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ÉDUCATION
10
April 2025

Les jeunes refusent de choisir une seule voie possible

Les aspirations des jeunes grandes écoles au cœur du congrès UGEI

Quelles sont les aspirations des jeunes des grandes écoles ? Telle était la question au cœur d’une table ronde organisée lors du congrès de l’UGEI à Lyon les 26 et 27 mars 2025. Pour Tawhid Chtioui, président-fondateur d’Aivancity, les jeunes d’aujourd’hui "ne rejettent pas la stabilité, ils rejettent l’idée qu’il faille choisir une seule voie. Ils refusent qu’on les mette dans une case". Marine Hadengue, PDG de la fondation Higher education for good, explique que "l’individualisme poussé à son extrême nuit aux jeunes" et milite pour que les écoles créent des "moments d’interaction sociale".

Durant deux jours, les membres de l’UGEI ont débattu des enjeux qui attendent le secteur de la formation en vue des prochaines évolutions démographiques, lors du congrès de l’union les 26 et 27 mars 2025 à Lyon, sur les campus de l’Itech et de l’Esmod. S’ils ont évoqué les bouleversements de leurs modèles économiques (lire sur AEF info), ils se sont également interrogés sur les aspirations des jeunes dans leurs établissements lors d’une table ronde.

Une enquête mondiale révèle les préoccupations des jeunes

Marine Hadengue, PDG de la fondation Higher education for good fondée par Skema Business school, a mené avec ses équipes une consultation mondiale intitulée "Youth Talks" dans laquelle des jeunes de 15 à 29 ans, dans le monde, ont répondu à des questions ouvertes sur la jeunesse. "Nous leur avons demandé ce à quoi ils aspiraient. Au total, 50 000 jeunes ont partagé avec nous plus d’un million d’idées", retrace-t-elle. L’un des points importants soulevés par l’étude est la santé mentale chez les jeunes des pays occidentaux. Ainsi, 56 % des jeunes interrogés sont en détresse psychologique. "L’OMS considère que c’est la troisième cause de mortalité chez les 15-29 ans", commente-t-elle.

Favoriser les interactions sociales

Marine Hadengue explique ce chiffre par le fait que les familles, les communautés, les religions sont "éclatées" à cause de la mondialisation. "Il n’y a plus ce socle familial, tout a été détruit. Or l’individualisme poussé à son extrême nuit aux jeunes. Une étude d’Harvard montre que la clé du bonheur pour le genre humain, ce sont les interactions sociales de qualité. C’est comme ça qu’on est heureux à la fin de journée", défend-elle.

Lorsque ses équipes ont demandé aux interrogés : "qu’est-ce que vous voulez apprendre au sein de vos écoles ?", les jeunes ont répondu en grande partie qu’ils voulaient réapprendre à interagir avec les autres en tant qu’humains. "Notre rôle se transforme, maintenant nous devons les aider à développer ces moments d’interaction sociale, ce sont des soft skills", martèle Marine Hadengue.

Interdire les téléphones pour recréer du lien ?

La spécialiste milite d’ailleurs pour que les téléphones soient interdits dans les écoles car elle estime que les jeunes sont trop stimulés par les écrans et assaillis d’information 24 heures sur 24. "Ils râleront quelques jours mais ensuite ils seront reconnaissants. Il faut créer davantage d’espaces d’interactions sociales dans les établissements."

À l’inverse, Julien Leterrier, étudiant à l’ICN et président du BNEM, pense que "les jeunes n’iront pas dans un campus sans téléphone", mais que des choses "peuvent être mises en place en contrepartie". "Vous pourriez demander à vos BDE d’interdire les téléphones dans leurs soirées pour favoriser les interactions humaines", illustre-t-il.

Une jeunesse en quête de liberté et de sens

Pour Tawhid Chtioui, ancien DG de l’EM Lyon et président-fondateur de l’école Aivancity, il faut déjà se demander de quelle génération il est question. "Parlons-nous de la génération Y, Z ou bien de l’alpha ? Ce sont trois générations qui ont déjà un point commun, c’est qu’elles sont victimes d’idées reçues", déplore-t-il.

Les nouvelles générations rejettent le travail ? Absolument pas selon Tawhid Chtioui. "Elles rejettent un travail qui ne correspond pas à leur vision du monde, qui n’inclut pas l’impact social ou la RSE par exemple", explique-t-il. D’après lui, les jeunes sont "en quête permanente pour trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Ils veulent plus de flexibilité, plus de télétravail, plus d’autonomie. Surtout, ils ne rejettent pas la stabilité, ils rejettent l’idée qu’il faille choisir une seule voie. Ils refusent qu’on les mette dans une case. C’est une génération freelance, le CDI ne correspond pas du tout à leurs attentes".

Jean-Christophe Hauguel, modérateur de la table ronde et directeur général de l’ISC Paris, abonde dans le sens de Tawhid Chtioui. Depuis trois ans, son école réalise le baromètre du bonheur avec le cabinet d’étude BVA Xsight (lire sur AEF info). "Quand on leur demande quel est leur job de rêve, 29 % des jeunes répondent qu’ils veulent devenir entrepreneur. Il y a trois ans, c’était 26 %. On a une jeunesse qui est entrepreneuriale", expose-t-il.

Intégrer les jeunes à la gouvernance scolaire

Julien Leterrier salue l’étude de Marine Hadengue. "Au-delà de ces chiffres, ce qu’il faut retenir, c’est que dans cette enquête les jeunes ont été écoutés. Ce qu’a fait Youth Talks au niveau international, on peut le faire au niveau local. Nous voulons que les écoles mettent en place des systèmes de gouvernance avec les jeunes, ne serait-ce qu’à titre consultatif". En guise d’exemple, il cite le Sénat étudiant instauré par Excelia ou d’autres écoles qui ont fait des Comex consultatifs où les jeunes se sont impliqués.

Pour l’étudiant en management, "les jeunes veulent de moins en moins apprendre des compétences techniques et davantage développer des compétences interpersonnelles". Il développe : "Ce sont des compétences pour nous, qui ne nous serviront peut-être pas dans le monde de l’entreprise, mais on en a besoin. Des compétences pour grandir en tant que personne et en tant que citoyen."

Réinventer le rôle des enseignants

Marine Hadengue estime qu'"il y a un paradigme de fond qui dérange la jeunesse" dans les enseignements délivrés par les établissements. Pour la spécialiste, les écoles devraient enseigner "le management, la finance, le marketing avec une vision qui n’est pas le profit d’une certaine partie de la population mais le bien-être et la dignité de l’ensemble de la population".

Tawhid Chtioui affirme quant à lui que les jeunes rejettent le modèle d’éducation "classique". "Ces nouvelles générations veulent apprendre à expérimenter, à explorer. Elles veulent être coachées et apprendre tout au long de leur vie. Il faut repenser nos modèles pédagogiques et les modalités d’accueil des nouveaux diplômés dans les entreprises", insiste-t-il, en rappelant que son école Aivancity garantit la mise à jour à vie de ses diplômes. Marine Hadengue acquiesce : "Le professeur ne peut plus être en avant et pousser la connaissance en unidirectionnel. Il doit accepter d’être au milieu de la classe. On vous demande d’être coach, d’avoir cet esprit critique."

SOURCE : AEFINFO

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