L’IA soutient le pédagogue sans le remplacer

Le groupe Ionis Education (27 établissements, 35 000 étudiants) poursuit ses avancées en intelligence artificielle appliquée à l’enseignement avec un centre de recherche et d’excellence dédié à l’IA éducative. Objectif : accélérer l’hyper-personnalisation des parcours et étendre les dispositifs déjà existants à grande échelle. Julien Perez, directeur du programme "Intelligence artificielle et pédagogie" pour le groupe et enseignant-chercheur à l’Epita, revient pour AEF info sur ce projet structurant.
Un centre pour accompagner l'hyper-personnalisation
Dix chercheurs ont déjà intégré ce centre, avec un objectif de trente dans les trois ans. L’ambition : approfondir l’innovation pédagogique, en s’appuyant notamment sur des expériences telles que la "piscine" à l’Epitech et l’Epita, qui mobilise l’enseignement par projets. Cette méthode requiert un suivi rapproché des étudiants, que l’intelligence artificielle peut renforcer.
Ionis explore les learning analytics et les IA génératives, avec du coaching et tutorat personnalisés via des chatbotsformés sur un corpus restreint. Ces outils soutiennent aussi les enseignants dans la production de contenus enrichis.
Un axe de recherche sur les sciences humaines
Un autre chantier concerne les "méthodes numériques pour les sciences humaines et sociales" (MNSHS). L’idée : identifier l’impact des IA sur les apprentissages et l’accompagnement. Par exemple, ChatGPT n’est pas idéal : il ne stimule pas la réflexion ni l’engagement et montre ses limites selon les disciplines. D’où l’intérêt de développer des IA spécifiques.
Des chatbots conçus en interne
Les agents conversationnels sont développés par Ionis lui-même, avec un fine-tuning de modèles généralistes sur les propres données du groupe. Cela se fait en partenariat avec Microsoft, à partir du modèle de langage phi-4.
Pour l’heure, seuls une cinquantaine de pédagogues testent ces outils. Aucun étudiant n’y est encore exposé.
Vers des feedbacks personnalisés sans notation
Le centre veut aller plus loin dans la génération automatique de feedbacks individualisés, en réponse aux nombreux rendus générés par l’enseignement par projets. Les tests unitaires traditionnels sont utiles mais limités pour fournir des retours adaptés.
L’IA permet de générer des exercices sur mesure en fonction des lacunes de chaque étudiant, avec des feedbacks en appui des échanges enseignants-étudiants. L’objectif est clair : soulager les pédagogues et permettre aux étudiants de s’exercer sans pression de la note, tout en recevant des conseils pertinents.
L’IA n’a pas vocation à remplacer l’enseignant
Pourquoi ne pas attribuer de notes ? Pour Julien Perez, il s’agit d’une question de place de l’humain : l’IA doit automatiser ce qui peut l’être, mais le jugement final doit rester humain. La jeunesse des technologies IA justifie une approche progressive et rigoureuse. Même si l’IA devient capable de noter, ce n’est pas nécessairement souhaitable : acceptabilité et transparence sont prioritaires.
Une collaboration avec des partenaires stratégiques
Le centre s’est structuré autour d’une vision stratégique de l’innovation pédagogique, avec le soutien de Philippe Jamet, directeur général adjoint d’Epitech. Des collaborations avec des équipes reconnues ont été initiées : Mocah (Sorbonne Université, CNRS), Talent (universités de Toulouse) et Microsoft.
Avec Mocah, les projets portent sur la génération de feedbacks de code, en visant efficacité et frugalité. Avec Talent, le travail concerne les agents conversationnels pour le tutorat, avec un angle fort sur leur évaluation. Microsoft, partenaire de longue date, apporte infrastructures cloud, modèles de langage et s’inscrit dans une logique de modèles transparents et souverains.
L’environnement idéal d’un groupe privé
Julien Perez insiste sur l’avantage du cadre privé de Ionis. Le groupe dispose de 20 ans de données anonymisées, un atout unique pour l’expérimentation : rendus d’exercices, traces numériques, etc. Ce patrimoine alimente une logique d’amélioration continue de la pédagogie.
Une commercialisation pas encore envisagée
Pour l’instant, aucune décision n’a été prise concernant une éventuelle commercialisation des outils développés. La priorité reste d’accompagner les 27 établissements du groupe. Le projet est encore en déploiement et de nombreux chantiers sont en cours.

SOURCE : AEF INFO

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