J.P. Audrain (Fnadir) : "Il faut se doter de moyens pour garantir des établissements d'apprentissage de qualité"

Dans un contexte de réductions budgétaires sur l'apprentissage, Jean-Philippe Audrain, président de la Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir), partage sa vision d'un financement durable, lié à un engagement qualité des entreprises. Le cap du million d'apprentis a été franchi, mais des défis subsistent. Depuis la loi de 2018 qui a libéralisé l'apprentissage, plusieurs enjeux sont apparus pour pérenniser un système en pleine expansion. Parmi eux, la gestion de la qualité des formations et un modèle financier fragile, difficile à maintenir à long terme.
Les annonces du gouvernement et les primes à l'embauche
Lors de la présentation du budget le 10 octobre, le ministère du Travail a évoqué un projet de plan d’économies de plus d’un milliard d’euros sur l’apprentissage, incluant notamment une réduction de la prime à l’embauche de 6.000 euros pour les employeurs. Jean-Philippe Audrain réagit à cette annonce. La prime actuelle, issue de la crise sanitaire, a d’abord concerné les entreprises de moins de 250 salariés. Aujourd’hui, l'aide est plus universelle, mais la question du ciblage est soulevée. Pour Audrain, la réduction des aides doit être abordée avec pédagogie et ne pas être perçue comme un désavantage pour le système.
Une aide à l’embauche pour renforcer la qualité
Pour le président de la Fnadir, les primes à l’embauche doivent être maintenues, bien qu’une réduction soit envisagée. Ces aides compensent les efforts des entreprises pour la formation des jeunes, en garantissant des parcours sécurisés. Cependant, il insiste sur le fait que l’aide ne doit pas être accordée sans une contrepartie d'engagement qualité de la part des entreprises. En effet, la taille de l’entreprise peut être un critère discriminant dans l’octroi de ces aides, les grandes entreprises ayant plus de capacités d’investissement que les petites structures.
La qualité de l’alternance : un enjeu crucial
La question de la qualité est primordiale pour garantir des formations d'excellence. Audrain met en avant plusieurs axes de travail pour y parvenir. Cela commence par une bonne préparation en amont, avec une réflexion RH pour s’assurer que les missions proposées aux jeunes soient en adéquation avec la formation suivie. Il est également essentiel de former les maîtres d’apprentissage avant l’arrivée des jeunes et de mettre en place un suivi tout au long du contrat d’apprentissage. Une charte qualité de l’accueil des jeunes a été mise en place pour formaliser ces engagements.
Un financement plus juste et une meilleure prise en compte des spécificités
L’idée d’un financement basé sur un engagement qualité de la part des entreprises a été avancée. Selon Jean-Philippe Audrain, un tel financement pourrait inclure une contrepartie d’implication des entreprises, matérialisée par des documents comme la charte qualité. Cependant, il soulève aussi la question de la mesure de l'engagement qualité, car les indicateurs actuels (réussite à l'examen, taux d'insertion professionnelle) ne sont pas toujours pertinents. Le suivi des apprenants et la qualification des maîtres d'apprentissage sont des éléments clés pour vérifier cet engagement.
Les NPEC et les ajustements budgétaires : un impact sur les CFA
Les NPEC (niveaux de prise en charge) sont des ressources essentielles pour les CFA, financées en grande partie par les marges générées pour soutenir l’investissement dans les infrastructures. Cependant, ces dernières années, les réductions successives des NPEC ont fragilisé les financements, notamment pour l’investissement. Audrain alerte sur l'impact de ces réductions sur les CFA, qui pourraient être contraints de fermer des sections, surtout dans les territoires ruraux.
Vers un financement durable des CFA
Pour garantir la pérennité du système, Jean-Philippe Audrain propose un financement socle, sécurisé par l'État, qui garantirait le fonctionnement des CFA. Ce financement pourrait être complété par des financements provenant des branches professionnelles, des régions ou d'autres acteurs, en fonction des spécificités des territoires et des métiers. En outre, il évoque la nécessité d'un financement complémentaire pour prendre en compte des investissements spécifiques, comme les plateaux techniques ou les infrastructures spécialisées.
Conclusion : un financement nécessaire pour garantir la qualité
Le président de la Fnadir conclut en insistant sur l'importance de disposer des moyens nécessaires pour garantir la qualité des établissements d'apprentissage. Il plaide pour une meilleure mutualisation des ressources et pour un financement plus efficient, prenant en compte les particularités de chaque secteur et territoire. Ce système de financement durable, basé sur l’implication des entreprises, permettrait de renforcer la qualité des formations en alternance tout en assurant la viabilité du système d’apprentissage à long terme.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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