Les défis des universités pour séduire les étudiants étrangers

Les universités françaises doivent relever de nombreux défis pour continuer à attirer les étudiants internationaux. Dans un contexte de concurrence mondiale accrue, des leviers existent pour améliorer l’attractivité de l’enseignement supérieur français, avec des enjeux économiques considérables.
Une progression freinée malgré des chiffres en hausse
Entre 2017 et 2022, le nombre d’étudiants étrangers en France a progressé de 21 %, selon Campus France. En 2023-2024, 430.000 étudiants internationaux étaient présents dans l’Hexagone. Un bilan contrasté cependant, puisque la France a rétrogradé de la 5e à la 7e place des pays d’accueil.
Cette baisse de position s'explique en grande partie par la montée en puissance d'autres pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui voient leur nombre d’étudiants étrangers croître rapidement.
Une offre de formation encore peu lisible et peu adaptée
La langue reste un obstacle majeur. Pierre-Yves Anglès, directeur de la formation à l’université PSL, estime que l’offre en anglais est encore insuffisante. Les cours magistraux peuvent également dérouter les étudiants internationaux, plus habitués à une pédagogie par petits groupes et orientée projets.
L’autre difficulté réside dans la complexité du système éducatif français, avec une multitude de parcours : classes préparatoires, licences, grandes écoles, diplômes d’établissement… Cette organisation demeure difficilement compréhensible depuis l’étranger.
Un accueil global encore à renforcer
Les attentes des étudiants vont au-delà du contenu pédagogique. Logement, vie de campus et accompagnement sont essentiels pour rassurer les futurs expatriés. Or, ces aspects sont encore difficiles à garantir, notamment à Paris.
Face à cela, certaines universités mettent en place des "welcome desks" pour faciliter l’accueil et répondre aux besoins spécifiques des étudiants internationaux dès leur arrivée.
La recherche comme facteur d’attractivité
À l’université PSL, 24 % des étudiants sont internationaux, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale. Ce ratio est particulièrement élevé en doctorat (40 %), contre 10 % en licence. Cela s’explique par l’orientation recherche de certaines formations, qui répond mieux aux standards internationaux.
Les classements jouent également un rôle important dans les décisions des étudiants, en particulier ceux venant de pays hors Union européenne.
Le développement d’écoles à vocation internationale
Les doubles diplômes avec des partenaires étrangers représentent un autre levier pour séduire. PSL, par exemple, développe cette stratégie pour le master et le doctorat, et envisage de l'étendre au premier cycle.
Deux nouvelles structures verront bientôt le jour : la "School of AI" et la "School of Engineering", prévues respectivement pour 2025 et 2026. Ces écoles ambitionnent d’attirer un grand nombre d’étudiants internationaux.
Des formations pensées dès la conception pour les étudiants étrangers
L’université Le Havre Normandie développe également une offre ciblée. Elle a mis en place des DU centrés sur la culture française, comme "French Humanities" et "Art, Culture and Heritage", pour accueillir les étudiants en mobilité courte.
Elle propose également un master en anglais et s’est fixée pour objectif d’atteindre 25 % d’enseignements en anglais d’ici 2030. Son alliance européenne Ingenium favorisera aussi les doubles diplômes et les mobilités.
Un atout académique, culturel et financier
Accueillir des étudiants internationaux bénéficie à l’ensemble de la communauté universitaire. Cela favorise l’anglais dans les enseignements et enrichit les échanges culturels.
De plus, ces étudiants compensent la baisse d’inscriptions dans certaines filières, notamment scientifiques. Financièrement, bien que les frais d’inscription soient plus élevés pour les étudiants extracommunautaires, nombre d’universités choisissent d’exonérer une partie d’entre eux.
Une stratégie ciblée et non systématique
Pour autant, cette ouverture internationale ne s’applique pas à toutes les formations. En droit, par exemple, elle n’a pas toujours de pertinence. Selon Pierre-Yves Anglès, l’internationalisation ne doit pas être une fin en soi, mais une démarche adaptée selon les filières.
Une priorité politique réaffirmée
La visite du ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, à l’Institut Cochin le 4 juillet, illustre la volonté politique d’accroître l’accueil des étudiants internationaux. Il a souligné l’importance d’attirer les meilleurs talents, de privilégier les domaines stratégiques et d’assurer de bonnes conditions d’accueil, dans un contexte où un étudiant étranger sur deux est en situation de précarité.

SOURCE : Letudiant.fr

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