L'hystérie collective autour de l'IA

« Il y a une sorte d’hystérie collective depuis l’arrivée dans nos vies de ChatGPT. » (Morgane Soulier)
Multi-entrepreneure, consultante et conférencière, Morgane Soulier est une fervente promotrice de l'intelligence artificielle. Cet été, elle a rejoint le pôle d’ambassadeurs de l’Institut EuropIA, situé à Sophia Antipolis, pour apaiser les craintes et diffuser un message positif aux entreprises. Selon elle, ces dernières ne devraient plus se demander si elles doivent intégrer l’IA dans leur stratégie, mais plutôt comment le faire de manière efficace.
L'intelligence artificielle suscite curiosité et débats, mais engendre aussi des inquiétudes, parfois qualifiées d’« IA-anxiété », à l'instar de l’éco-anxiété. « Pas un jour ne passe sans que les médias n’en parlent. Pourtant, l’IA est présente dans notre quotidien depuis longtemps. Quand Waze ou Netflix vous proposent un itinéraire ou une série, c’est de l’IA », souligne Morgane Soulier. Spécialisée dans le Metaverse et l'IA générative, elle a également été à l'origine de la première page Facebook du groupe Orange en 2007 et a contribué à l'intégration de Netflix sur le marché français.
Un objectif de sensibilisation
L'Institut EuropIA a pour but de « sensibiliser et éduquer le grand public ainsi que les acteurs économiques et politiques aux défis de l'IA en prônant une approche éthique », explique Morgane Soulier, diplômée de l'EM Lyon, d'HEC et de Sciences Po Paris. Après un accident de vie l’amenant à s'intéresser à la santé numérique, elle a élargi son champ d'action au numérique, puis s'est concentrée sur l'IA générative, qu'elle s'efforce de rendre accessible. Que ce soit à travers des conférences, des articles, des podcasts, ou des sessions d'accompagnement, son but est « de permettre à chacun de s'approprier le concept sans en avoir peur ».
Inquiétudes et idées reçues
L'IA alimente de nombreuses craintes, notamment celle de perdre son emploi. « C'est faux, assure Morgane Soulier. Celui qui vous volera votre emploi n'est pas l'IA mais celui qui saura mieux l'utiliser. L'IA est un outil puissant qui permet d'améliorer la productivité et l'excellence. Mais l'humain reste au centre ! » Cela dit, elle reconnaît que certaines inquiétudes sont légitimes, comme celles liées aux fake news et aux deep fakes, qui soulèvent des questions sur la véracité des informations. Cependant, elle est confiante dans la capacité des plateformes à s’adapter et à instaurer des garde-fous. « Il n'est jamais trop tard. C'est en identifiant les mauvais usages que les lois se développent. »
Un avenir à considérer
Morgane Soulier aborde aussi la question des ressources nécessaires pour soutenir l'IA. « Le développement de l'infrastructure nécessaire pose des défis logistiques et environnementaux. Mais l'innovation technologique peut nous surprendre. L'IA a la capacité de créer des solutions pour résoudre les problèmes qu'elle engendre. » Elle évoque les recherches menées par Sarah Watson, oncologue à l'Institut Curie de Paris, dont l'équipe a mis au point une IA capable de détecter des cancers rares.
Un timing opportun
Morgane Soulier prêche donc la bonne parole auprès des entreprises de toutes tailles et secteurs. « Aucun secteur ne pourra échapper à l'IA. C'est un peu comme au début des années 2000, lorsque l'on se demandait si une entreprise devait avoir une présence sur les réseaux sociaux. L'expérience a prouvé qu'une absence numérique équivalait à une non-existence. Avec l'IA, nous en sommes exactement là. » Bien que cette prise de conscience soit en progression, un travail d'acculturation reste à faire. « La raison d'être d'une entreprise demeure la même : offrir un service ou un produit qui répond aux besoins de ses clients de la meilleure façon possible. Ce qui change, ce sont les méthodes et les outils. »
Une évolution nécessaire
Le message de Morgane Soulier doit encore faire son chemin. La récente nomination de Clara Chappaz en tant que secrétaire d'État chargée de l'intelligence artificielle n'est pas anodine, surtout dans un contexte incertain. « C'est le meilleur des timings, conclut-elle. Beaucoup d'entreprises sont en difficulté, et c'est maintenant qu'elles doivent repenser leur fonctionnement pour se réinventer et gagner en efficacité. »

SOURCE : LA TRIBUNE

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