Les diplômes ont-ils toujours la même valeur ?

Une remise en question du lien entre diplôme et emploi
Dans un article publié le 8 avril 2025 sur The Conversation, la sociologue Marie Duru-Bellat (Centre de recherche sur les inégalités sociales, Sciences Po) interroge la valeur actuelle des diplômes. Elle y évoque le "décalage important entre l’élévation spectaculaire des niveaux de formation" et une croissance "moins marquée" du niveau de qualification des emplois, un déséquilibre qui "ébranle la validité de la relation entre diplôme et emploi".
L’auteure estime que la "valeur marchande" d’un diplôme tend à diminuer à mesure que celui-ci devient plus répandu, sans que l’offre d’emplois qualifiés ne suive le même rythme.
Des diplômes plus nombreux, mais moins déterminants
Elle souligne également que "moins de la moitié des étudiants s’insèrent dans leur domaine de formation" et que, dans la population active, "seulement un tiers des personnes exerce un métier en lien avec la formation suivie". Le niveau de diplôme a cependant fortement progressé, y compris dans des catégories socioprofessionnelles dites "non qualifiées", comme chez les ouvriers, où le pourcentage de titulaires d’un baccalauréat est passé de 0 à 23 % en 30 ans.
Dans ce contexte, les diplômes ne suffisent plus à eux seuls à garantir l’accès à un emploi en lien direct avec la formation reçue, ce qui "effrite la confiance" que la société leur accorde.
Un signal social plus qu’une preuve de compétence ?
Compétence technique ou simple signal social ?
Si les diplômes conservent leur intérêt en matière d’emploi — le taux de chômage diminuant globalement avec le niveau d’études —, ils ne garantissent pas pour autant une adéquation avec les compétences réellement attendues. L’auteure interroge ce que certifie véritablement un diplôme : une compétence technique ? Un "capital humain" ? Ou plutôt un ensemble de qualités personnelles comme la motivation ou le dynamisme, aujourd’hui souvent désignées sous l’étiquette de "soft skills" ?
Elle note qu’"à mesure que les diplômes se généralisent", les employeurs cherchent à distinguer les candidats par d’autres critères, notamment des aptitudes spécifiques à certaines situations professionnelles. Cela rend "plus floue" l’équivalence supposée entre diplôme et qualification.
La valeur symbolique du diplôme n’est pas neutre
Au-delà de sa valeur économique, le diplôme conserve une forte dimension symbolique. Sa reconnaissance dépend également de facteurs extérieurs comme l’origine sociale ou le genre. Ainsi, "les jeunes filles diplômées dans des domaines perçus comme masculins" rencontrent davantage d’obstacles à faire reconnaître leur compétence. Pour Marie Duru-Bellat, cela montre que la valeur d’un diplôme repose en partie sur "la valeur supposée du diplômé" plutôt que sur une mesure objective de ses aptitudes.
Face à cette "course aux diplômes", l’auteure plaide pour relativiser leur importance, sans pour autant les abandonner. Elle salue notamment le développement des formations continues et des apprentissages sur le tas, qui remettent en question l’idée d’un diplôme censé certifier une qualification valable à vie.

SOURCE : AEFINFO

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