Journée de la santé mentale : le Fil Santé Jeunes à l’écoute des 12-25 ans en détresse

À l'occasion de la journée de la santé mentale, désignée grande cause nationale par le Premier ministre Michel Barnier, Europe 1 s’est rendu dans les locaux du Fil Santé Jeunes. Ce service, spécialisé dans la prise en charge des jeunes de 12 à 25 ans, reçoit chaque année des dizaines de milliers d’appels et de messages d’adolescents en détresse.

D’après les données publiées par Santé Publique France au printemps dernier, 15 % des adolescents sont à risque élevé de dépression, et 24 % des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois. Entre 2018 et 2022, la santé mentale des collégiens et lycéens s'est dégradée, un phénomène plus accentué chez les filles. Les causes de ce mal-être sont variées : réseaux sociaux, isolement lié au Covid, harcèlement scolaire, parents défaillants, ou encore montée des violences physiques et sexuelles.

"C’est une élève qui a envie de se scarifier"

Casque sur les oreilles, Fanny, psychologue, écoute un adolescent récemment entré en Seconde. "Comment être intéressant pour se faire des amis ?" lui demande-t-il au téléphone. Toutefois, dans 75 % des cas, les jeunes préfèrent échanger par message. Elise, de son côté, répond à une collégienne qui lui envoie discrètement des textos. "Je suis en train de discuter avec une jeune fille de 14 ans qui ne va vraiment pas bien, elle est très angoissée et parle d'envie de se scarifier", raconte Elise, lisant les messages qu’elle reçoit sur le chat du Fil Santé Jeunes. "Elle se trouve à la vie scolaire de son collège, mais elle vient de se déconnecter car ses parents sont arrivés", regrette l’assistante sociale, voyant les messages s’interrompre brusquement. "C’est un peu frustrant."

Une prise en charge difficile

Si elle en avait eu le temps, Elise aurait orienté la collégienne vers un centre de soins adapté près de chez elle, en espérant qu’il y ait des places disponibles. "Tous les centres médico-psychologiques, qui prennent en charge gratuitement les patients, sont saturés", déplore Marine, responsable de la plateforme. "Il y a parfois des listes d'attente de 18 mois. Aujourd’hui, de nombreux jeunes ne trouvent pas de professionnels et reviennent vers nous pour trouver un peu de réconfort."

Avant 2021, la majorité des questions posées au Fil Santé Jeunes concernaient la sexualité. Aujourd'hui, plus de la moitié des appels et messages sont liés à la santé mentale. Crises d’angoisse, épisodes dépressifs, anxiété généralisée… Les adolescents et jeunes adultes expriment leur détresse, souvent marquée par un dégoût de leur corps, des violences physiques ou sexuelles subies, ou une solitude extrême. Cet isolement est souvent exacerbé par une dépendance toxique aux réseaux sociaux.

SOURCE : EUROPE 1