Le diplôme est encore plus déterminant pour les jeunes en situation de handicap

Un parcours social plus difficile, malgré l’origine
Les jeunes en situation de handicap rencontrent davantage de difficultés pour atteindre une position sociale élevée que leurs pairs valides, peu importe leur origine sociale. C’est ce que révèle une note conjointe du Haut commissariat au plan (HCP) et de France Stratégie, publiée le 22 mai 2025. Clément Beaune, Haut commissaire au plan et à la stratégie, souligne l’importance de la scolarisation dans cette inégalité : le diplôme joue un rôle encore plus central pour les jeunes handicapés.
À la rentrée universitaire 2022-2023, ces jeunes ne représentaient que 2 % de l’ensemble des étudiants, un chiffre en hausse depuis la loi du 11 février 2005 qui a favorisé leur inclusion.
L’ascension sociale freinée par le handicap
"À âge, sexe et année d’enquête identiques, accéder au haut de l’échelle sociale reste significativement plus difficile pour les jeunes handicapés", indique la note du HCP. Le frein principal ne réside pas dans l’origine sociale mais bien dans le parcours scolaire.
En 2017-2018, seuls 11 % des jeunes handicapés de 16 ans suivaient une formation générale ou technologique, contre 61 % pour l’ensemble des jeunes du même âge. Par conséquent, la poursuite d’études après le secondaire demeure rare. Pourtant, leur présence progresse dans l’enseignement supérieur : de 7 500 en 2004, ils étaient 59 000 en 2022.
Un accès limité aux diplômes les plus élevés
La note précise que peu d’élèves handicapés empruntent la voie générale menant à l’université. Ceux qui y accèdent optent souvent pour des filières courtes, dans des disciplines perçues comme moins sélectives (langues, humanités). À la rentrée 2022-2023, 83 % des étudiants handicapés étaient inscrits à l’université, mais ils ne représentaient que 0,3 % des effectifs en CPGE, contre 3 % pour l’ensemble des étudiants.
De plus, les jeunes en situation de handicap ont 1,7 fois plus de risque de sortir sans diplôme de l’enseignement supérieur que leurs homologues valides.
Clément Beaune insiste : "Le diplôme est encore plus déterminant pour les jeunes avec un handicap". En détenir un permettrait de multiplier par 16 les chances d’accéder à une fonction de cadre ou à une profession intermédiaire, contre une multiplication par 8 pour les jeunes valides.
L’origine sociale n’annule pas l’effet du handicap
Être issu d’un milieu social favorisé ne suffit pas à compenser les obstacles liés au handicap. L’effet positif généralement observé chez les enfants de classes supérieures est moindre lorsqu’ils sont en situation de handicap.
L’écart de diplôme est de 17,5 % entre jeunes favorisés avec et sans handicap, contre 4,5 % entre jeunes défavorisés valides et handicapés. Chez les jeunes défavorisés avec un handicap, le risque d’échec scolaire est encore plus élevé : 33 % sortent sans diplôme, contre 16 % pour leurs homologues valides.
Ainsi, le handicap multiplie par 3,7 le risque d’exclusion scolaire pour un jeune favorisé, contre 2,1 pour un jeune défavorisé. L’origine sociale ne suffit donc pas à protéger contre l’exclusion éducative ou professionnelle.
Des choix d’orientation limités et contraints
La note met en évidence que les jeunes handicapés sont souvent confrontés à des choix de formation restreints. Une enquête menée par l’Ifop en 2022 montre que 34 % des jeunes handicapés de 15 à 30 ans ont renoncé à une orientation par manque de confiance en leur réussite, contre 18 % dans l’ensemble des jeunes interrogés.
Cette perte de confiance engendre des choix d’études moins ambitieux. S’ajoutent à cela des contraintes matérielles : supports de cours peu adaptés, aménagements d’examens insuffisants… Selon l’enquête Ifop, 36 % des jeunes handicapés se sont réorientés faute de conditions compatibles avec leur situation. Ils peuvent aussi être dissuadés par leur entourage d’intégrer certains cursus ou métiers.
Poursuivre et renforcer la dynamique de la loi de 2005
Clément Beaune rappelle que cette étude ne concerne pas la génération ayant bénéficié pleinement de la loi du 11 février 2005, qui a triplé la scolarisation en milieu ordinaire. Il reste optimiste quant à l’avenir, considérant que cette politique peut faire évoluer la situation.
La note souligne que la loi a permis une forte progression de la scolarisation inclusive, notamment dans le primaire et le secondaire. Pour Clément Beaune, il faut désormais poursuivre et amplifier cette dynamique, en s’intéressant aussi à l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap. Cela passe par une meilleure accessibilité, la lutte contre les discriminations, des évaluations justes, et la limitation de l’auto-censure.

SOURCE : AEF INFO

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