L'industrie s'ouvre à tout-va pour séduire la jeune génération

Aujourd'hui, l'industrie multiplie les initiatives pour séduire et retenir les jeunes talents. De l'organisation d'écoles internes à la mise en place de parcours de formation innovants, en passant par des projets ludiques comme les jeux vidéo, les industriels mettent en avant la richesse de leurs métiers pour attirer la jeune génération. La promesse ? « Avec l'industrie, fabrique ton avenir ». C'est sous ce slogan que la filière industrielle s'adresse cette année aux jeunes, en particulier pendant la 13e édition de la Semaine de l'industrie, qui se déroule du 18 au 24 novembre. Un événement qui se veut dynamique, avec de nombreuses actions organisées à travers la France pour susciter l'intérêt des jeunes.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes

D'après le dernier rapport de l'Opco 2i, l'industrie représentait, fin 2023, 2,9 millions de salariés, dont 130 500 apprentis. Le taux d'emploi à six mois est supérieur à 70 %, avec 84 % des apprentis visant un Bac +2 et 40 % un Bac +5. Ces chiffres témoignent du rôle majeur de l'industrie dans la formation des jeunes et de son dynamisme sur le marché du travail. Cependant, malgré ces données positives, le secteur fait face à des défis, notamment en termes de recrutement.

Attirer les jeunes : un défi à relever

Vincent Charlet, délégué général de la Fabrique de l'industrie, souligne que la difficulté de recrutement est plus importante aujourd'hui qu'il y a quelques années. Le problème réside en partie dans le « désappariement » entre le marché de l'emploi industriel, les lieux de formation, et les attentes des jeunes. « Les Français bougent peu, surtout quand ils sont peu ou pas diplômés », explique-t-il. De ce fait, l'industrie doit repenser sa manière de recruter et de former ses futurs employés.

Des solutions concrètes : la formation et l'apprentissage

Pour attirer la jeune génération, les entreprises industrielles ont commencé à mettre en place des stratégies territoriales de formation. Lorsqu'elles ne trouvent pas la main-d'œuvre qualifiée, elles n'hésitent pas à former elles-mêmes leurs employés. Les métiers industriels nécessitent souvent des compétences spécifiques qu'il est difficile d'acquérir à l'école. En conséquence, de nombreuses entreprises ont créé des écoles et des universités internes, comme celles dédiées aux métiers du nucléaire ou du naval.

L'apprentissage est devenu une voie essentielle pour le recrutement dans le secteur. Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), explique que l'apprentissage permet de recruter et de fidéliser une jeunesse souvent absente des villes moyennes. Cette évolution a conduit à une multiplication des Centres de Formation d'Apprentis (CFA) au sein des grandes entreprises. Selon Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie, « Toutes filières confondues, nous sommes passés de 400 000 à plus de 1 million d'apprentis en France, une véritable révolution ». En 2023, l'industrie a signé 80 500 nouveaux contrats d'apprentissage, un chiffre en forte hausse par rapport à 2020.

Un enjeu d'image : redorer le blason de l'industrie

L'industrie continue toutefois de souffrir d'un déficit d'image. « La réalité de ses activités et de ses métiers est souvent bien différente de l'image d'Epinal qu'on lui colle », indique Vincent Charlet. L'enjeu est donc de réconcilier la perception du public avec la réalité de l'industrie. Frédéric Coirier ajoute : « Pour attirer, il faut que nous parlions plus de métiers que de filière industrielle ». Les métiers proposés dans l'industrie sont variés et vont bien au-delà de la production. Par exemple, l'entreprise Poujoulat offre plus de 140 métiers différents, allant de la R&D à la vente, en passant par la logistique.

Afin d'améliorer son image, l'industrie mise sur la proximité avec le grand public. Plus d'événements et d'opérations de communication sont organisés, comme « le Tour de France de nos industries », soutenu par Bpifrance et la French Fab, ou encore le jeu vidéo « Forindustrie », qui permet de découvrir les métiers industriels de manière ludique.

Des actions concrètes pour séduire la jeune génération

Le secteur poursuit son objectif de séduire la jeune génération en lui offrant des événements tout au long de l'année. En plus de la Semaine de l'industrie, des salons comme « Global Industrie » ou des expositions comme « Viva Fabrica » visent à présenter la diversité des métiers industriels. Ces initiatives contribuent à améliorer l'image du secteur. En effet, entre 2019 et 2024, l'image de l'industrie a progressé de 16 points, enregistrant la plus forte évolution parmi tous les secteurs, selon l'Opco 2i.

Les jeunes d'aujourd'hui sont de plus en plus exigeants, à la recherche de sens dans leur travail et d'une bonne qualité de vie professionnelle. L'industrie peut répondre à ces attentes, mais cela nécessite de repenser ses pratiques. François Pellerin, chercheur à Mines ParisTech, relève un certain décalage entre les promesses de l'industrie et la réalité du terrain, notamment en ce qui concerne l'autonomie et les marges de manœuvre offertes aux jeunes.

Conclusion : L'industrie face à un nouveau défi

L'industrie a fait des progrès notables pour attirer les jeunes talents, notamment à travers l'apprentissage et la mise en place de formations adaptées. Toutefois, le secteur doit encore redoubler d'efforts pour changer son image et répondre aux attentes des jeunes en matière d'autonomie et de responsabilités. Les événements et initiatives visant à présenter l'industrie sous un nouveau jour sont un bon début, mais il est essentiel que l'industrie continue à évoluer pour séduire et fidéliser les jeunes générations.

SOURCE : LES ECHOS