Le certificat des arts libéraux va valoriser le cursus en prépa

Interview avec Vincenzo Vinzi, directeur général de l’Essec et président de la CDEFM
La conférence des écoles de management s’apprête à lancer un certificat des arts libéraux destiné aux étudiants ayant suivi un parcours en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Ce nouveau dispositif, élaboré en collaboration avec l’Association des professeurs des CPGE économiques (APHEC), sera remis dès cette année aux diplômés de Master 2 issus des écoles de management membres de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM). L’objectif est de reconnaître officiellement les compétences transversales acquises en prépa, telles que l’analyse critique, l’esprit de synthèse, la capacité à traiter l’information et la prise de décision, en matérialisant ainsi un continuum entre la formation en CPGE et le cursus en école de management.
Un dispositif de valorisation des compétences acquises en prépa
Le certificat vise à mettre en lumière les blocs de compétences développés durant la période préparatoire. Dans le système français, très spécifique avec ses CPGE, ce choix de reconnaissance apporte une visibilité appréciable aux étudiants qui, après avoir réussi les concours d’entrée, poursuivent leur cursus en école de management. Ce label valorise le parcours exigeant qu’ils ont suivi et permet, notamment pour ceux qui envisagent une carrière internationale, d’afficher un profil renforcé sur le marché du travail.
Un continuum entre la prépa et l’école de management
Interrogé sur la nécessité de délivrer ce certificat à la sortie de l’école plutôt qu’en fin de prépa, Vincenzo Vinzi explique qu’aucune épreuve supplémentaire ne sera imposée. La réussite aux concours d’entrée constitue déjà la validation des acquis en CPGE. Le certificat, remis à l’issue du parcours en école, matérialise la continuité de la formation sur un cycle de cinq ans. Ce dispositif ne cherche pas à reproduire exactement le contenu des classes préparatoires, mais bien à souligner que chaque étape – de la prépa à l’école – alimente la suivante, avec des objectifs pédagogiques adaptés à chaque niveau.
Une reconnaissance sans hiérarchisation des parcours
Le dispositif ne vise en aucun cas à dévaloriser les autres voies d’admission, telles que les admissions parallèles. Il s’agit plutôt d’un outil permettant aux employeurs de mieux comprendre la spécificité des compétences acquises par les étudiants issus des CPGE. Cette distinction offre un éclairage sur le parcours antérieur et le type de formation suivi, sans pour autant établir une hiérarchie entre les différents profils admis dans les écoles de management. La diversité des parcours reste ainsi encouragée, chaque voie ayant ses propres atouts.
Enjeux et défis pour l’apprentissage et la diversité sociale
La question de l’apprentissage dans les CPGE et la préoccupation quant à la baisse de la diversité sociale ne sont pas ignorées. Les coûts de scolarité élevés et les coupes budgétaires suscitent des inquiétudes au sein de l’enseignement. Des discussions sont en cours entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui du Travail afin d’instaurer des indicateurs de qualité pour garantir que les moyens alloués à l’apprentissage soient réservés aux formations reconnues par l’État. En parallèle, les entreprises qui accueillent ces étudiants ainsi que les fondations d’anciens élèves œuvrent pour compenser la diminution des financements publics en augmentant le nombre et le montant des bourses.
Un regard sur la place des filles en ECG et l’avenir des concours
L’entretien aborde également la problématique de la mixité en classes préparatoires, notamment en ECG (économique et commerciale voie générale), où l’on constate parfois un recul du nombre de filles. La prédominance des mathématiques dans les concours serait un facteur, bien que les chiffres varient selon les établissements. Vincenzo Vinzi insiste sur le fait qu’il serait préférable de redoubler d’efforts pour susciter l’intérêt des filles pour les mathématiques plutôt que de modifier les épreuves. La maîtrise du traitement des données est une compétence clé pour de nombreux métiers de demain, et il est essentiel que les filles aient les mêmes opportunités que leurs homologues masculins dans ces domaines d’avenir.
Diversification des profils et adaptations futures
Enfin, la question de la diversification des profils au sein des concours est évoquée. Certaines écoles, comme celles de la banque d’épreuve Ecricome (EM Strasbourg, MBS, Kedge, Neoma et Rennes School of Business), ont déjà mis en place un concours spécifique pour les étudiants issus de prépas scientifiques. D’autres établissements réfléchissent à des modalités pour accueillir une plus grande diversité de profils. Le débat reste ouvert et l’intérêt de ces adaptations dépendra de la demande et des modalités pratiques qui pourraient être mises en œuvre.
En somme, le lancement du certificat des arts libéraux représente une initiative ambitieuse qui vise à valoriser un parcours exigeant tout en renforçant le lien entre la formation en CPGE et le cursus en école de management. Ce dispositif, en reconnaissant des compétences essentielles, promet d’apporter une valeur ajoutée aux étudiants et de répondre aux défis d’un marché du travail de plus en plus compétitif et international.

SOURCE : CHALLENGES

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