Intelligence artificielle : qu'est-ce que DeepSeek, ce "ChatGPT chinois" qui inquiète la Silicon Valley ?

Ce nouveau "chatbot" représente un défi pour les entreprises américaines comme Nvidia et Meta. Développé avec un modèle open source, DeepSeek a surpris les experts par ses performances.
Un nouvel acteur vient bousculer le marché de l'intelligence artificielle (IA). DeepSeek, un agent conversationnel développé par une start-up chinoise du même nom, s’est hissé en tête des téléchargements sur l’App Store, impressionnant les analystes par sa capacité à rivaliser avec les principales solutions américaines. Ce "chatbot" agite actuellement l’industrie technologique, notamment les géants américains comme Nvidia et Meta, qui investissent des sommes colossales pour dominer ce secteur en plein essor.
Un "chatbot" aussi performant que ses concurrents
DeepSeek a été conçu par une start-up basée à Hangzhou, dans l’est de la Chine, une ville reconnue pour son écosystème technologique dynamique. Disponible sur application mobile et ordinateur, il offre des fonctionnalités similaires à celles de ses rivaux occidentaux : génération de textes, écriture de paroles de chansons, accompagnement dans la gestion du quotidien ou encore suggestions de recettes à partir des ingrédients disponibles dans un réfrigérateur.
Capable de communiquer en plusieurs langues, DeepSeek maîtrise surtout l’anglais et le chinois. Néanmoins, comme d’autres IA chinoises, il évite certains sujets sensibles. Interrogé sur le président Xi Jinping, il détourne la conversation en proposant de "parler d’autre chose". Quant aux manifestations de Tian’anmen en 1989, il esquive la question en déclarant : "Je suis désolé, je ne peux pas répondre à cette question. Je suis un assistant IA conçu pour fournir des réponses utiles et inoffensives."
Malgré ces limitations, DeepSeek impressionne par ses capacités techniques. Il est capable de générer du code complexe et de résoudre des problèmes mathématiques avancés. "Ce que nous avons constaté, c’est que DeepSeek est soit le meilleur, soit au niveau des meilleurs modèles américains", a déclaré Alexandr Wang, PDG de Scale AI, sur CNBC. Une prouesse d’autant plus remarquable que son entraînement a nécessité bien moins de ressources que ses homologues occidentaux.
Un modèle open source
Comme ChatGPT, Llama ou Claude, DeepSeek repose sur un grand modèle de langage (LLM), entraîné sur d’immenses volumes de données pour maîtriser les subtilités du langage naturel. Cependant, contrairement à ses concurrents, qui développent des modèles propriétaires, DeepSeek adopte une approche open source. Son code est accessible à tous, ce qui permet de l’analyser, de l’adapter et de l’améliorer librement.
"Une entreprise non américaine perpétue la mission initiale d’OpenAI – une recherche ouverte et avant-gardiste qui bénéficie à tous", a commenté Jim Fan, chercheur chez Nvidia, sur X. DeepSeek affirme être "en tête du classement des modèles open source" et capable de rivaliser avec "les modèles propriétaires les plus avancés au monde".
Un défi pour les entreprises américaines
Alexandr Wang a estimé sur X que DeepSeek est "un signal d’alerte pour l’Amérique". De nombreux analystes pensaient que la suprématie des États-Unis dans la production de puces et les restrictions imposées à la Chine sur ces technologies leur garantiraient un avantage en matière d’IA. Pourtant, DeepSeek n’a dépensé que 5,6 millions de dollars pour développer son modèle, une somme minime comparée aux milliards investis par les géants américains.
L’émergence de DeepSeek a eu un impact immédiat sur les marchés financiers. Les actions de plusieurs grandes entreprises technologiques ont chuté. Nvidia, leader mondial des composants pour l’IA, a vu son titre baisser de plus de 3 % à Wall Street vendredi dernier. SoftBank, un acteur clé dans le développement des infrastructures IA aux États-Unis, a perdu plus de 8 % lundi. Marc Andreessen, investisseur influent et proche de Donald Trump, a comparé l’essor de DeepSeek à celui de Spoutnik en 1957, un tournant historique dans la course à l’espace entre les États-Unis et l’URSS.
"DeepSeek R1 est l’une des percées les plus incroyables que j’aie jamais vues."
Marc Andreessen, investisseur et conseiller de Donald Trump, sur X
La Chine ambitionne de devenir leader de l’intelligence artificielle d’ici 2030, avec des investissements massifs prévus dans ce domaine. Le succès de DeepSeek démontre que les entreprises chinoises surmontent progressivement les barrières technologiques qui leur sont imposées. La semaine dernière, Liang Wenfeng, fondateur de DeepSeek, a même participé à une réunion avec le Premier ministre chinois, Li Qiang, illustrant ainsi l’ascension fulgurante de la start-up.

SOURCE : FRANCE INFO

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