Les universités s'emparent des enjeux de transition écologique pour leur pilotage

Alors que le changement climatique devient un enjeu incontournable, les universités intègrent les questions écologiques dans leur gouvernance pour impliquer étudiants et personnels. Elles privilégient l'idée d'universités démonstratrices à celle d'exemplarité, qui peut sembler intimidante.
"Le rôle des universités dans la crise du changement climatique est plus qu'un engagement, c'est une responsabilité", écrit Jeanick Brisswalter dans une tribune publiée le 30 juin dans Nice-Matin. Le président de l'université Côte d'Azur affirme que sur les enjeux de transition écologique, "les universités doivent montrer l'exemple".
Un ADN lié à la responsabilité
Pour Mathias Bernard, président de la Commission Transitions écologique et sociétale de France Universités, "s'emparer de ces enjeux, c'est dans l'ADN de nos établissements universitaires. C'est lié à nos missions de formation et de recherche : comment préparer les futurs professionnels et citoyens sans prendre en compte ces questions ?" souligne le président de l'université Clermont Auvergne.
Une vice-présidence dédiée à la transition écologique
Les enjeux de transition écologique ne se limitent pas seulement à la formation, à la recherche et aux problématiques immobilières ; ils trouvent également leur place dans la gouvernance des universités. "En tant qu'institution, c'est un de nos devoirs", estime Guillain Mauviel, vice-président de la transition écologique à l'université de Lorraine.
Dans son établissement, la RSE est également confiée à la présidente de l'université de Lorraine, car "il s'agit d'un sujet global nécessitant une vision d'ensemble".
En tant que vice-président transition écologique, Guillain Mauviel peut s'appuyer sur une délégation spécifique chargée d'interagir avec l'ensemble des directions centrales "pour intégrer ces enjeux dans toutes nos actions. Par exemple, la réduction de notre impact carbone concerne les mobilités internes et externes, ainsi que la politique d'achats".
Un travail transversal à mener
Il ne s'agit pas de limiter ces questions à une vice-présidence dédiée. "Un vrai travail transversal doit être réalisé entre tous les acteurs de l'université, des étudiants aux enseignants, en passant par les Biatss [les personnels non-enseignants du supérieur, NDLR], les laboratoires et le Crous", illustre Mathias Bernard. Cela correspond à l'objectif des schémas de DD&RS, que les établissements élaborent et s'apprêtent à voter.
Une gouvernance participative
Au sein de l'université de Bretagne Occidentale (UBO), "nous avons repensé une gouvernance plus efficace et participative", explique Yves Quéré, vice-président transition écologique. Ce travail se déroule à plusieurs niveaux.
"Dans un premier temps, il est crucial de partager informations et données pour les rendre accessibles à tous. Ensuite, il faut encourager le débat, en créant des outils pour une représentativité maximale." Le dernier échelon, et non des moindres, consiste à "déployer et implanter nos actions sur les sites et composantes".
Écouter les étudiants et le personnel
Pour concrétiser ce travail à toutes les échelles, l'UBO a lancé en 2021 son dispositif de campus innovant et durable.
Via un appel à projets, les acteurs de l'université peuvent soumettre leurs idées, et les projets retenus bénéficient d'un accompagnement pour leur mise en œuvre. "L'objectif est de rendre concrètes des idées collectives", explique Yves Quéré.
En trois éditions, plusieurs projets ont vu le jour, comme la création d'un mur végétal pour favoriser la biodiversité sur le campus, ou encore un système de récupération des déchets plastiques dans un laboratoire, une initiative issue des personnels, qui a depuis été étendue à la faculté de médecine.
L'importance de la jeunesse
Mathias Bernard souligne la nécessité d'écouter les étudiants. "La jeunesse peut être un de nos aiguillons, car elle est très sensible à ces enjeux, d'où l'importance de l'impliquer dans nos démarches collectives."
Pour éviter des consignes imposées, l'université de Lorraine a désigné des correspondants écologie dans chaque composante. "Ils collaborent avec la vice-présidence, et chaque année, un séminaire est organisé, explique Guillain Mauviel. Nous leur proposons de se former sur des questions fondamentales et d'autres compétences, comme la mobilisation d'un collectif autour d'une action durable."
Viser l'exemplarité pour une politique ambitieuse
Les intervenants se montrent cependant prudents quant à la notion d'exemplarité. "Nous ne pouvons pas nous considérer comme exemplaires actuellement : il suffit de regarder notre empreinte carbone", regrette Yves Quéré. "Mais il nous faut viser l'exemplarité pour mener une politique ambitieuse."
Cette démarche doit permettre de maintenir la cohérence, note Mathias Bernard. "On ne peut pas intégrer ces enjeux dans notre formation tout en dissociant cela de l'environnement d'apprentissage, sinon on perd en crédibilité."
Il est donc crucial d'intégrer ces aspects dans les missions fondamentales de l'université, à savoir la formation et la recherche. "Mais ces activités ont un coût écologique, donc il y a un équilibre à trouver", conclut le vice-président transition écologique de l'UBO.
Plus que des universités exemplaires, Mathias Bernard privilégie le concept d'universités "démonstratrices". "L'exemplarité implique une connotation morale et un caractère intransigeant qui peut intimider. La transition est un processus, et nous devons gérer nos contradictions."

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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