Le Synofdes et les Urof unissent leurs forces au sein d'une conférence permanente des organismes de formation

Les assemblées générales du Synofdes et de la Fédération nationale des Urof ont validé, le lundi 28 octobre 2024, la création d’une "conférence permanente des organismes de formation". Cette nouvelle structure a pour objectif de porter politiquement leur vision d’une formation professionnelle plus émancipatrice et moins axée sur l'adéquationnisme que ce qui est actuellement en place dans l'écosystème. Avec cette initiative, qui sera ouverte à d’autres organisations partageant leur philosophie et qui sera déclinée territorialement, les deux structures espèrent influencer les futurs débats politiques. Jeanine Chapot, présidente de la Fédération nationale des Urof, Philippe Genin et Muriel Pecassou, respectivement président et vice-présidente déléguée du Synofdes, détaillent pour AEF info la philosophie et les objectifs de cette initiative.
Une ouverture vers d'autres organisations
AEF info : Les assemblées générales du Synofdes et des Urof ont validé le principe d’un rapprochement de vos structures. Quelle forme cela va-t-il prendre ?
Philippe Genin : Les Urof et le Synofdes sont historiquement très liés, les Urof ayant contribué à la création du Synofdes en 2007. Aujourd'hui, il est nécessaire de mutualiser nos forces pour être plus visibles et mieux entendus, en participant ensemble à des rencontres, auditions, et prises de position. Nous sommes au début de la réflexion sur la méthodologie de collaboration entre nos organisations, en évitant l'entre-soi.
Construire une conférence permanente
AEF info : L'idée est donc d'élargir votre initiative ?
Jeanine Chapot : Oui, c'est l'objectif. Depuis 2017, le Synofdes est représentatif, tandis que la Fédération nationale des Urof s'est repositionnée comme un incubateur de pratiques pédagogiques et organisationnelles. Nous avons reçu le mandat de créer une "conférence permanente des organismes de formation", en intégrant au départ le Synofdes, les Urof et notre réseau. À terme, nous souhaitons ouvrir cette structure à d’autres réseaux et organisations partageant notre vision de la formation professionnelle et de ses enjeux sociétaux. Nous avons une fenêtre de deux ans pour démontrer que les organismes de formation sont des acteurs essentiels. Il est crucial que la formation professionnelle continue d'avoir un impact.
Une déclinaison régionale
Muriel Pecassou : Nous prévoyons également de décliner notre initiative au niveau territorial. Il est important d'avoir la même dynamique pour porter une voix politique au niveau régional.
Vision de la formation professionnelle
AEF info : Quelle vision de la formation professionnelle défendez-vous ?
Muriel Pecassou : Nous voulons affiner notre approche, mais notre souhait est d'ouvrir notre initiative à d'autres acteurs partageant notre philosophie. Nous croyons en la formation tout au long de la vie et dans une approche émancipatrice. Actuellement, la formation se limite souvent à répondre aux besoins immédiats des entreprises, dans des délais très courts, ce qui n'est pas satisfaisant. Nous partons de l'individu et cherchons à lui fournir des outils pour faire des choix éclairés. Certains ont besoin de temps pour construire de véritables parcours professionnels. Il y a quelques années, il était question de donner aux individus la liberté de choisir leur avenir professionnel, et nous sommes en phase avec cette vision.
Jeanine Chapot : Cela ne signifie pas que nous ignorons la nécessité de répondre aux besoins des entreprises et de l'économie. Toutefois, la formation ne doit pas se limiter à cette seule approche.
Philippe Genin : Chacun doit avoir la liberté de se former dans des métiers qui ne sont pas forcément porteurs localement. Malheureusement, l'adéquationnisme dominant tend à restreindre les formations aux seuls besoins locaux, ce qui ne peut pas être la seule finalité de la formation professionnelle. Le public doit rester au cœur de notre réflexion, et il est essentiel que nos opérateurs existent et se développent.
Un projet à long terme
Muriel Pecassou : Nous portons des visions à long terme pour la société, car nous croyons que nous participons à sa transformation. Depuis quelques années, les visions se succèdent rapidement, passant d'une focalisation sur la qualification à une attention exclusive sur l'emploi et les entreprises. Il est crucial de reconnaître que la formation est intégralement liée à la transformation de la société et qu'elle doit être abordée sur une perspective à long terme.
Objectifs de la conférence permanente
AEF info : Quel est l'objectif de cette conférence permanente des organismes de formation ?
Jeanine Chapot : La conférence permanente vise à s'ouvrir largement à d'autres réseaux et à organiser des auditions pour alimenter ses positions. Cette structure doit représenter à la fois une voix politique et une dynamique d'action. Une parole politique sans fondement est vide de sens.
Philippe Genin : Nous voulons établir une parole politique qui soit également opérationnelle, avec des propositions concrètes. Il est essentiel de construire collectivement pour que notre discours ait du poids auprès des politiques, des financeurs et des acteurs de terrain. Nous sommes encore au début de notre démarche et nous devons continuer à la préciser.
Prochaines étapes
AEF info : Quelles sont les prochaines étapes que vous envisagez ?
Philippe Genin : Nos assemblées générales nous ont donné mandat pour avancer. Il est maintenant crucial que nos instances se réunissent pour formaliser la conférence permanente et définir notre méthodologie de travail. Nous avons une fenêtre de deux ans pour agir, mais il est important d'agir rapidement.
Jeanine Chapot : Notre objectif est de mettre en place la conférence permanente d’ici la fin de l'année, afin d'être opérationnels au début de l'année 2025. Si nous pouvons accélérer la formalisation de l'organisation et de la méthodologie, nous le ferons.
Pourquoi créer une "conférence permanente des organismes de formation" ?
AEF info : Pourquoi avoir choisi de créer cette conférence, alors que la FFP s'est transformée en "acteurs de la compétence" ?
Jeanine Chapot : Nous voulons faire passer le message que la formation ne se résume pas à l'accès à la certification. Cela ne veut pas dire que la formation ne peut pas conduire à la certification, mais elle ne doit pas se limiter à cela. Sa finalité est plus large.
Philippe Genin : La formation englobe tout un processus qui peut inclure la certification et l'insertion, mais elle ne se limite jamais à ces aspects. Elle doit considérer toutes ces dimensions simultanément.
Muriel Pecassou : Nous ne souhaitons pas opposer formation et certification. Nous faisons de la certification, qui est importante, notamment pour les compétences comportementales, car il existe aussi des compétences non professionnelles dans les certifications.

SOURCE : AEF INFO

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