La formation continue des enseignants hors temps de classe : une réforme qui interroge

La volonté du ministère de l'Éducation nationale d'organiser la totalité de la formation continue des enseignants hors temps de classe suscite de nombreuses interrogations et critiques. Cette mesure, visant à limiter les absences devant les élèves, est loin de faire l’unanimité parmi les enseignants et leurs représentants syndicaux.
Une réforme contestée et partiellement atteinte
En 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, annonçait que 100 % des formations continues des enseignants se dérouleraient hors du temps de classe dès la rentrée 2024. Une mesure visant à réduire les heures de cours perdues par les élèves, estimées à 15 millions, dont la moitié imputable aux formations et autres formalités administratives.
Un an plus tard, l’objectif n’est pas atteint : selon Anne Genetet, actuelle ministre de l’Éducation nationale, seulement 70 % des formations se déroulent hors du temps de face-à-face pédagogique. Malgré cela, le ministère maintient son ambition de passer à 100 % d’ici 2024-2025.
Une surcharge de travail dénoncée
Les syndicats dénoncent une réforme qui alourdit considérablement la charge de travail des enseignants. Contrairement à certaines idées reçues, une étude du ministère a établi que les enseignants travaillent en moyenne 43 heures par semaine. Placer la formation en dehors des heures de classe — le soir, le mercredi après-midi, le week-end ou pendant les vacances — est perçu comme une méconnaissance des réalités du métier.
« Je ne sais pas s’il y a d’autres professions à qui l’on demande de se former à 19 heures », s’insurge Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. De plus, l'augmentation des formations en visioconférence, pourtant présentée comme une solution, est critiquée pour son caractère descendant, peu interactif, et son manque d’échange entre pairs, pourtant essentiel à l’enrichissement professionnel.
Des chiffres alarmants sur la formation continue
L’Éducation nationale accuse un retard considérable en matière de formation continue par rapport aux autres administrations. En 2022, un agent de l’Éducation nationale a suivi en moyenne 1,9 jour de formation, contre 9,1 jours pour les autres ministères. Ce déficit s’explique par des ambitions jugées limitées, des difficultés organisationnelles et un recueil des besoins peu efficace, selon la Cour des comptes.
De nombreux formateurs, découragés par la réforme, quittent leur poste. Certains refusent de proposer des formations hors temps scolaire, considérant que ces contraintes nuisent à leur mission principale : enrichir les pratiques pédagogiques des enseignants.
Une formation essentielle face aux défis croissants
Les critiques sur la réforme ne remettent pas en cause l’importance de la formation continue, bien au contraire. Dans un contexte où l’école doit relever de nouveaux défis — lutte contre le harcèlement, inclusion, laïcité, ou encore introduction de l’intelligence artificielle —, la formation des enseignants est cruciale.
« Quand on se forme, c’est pour revenir meilleur devant nos élèves », rappelle Sophie Vénétitay. Les changements fréquents de programmes, comme ceux à venir en mathématiques et en français, rendent ces formations d’autant plus nécessaires.
Une solution durable : recruter davantage de remplaçants
Pour permettre une formation efficace et accessible à tous, les syndicats appellent à un recrutement massif de remplaçants. « On demande de plus en plus de choses à l’école, mais sans fournir les moyens nécessaires », alerte Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU.
Le ministère affirme que la mesure a permis de réduire d’un million le nombre d’heures d’absence liées à la formation. Toutefois, cela s’explique aussi par une réduction des départs en formation faute de remplaçants.
Les enjeux pour l’avenir
Alors que les attentes envers le système éducatif ne cessent de croître, il devient impératif de garantir aux enseignants des conditions de formation adaptées. Sans cela, les professeurs risquent de se heurter à des difficultés croissantes pour répondre aux besoins des élèves dans un monde en mutation.
Chez Ekole, nous soutenons les initiatives visant à renforcer les compétences des enseignants tout en respectant leur équilibre de vie. Des solutions innovantes et collaboratives doivent être envisagées pour accompagner ces professionnels dans leur mission essentielle.

SOURCE : LIBÉRATION

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