Les chefs d’établissement déplorent leur manque d’écoute

Une pression croissante sur les chefs d’établissement
"Le dispositif RCD, au sens du ministère, cela consiste à boucher les trous", déplore Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, dans une interview à AEF info le 26 mai 2025. À l’issue du congrès national de son syndicat, le proviseur dénonce une pression croissante sur les chefs d’établissement pour organiser les remplacements. Il déplore également l’accumulation des tâches et un manque d’autonomie des EPLE, alors que de nouvelles mesures doivent être mises en œuvre à la rentrée, notamment sur la sécurité, les écrans, ou encore l’égalité filles-garçons dans les filières scientifiques. Il critique un manque de concertation en amont des réformes : "le MENESR ne cesse de faire valoir l’importance de notre travail, mais en réalité nous sommes plutôt considérés comme un service déconcentré, comme de simples exécutants."
Trop de tâches, pas assez de moyens
Il constate une accumulation constante des tâches confiées aux directions, sans allègement d’autres missions ni personnel supplémentaire. Par exemple, à la suite de l’affaire Bétharram, le plan "Brisons le silence" se traduit pour les chefs d’établissement par une nouvelle charge de travail liée à la généralisation des questionnaires. "Cela ne veut pas dire que ce n’est pas pertinent, mais c’est du travail en plus. Qui fait ça ? Avec quelles compétences ? Ce sont les chefs d’établissement. Le sentiment, c’est : faites, faites, faites."
Le dispositif RCD critiqué pour son manque de fiabilité
Sur le sujet des RCD, Bruno Bobkiewicz dénonce une pression excessive et l’exploitation de données erronées. Un professeur remplacé hors du créneau horaire initialement prévu ne sera pas comptabilisé comme remplacé, ce qui rend les statistiques peu fiables. Il insiste : "au lycée, cela n’a pas de sens, l’essentiel est que le taux d’exposition à la matière soit stabilisé." Il rappelle que seulement 4 % des cours ne sont pas assurés via des remplacements courts, et que les parents s'inquiètent surtout des absences longues non remplacées.
Une mise sous pression injustifiée des établissements
Le système SI-RCD se focalise sur la responsabilité du chef d’établissement, pointant les 4 % de cours non assurés. Cela revient à culpabiliser les directions au lieu d'agir sur les causes structurelles. Il regrette aussi l’absence des chefs dans les discussions techniques sur les exports de données : "nous avons une grande responsabilité sur la gestion ou la propriété des données." Il souligne la contradiction entre les discours du MENESR et la réalité du terrain.
Recrutement des enseignants : des changements attendus
Bruno Bobkiewicz se montre favorable à la réforme du recrutement, qui ramène le niveau à la licence avec une formation renforcée. Mais il souligne la complexité actuelle : trois statuts de stagiaires coexistent, ce qui rend la gestion difficile. La stabilité du système est essentielle pour améliorer le recrutement.
Groupes de besoin : une réforme précipitée
Sur les groupes de besoin au collège, il salue la clarification apportée par Élisabeth Borne, notamment l’abandon d’une généralisation en 4e et 3e. Il déplore néanmoins une mise en œuvre précipitée : "si l’on avait responsabilisé les établissements en leur laissant le temps, […] nous aurions pu gagner beaucoup d’énergie."
Pause numérique : un consensus partiel
Concernant la pause numérique, Bruno Bobkiewicz estime qu’imposer les casiers dans tous les collèges est irréaliste. Le vrai enjeu réside dans l’usage numérique hors du temps scolaire, notamment le soir et le week-end, y compris via les ENT. Il soutient l’idée de suspendre certains services numériques pour permettre une véritable déconnexion.
Sensibiliser aux biais de genre : un manque de concertation
À propos du plan "Maths et filles", il regrette l'absence de concertation avec les directions pour organiser la sensibilisation aux biais de genre. Il rappelle que d’autres plans de formation ont été annoncés dans le passé, sans aboutir. Il reconnaît toutefois la nécessité d'agir : "la volonté de poursuite d’études des filles vers les domaines scientifiques est à interroger."
Sécurité : des annonces politiques sous pression
Sur les mesures de sécurité, notamment le port d’armes blanches, il appelle à ne pas légiférer dans la précipitation. "Il faut analyser et prendre le temps de la réflexion pour prendre des décisions qui ne relèvent pas de la communication au grand public mais de l’efficience éducative." Il plaide pour la confiance aux équipes éducatives dans la gestion des situations.
Enfance et périscolaire : un rôle renforcé des cités éducatives
Bruno Bobkiewicz soutient une approche globale autour du rythme de l’enfant. Il souligne le recul de l’éducation populaire dans certains quartiers, et l’intérêt du modèle des cités éducatives, qui permet aux établissements de mieux articuler actions pédagogiques et tissu associatif… à condition d’avoir les moyens humains pour le faire.
La feuille de route du SNPDEN-Unsa
Pour les deux années à venir, le SNPDEN-Unsa entend peser dans le débat présidentiel, en défendant sa vision de l’école. Les priorités restent l’amélioration des conditions de travail, la mixité sociale et scolaire, l’équilibre public-privé, ainsi que l’accompagnement des élèves fragiles.

SOURCE : AEF INFO

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