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ÉDUCATION
8
July 2025

l’ia est déjà entrée à l’école, quelle place lui donner ?

L’intelligence artificielle générative (IAG) est devenue un sujet incontournable dans le monde éducatif. Présentée par Emmanuel Macron comme un secteur prometteur, avec 109 milliards d’investissements privés annoncés en février, elle suscite à la fois fascination et inquiétude. D’un côté, certains la voient comme un outil magique et indispensable pour l’avenir ; de l’autre, certains dénoncent son impact écologique et ses dérives potentielles. Pourtant, pour les éducateurs, la vraie question n’est pas tant « bonne ou mauvaise » que « comment l’intégrer intelligemment ? »

une utilisation massive chez les collégiens et lycéens

Cet hiver, les Cahiers pédagogiques ont réalisé une enquête en ligne auprès de plus de 3 200 collégiens et lycéens sur leur usage de l’IA. Il en ressort que 85 % ont déjà utilisé une IA générative, et près de la moitié sont des utilisateurs réguliers. Principalement, ces jeunes emploient l’IA pour faire des recherches sur internet (75 %), générer des images (près de 50 %), traduire des textes ou dialoguer (environ 66 %). Un usage qui témoigne d’une appropriation rapide, mais souvent sans accompagnement pédagogique.

des différences marquées entre filles et garçons

L’étude révèle aussi un écart de genre important : les filles sont moins nombreuses à utiliser régulièrement l’IA et manifestent plus de méfiance. Par exemple, 64 % des garçons s’intéressent à l’IA, contre seulement 43 % des filles. De plus, 82 % des garçons estiment bien comprendre cette technologie, contre 61 % des filles. Les garçons la perçoivent aussi plus comme un outil amusant (72 % contre 49 %), tandis que les filles expriment plus d’inquiétude (41 % contre 27 % chez les garçons). Ce constat reflète des tendances générales dans les usages numériques des adolescents.

hallucinations et impact écologique : les limites de l’ia générative

Si l’IA est largement adoptée, elle n’est pas sans défauts. Les IAG sont célèbres pour leurs « hallucinations », c’est-à-dire la production d’informations fausses ou inventées. Par exemple, ChatGPT peut ajouter des actes fictifs à une pièce de théâtre classique. De plus, les requêtes à ces intelligences artificielles consomment énormément d’énergie : une simple demande à ChatGPT utilise dix fois plus d’énergie qu’une recherche classique sur Google. Générer des images, très prisé par les élèves pour leurs travaux, est encore plus gourmand en ressources, aggravant son impact environnemental.

des adultes peu responsables face à l’ia

On peut aussi pointer la responsabilité des adultes dans la surconsommation d’IA, avec des tendances à suivre des modes « fun » sans réflexion sur les conséquences écologiques ou les droits d’auteur. Par exemple, des photos transformées en dessins populaires sur les réseaux sociaux ont envahi le web au printemps dernier, sans se soucier de ces enjeux. Même le gouvernement s’est trompé : une vidéo générée par IA pour célébrer la Résistance montrait… un soldat allemand fêtant la libération de Paris, illustrant les risques liés à l’utilisation non maîtrisée de ces outils.

des usages pédagogiques encore sous-exploités

Pourtant, l’IA peut offrir de nombreux bénéfices éducatifs si elle est bien utilisée. Elle peut aider à développer des compétences d’écriture (résumés, corrections, adaptation des registres de langue), la construction de plans structurés, ou l’appropriation des connaissances en corrigeant les erreurs générées par l’IA. Les élèves peuvent aussi apprendre à utiliser différents outils pour comparer et affiner leurs productions, ce qui enrichit leur travail et leur esprit critique.

inquiétudes des élèves face à l’ia

Les jeunes interrogés expriment aussi des préoccupations importantes. Ils craignent que l’IA ne nuise aux artistes, contribue au changement climatique, et surtout, qu’elle provoque une dépendance réduisant leur capacité à réfléchir par eux-mêmes. Ces craintes soulignent la nécessité d’un accompagnement pédagogique pour une utilisation raisonnée.

enseigner à maîtriser l’ia et ses biais

C’est donc à l’école de prendre en main cette nouvelle réalité. Les IAG sont des outils qui doivent être appris, en incluant la capacité à repérer leurs biais et limites. Les élèves doivent être guidés pour comparer et vérifier les informations, et encouragés à utiliser plusieurs IA différentes au lieu de se fier uniquement à ChatGPT.

développer l’esprit critique face à l’intelligence artificielle

L’éducation au numérique doit s’adapter pour intégrer l’IA, notamment en renforçant l’esprit critique et la capacité à reconnaître les contenus produits par ces technologies. Ce travail s’inscrit dans la continuité de l’éducation aux médias et à l’information, mais demande des approches renouvelées face aux spécificités de l’IA.

enseigner « l’art du prompt » à l’école

Un aspect clé est l’apprentissage du « prompt », cette consigne élaborée envoyée à l’IA pour obtenir une réponse pertinente. Ce n’est pas une simple question, mais une demande précise qui nécessite méthodologie, connaissances, et souvent plusieurs essais. Enseigner à formuler des prompts efficaces permet de tirer le meilleur parti de l’IA dans un contexte pédagogique.

vigilance sur les algorithmes et la protection des données

L’éducation doit aussi inclure une sensibilisation aux biais des algorithmes, parfois intentionnels, développés par des entreprises privées. Il est crucial que les élèves et enseignants restent vigilants quant à l’usage des données personnelles, notamment celles des mineurs, qui sont particulièrement sensibles.

aider à discerner les usages pertinents de l’ia

Il est aussi important d’accompagner les élèves dans la réflexion sur les moments où l’usage de l’IA est pertinent ou non. Parfois, la rapidité est un avantage, mais elle doit être tempérée par le temps nécessaire pour vérifier la fiabilité des réponses. Par ailleurs, la collaboration humaine et l’échange d’idées restent essentiels, surtout dans des travaux conçus pour stimuler la réflexion collective.

sensibilisation aux impacts environnementaux

Enfin, il faut informer les élèves des conséquences écologiques liées au développement massif de l’IA, qui consomme beaucoup d’énergie. À ce rythme, le futur usage de ces technologies pourrait être compromis par la rareté des ressources énergétiques dans vingt ou trente ans.

des ressources et formations à développer pour dompter l’ia en classe

Le défi est considérable, mais accessible. De nombreuses ressources pédagogiques et formations existent déjà, et leur développement rapide est encouragé. L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche l’a d’ailleurs recommandé dans un rapport récent. La maîtrise de l’IA en milieu scolaire est désormais un enjeu central pour l’éducation du futur.

SOURCE : Alternatives-économiques

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