré cette augmentation des investissements, le chômage des jeunes reste élevé en France, à environ 17 %, au-dessus de la moyenne européenne. La Cour des comptes a également souligné que les jeunes les plus éloignés de l’emploi ont peu bénéficié de cette réforme.

Les Arguments des Fédérations Patronales

Les fédérations patronales soutiennent que l’apprentissage est essentiel pour briser le plafond de verre et intégrer des jeunes issus de quartiers prioritaires de la ville. Elles affirment que 21 % des apprentis sous contrat dans les secteurs qu'elles représentent proviennent de ces zones, soit environ 20 000 jeunes. Elles craignent qu’une réduction des aides de l’État ne freine cet ascenseur social crucial.

Les critiques fusent contre ce qu’elles considèrent comme un chantage indigne, surtout au regard des profits considérables réalisés par les entreprises de ces secteurs ces dernières années. La réforme de 2018, et plus encore l’augmentation et la généralisation des aides en 2020 en réponse à la crise du Covid-19, ont permis à toutes les entreprises, indépendamment de leur taille ou du niveau d’études des apprentis, de bénéficier de subventions importantes. Actuellement, ces aides coûtent près de 5 milliards d’euros par an à l’État.

Un Appel à la Responsabilité des Entreprises

Les opposants à ce maintien généralisé des aides publiques plaident pour un recentrage des subventions sur les niveaux de qualification inférieurs et les petites entreprises. Ils estiment que si l’apprentissage est effectivement un investissement, comme le prétendent les fédérations patronales, ce sont les entreprises qui doivent en assumer la responsabilité. Cette nécessité est d’autant plus pressante avec l’émergence de technologies comme l’intelligence artificielle et l’exigence d’une plus grande diversité sociale dans les postes de direction.

Il est essentiel que les grandes banques, les assureurs et les sociétés de conseil, telles que BNP Paribas, Société Générale, MAIF, Axa, McKinsey et Accenture, s’engagent activement dans ce processus. Investir dans l’apprentissage ne doit pas seulement être perçu comme une charge pour l’État, mais comme un devoir moral et une nécessité stratégique pour les entreprises.

Pourquoi les fédérations des banques et des assurances demandent-elles le maintien des aides publiques à l’apprentissage ?

Les fédérations craignent qu’une réduction des aides publiques ne freine la dynamique actuelle de l’apprentissage, essentielle selon elles pour intégrer des jeunes issus de quartiers prioritaires et combler le besoin de salariés qualifiés dans leurs secteurs. Elles estiment que ces aides sont cruciales pour continuer à embaucher des apprentis à grande échelle.

Quelles sont les critiques formulées contre cette demande ?

Les critiques soulignent que ce maintien généralisé des aides publiques profite principalement aux grandes entreprises qui réalisent déjà d’importants profits. Ils plaident pour un recentrage des subventions sur les niveaux de qualification inférieurs et les petites entreprises, estimant que les grandes entreprises doivent assumer une plus grande part de la responsabilité financière de l’apprentissage.

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