Invention de l’école maternelle : comment l’éducation des enfants de 3 à 6 ans est devenue une priorité

Une priorité éducative affirmée dès le XIXe siècle
L’école maternelle telle qu’on la connaît se dessine en France à la fin du XIXᵉ siècle, et la pédagogue Pauline Kergomard a joué un rôle décisif dans sa création. En septembre, sonne l’heure de la rentrée scolaire pour tous les enfants à partir de 3 ans. Avec la loi du 28 juillet 2019, l’âge de l’instruction obligatoire a été abaissé de 6 ans à 3 ans. C’était l’aboutissement d’un long processus entamé au début du XIXe siècle, lors de la création des salles d’asile, ancêtres de nos écoles maternelles.
Si de nombreux spécialistes de la petite enfance ont contribué à cette évolution, un nom reste étroitement associé à cette invention : celui de Pauline Kergomard (1838-1925). Moins connue que la pédagogue italienne Maria Montessori, elle fut pourtant un pilier de l’enseignement primaire en France. Son action au sein du ministère de l’Instruction publique, de la fin des années 1870 jusqu’à la Première Guerre mondiale, a profondément renouvelé l’apprentissage des tout-petits.
Les salles d’asile, ancêtres des écoles maternelles
Les salles d’asile destinées à l’accueil des enfants apparaissent au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, dans un contexte marqué par la révolution industrielle. Les premières naissent au Royaume-Uni, où les infant schools accueillent les enfants d’ouvrières. Leur vocation est d’abord sociale : protéger les jeunes des dangers de la rue et prévenir la délinquance juvénile.
En France, des philanthropes initient dès les années 1820 les premières salles d’asile, bientôt intégrées dans la sphère publique. En 1837, une ordonnance royale en fixe le rôle : accueillir jusqu’à 6 ans les enfants de tous milieux, leur offrir surveillance maternelle et une première éducation.
En 1881, la naissance officielle de l’école maternelle
En 1879, Pauline Kergomard, institutrice protestante issue de la famille Reclus, est nommée déléguée générale à l’inspection des salles d’asile. Elle observe des méthodes rigides et obsolètes, proches de la discipline militaire. Avec d’autres pédagogues comme Marie Pape-Carpantier, elle milite pour une approche plus adaptée à la petite enfance.
Le décret du 2 août 1881 transforme les salles d’asile en écoles maternelles. Plus qu’un changement de nom, il s’agit d’une révolution pédagogique. Les établissements deviennent de véritables lieux d’éducation, et la notion de « maternelle » souligne le rôle des femmes dans l’accompagnement des enfants, en continuité avec le foyer familial.
La mission de l’école maternelle : éveiller les enfants
Le décret fixe les grandes lignes d’un programme destiné à éveiller les tout-petits. Pauline Kergomard insiste sur le rôle central du jeu : « le jeu, c’est le travail de l’enfant ; c’est son métier, c’est sa vie ». L’école maternelle devient un lieu où l’on apprend en explorant et en observant.
La pédagogie s’appuie aussi sur la « leçon de choses », centrée sur la découverte du monde et l’acquisition de la langue maternelle. Pauline Kergomard recommande d’observer directement l’environnement proche, qu’il s’agisse de la maison, de l’atelier ou de la campagne. Inspectrice jusqu’en 1917, elle veille à ce que les enseignantes adoptent une pédagogie adaptée, posant les bases de l’école maternelle moderne, fondée sur l’individualisation et l’éveil au monde.
L’héritage de Pauline Kergomard
Pauline Kergomard a ainsi profondément influencé l’éducation en France. Ses principes demeurent au cœur de l’école maternelle actuelle : valoriser le jeu, reconnaître la spécificité de la petite enfance et éveiller les enfants à leur environnement. Elle a contribué à faire de l’éducation des 3-6 ans une priorité nationale.

SOURCE : LE NOUVEL OBS

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