La créatrice du programme d’échange Erasmus, Sofia Corradi, est morte

Son idée a transformé le visage de l’Europe. Sofia Corradi, professeure italienne et créatrice du célèbre programme d’échange étudiant Erasmus, est décédée à Rome à l’âge de 91 ans, ont rapporté samedi 18 octobre 2025 plusieurs médias italiens.

Depuis son lancement en 1987, le programme Erasmus a permis à plus de 16 millions de jeunes d’étudier dans d’autres pays d’Europe, favorisant les échanges culturels et la construction d’une génération européenne ouverte et mobile.

Une universitaire visionnaire et engagée

La famille de Sofia Corradi a décrit l’universitaire comme une femme « d’une grande énergie et d’une grande générosité intellectuelle et émotionnelle ». Professeure de pédagogie à l’université Rome III, elle était surnommée “Mamma Erasmus” pour son rôle fondateur dans la création du dispositif.

Durant ses études, elle avait obtenu une prestigieuse bourse Fulbright qui l’avait conduite à l’université Columbia de New York, où elle décrocha une maîtrise en droit.

L’origine d’une idée qui a changé l’Europe

À son retour en Italie, son diplôme américain n’ayant pas été reconnu par le système éducatif national, elle décida de proposer un programme d’échange universitaire européen. Ce projet, devenu réalité en 1987, allait bouleverser durablement l’enseignement supérieur en Europe.

Depuis sa création, le programme Erasmus, soutenu et géré par l’Union européenne, favorise la coopération entre les universités et renforce les liens culturels et scientifiques entre les pays membres.

Une mission pacifiste et humaniste

Sofia Corradi expliquait en 2018 que l’idée du programme, née en pleine guerre froide, relevait de sa "mission pacifiste personnelle" : rapprocher les peuples par la connaissance et les échanges.

Chercheuse reconnue, elle mena également des travaux sur le droit à l’éducation pour la Commission des droits de l’homme des Nations unies, l’Académie de droit international de La Haye et la London School of Economics (LSE).

Hommages européens à une pionnière

Les hommages se sont multipliés à travers l’Europe. Le ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani lui a attribué « la naissance de la Génération Europe », soulignant qu’elle « a inspiré la vie de millions de jeunes qui ont voyagé, étudié et embrassé différentes cultures ».

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X « une femme qui avait rêvé d’une jeunesse européenne qui se rencontre et s’enrichit de ses différences ».
« Des millions d’étudiants lui doivent un morceau de vie et un horizon », a-t-il ajouté.

Le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a également réagi : « Des générations de jeunes Européens lui disent merci. »

SOURCE : LEMONDE