February 2025

L’école inclusive nécessite une transformation pédagogique

La structure actuelle de l’éducation nationale ne permet pas un accueil pleinement efficace des enfants en situation de handicap, estime Alexandre Ployé, enseignant-chercheur spécialisé en inclusion scolaire, dans un entretien accordé au Monde.

Une évolution significative mais encore limitée

Alexandre Ployé, professeur en sciences de l’éducation à CY Cergy Paris Université, met en lumière les paradoxes liés à l’intégration des élèves en situation de handicap dans le système éducatif français. Si des progrès considérables ont été réalisés, notamment depuis la loi de 2005, des obstacles structurels persistent.

Une loi fondatrice mais perfectible

Le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en classe ordinaire est passé de 134 000 en 2004 à près de 500 000 aujourd’hui. Cette évolution a été largement impulsée par la loi de 2005, qui, bien que n’utilisant pas encore le terme « inclusion » (apparu officiellement en 2009), a marqué une avancée déterminante. Son objectif principal est de favoriser la scolarité la plus ordinaire possible pour tous les élèves, indépendamment de leur situation.

Au-delà des aspects législatifs, cette loi a aussi contribué à modifier les perceptions. Autrefois, certains enseignants considéraient que la prise en charge des élèves en situation de handicap ne relevait pas de leur mission. Aujourd’hui, il semble inconcevable de refuser une place à ces élèves au sein du système éducatif. Il s’agit là d’une avancée éthique et philosophique majeure.

Des défis encore présents

Toutefois, si l’évolution des mentalités est indéniable, la mise en œuvre concrète de l’inclusion scolaire se heurte encore à de nombreuses limites. Manque de formation des enseignants, moyens humains et matériels insuffisants, dispositifs d’accompagnement inadaptés : autant de freins qui ralentissent le plein déploiement de cette politique inclusive.

Pour qu’elle devienne une réalité à la hauteur des ambitions affichées, une refonte en profondeur du modèle éducatif est nécessaire. L’inclusion scolaire ne doit pas être une contrainte subie, mais une transformation pensée et accompagnée pour garantir à chaque enfant un apprentissage adapté et épanouissant.