"je cherche depuis début avril, mais je n'ai rien trouvé" : la difficile expérience des étudiants pour trouver un logement

À peine les candidats du baccalauréat ont-ils posé leurs stylos qu'ils doivent déjà se pencher sur la question du logement. Se loger à Lyon, lorsqu’on est étudiant, reste particulièrement difficile : entre galères et refus dans les résidences universitaires, les jeunes cherchent tous les moyens possibles pour se loger.

"Depuis le mois d’avril, j’ai commencé à chercher un logement. Je me suis inscrite sur de nombreux sites censés m’aider à trouver une résidence universitaire, comme Student Factory ou Gestetud, mais je n’ai rien trouvé", déplore Dounia Ismayl, 18 ans, future étudiante en Langues Étrangères Appliquées à l’université Jean Moulin.

La métropole de Lyon accueille près de 170 000 étudiants, mais pour beaucoup, se loger relève d’un véritable parcours du combattant. Une situation qui ne date pas d’hier : chaque année, la tension locative ne cesse de s’accentuer.

Lyon, une tension locative toujours aussi forte

D'après la plateforme de location entre particuliers, LocServices, la "capitale des Gaules" figure toujours parmi les trois villes les plus tendues de France depuis cinq ans. Entre 2021-2022 et 2023-2024, la tension locative a progressé de 21,5 %.

Les chasseurs d'appartements ressentent également cette pression. Initialement, ils accompagnaient surtout des salariés en recherche de logement dans la métropole lyonnaise. Progressivement, des parents les sollicitent pour aider leurs enfants à trouver un logement adapté.

"Depuis trois ans, de juin à septembre, mes collègues et moi accompagnons exclusivement des étudiants. Chaque été, près d’une centaine d’entre eux font appel à nos services pour trouver leur logement idéal. Entre les arnaques et la sélection stricte des dossiers, il est devenu extrêmement difficile de décrocher un logement étudiant à Lyon."
Brian Dumont
Chasseur d'appart de Projet Location à Lyon

Ce service peut être fiable et sécurisé, notamment parce que le paiement n’intervient qu’après la signature du bail. Toutefois, il faut prévoir des frais importants : 890 euros, auxquels s’ajoutent souvent les frais d’agence.

Pour répondre à la demande croissante, la Métropole de Lyon a mis en place un plan local de l’habitat étudiant visant à améliorer l’accès au logement pour les jeunes. Ce dispositif prévoit la création de nouvelles résidences universitaires, principalement dans les quartiers proches des campus et des établissements d’enseignement supérieur.

Malgré ces efforts, les 9 000 logements Crous répartis entre Lyon et ses environs restent insuffisants face à la forte demande. Chaque année, de nombreux étudiants peinent encore à trouver un logement accessible et adapté à leur budget.

Du côté des propriétaires privés, les loyers restent supérieurs à la moyenne nationale. Selon LocServices, le loyer moyen en 2024 est de 560,31 euros tandis qu'à Lyon, il atteint 598 euros. Difficile de se loger à ces prix.

Les étudiants misent sur des solutions alternatives

Souvent, la colocation ou les hébergements temporaires deviennent les seules options possibles pour les étudiants lyonnais. Depuis janvier, Ellia Beaud, 18 ans, cherche désespérément un logement. Faute d’alternative abordable, elle a opté pour la colocation avec une amie. À la rentrée prochaine, elle s’installera à Lyon pour ses études supérieures.

"Depuis la saisie des vœux sur Parcoursup, j'ai commencé à chercher un logement. Je ne trouvais rien. Avec une amie, nous avons choisi la colocation. Pour être honnête, cela ne fait que quelques jours que nous avons trouvé un logement correct. Nous avons dû augmenter nos budgets respectifs."
Ellia Beaud
Future étudiante en psychomotricité à Lyon

Même situation pour Mireille, 25 ans. Pour suivre ses études dans de bonnes conditions, elle est hébergée temporairement chez un ami en attendant de trouver un logement. Même les résidences universitaires du Crous lui ont refusé une place. Faute de moyens financiers, elle ne peut pas envisager une location dans le privé.

"Je ne connaissais personne à Lyon pour m'aider à trouver un logement. À chaque demande auprès du Crous, ma candidature était automatiquement refusée alors que je suis une étudiante étrangère. Avant, je vivais en colocation, mais l’espace était trop petit pour six personnes, alors j’ai pris la décision de partir."
Mireille
Étudiante étrangère à Lyon

Tous les moyens sont bons pour se loger

Payer un loyer élevé ou être hébergé temporairement n’est pas une solution envisageable pour tous. Face à la crise du logement étudiant à Lyon, beaucoup doivent faire preuve d’ingéniosité. Les stratégies se multiplient : annonces sur des groupes Facebook, bouche-à-oreille ou contact direct avec des propriétaires. Parfois, par manque de temps, certains acceptent un logement après une simple visite virtuelle.

De nouveaux dispositifs émergent également pour diversifier l’offre : cohabitation intergénérationnelle, foyers de jeunes travailleurs ou logements solidaires proposés par des associations. Mais malgré ces alternatives, certains étudiants sont contraints de renoncer à leur premier choix d’études à Lyon, faute de logement. Une situation vivement dénoncée par les syndicats étudiants.

"Je trouve gravissime que des étudiants doivent abandonner leur premier choix universitaire faute de logement. Nous essayons de soutenir leurs candidatures auprès du Crous et des associations, mais en l’absence d’offres, ils se tournent vers leur plan B."
Tom Rufiol
Président de l'UNEF Lyon

Un stress constant pour les étudiants

Après des mois de recherches et de démarches, stress, fatigue mentale et profond découragement dominent. Entre les refus et la pénurie de logements, les étudiants finissent par s’épuiser.

"Je me sens épuisée. Entre les justificatifs absurdes et les arnaques, ça me prend un temps fou et toute mon énergie. C’est aberrant de ne rien trouver."
Donia Ismayl
Future étudiante en LEA

Le dernier rapport de L’Étudiant vient d’être publié. Lyon est classée sixième meilleure ville étudiante de France, perdant une place par rapport à l’an dernier. Son point faible reste l’offre de logement, avec une note de seulement 2/10.

SOURCE : FRANCE 3