L’Institut Montaigne propose d’augmenter les frais pour former plus d’ingénieurs

Afin de former davantage de profils scientifiques et techniques sans creuser le déficit public, l’Institut Montaigne propose d’augmenter les frais de scolarité de manière ciblée sur les niveaux ingénieurs et master de ces formations, dans un rapport sur les métiers de l’ingénieur, publié le 21 mai 2025. Le think tank préconise une hausse de 4 000 € dans les écoles d’ingénieurs publiques, mais propose une réflexion plus globale autour d’une redéfinition des frais de scolaritédans le supérieur, pour prévenir un déport vers d’autres filières moins chères.
L'Institut Montaigne préconise d'augmenter de 4 000 € par an les droits d'inscription en école d'ingénieurs publique.
Source : Shutterstock - Galyna Motizova
Dans un contexte de pénurie de profils scientifiques et de finances publiques contraintes, l’Institut Montaigne formule neuf préconisations pour former davantage d’individus aux métiers de l’ingénieur – dont le détail est à retrouver sur notre fil d’actualité Cursus et Insertion – accompagnées d’un plan de financement, dans un rapport intitulé Métiers de l’ingénieur : démultiplier nos ambitions publié le 21 mai 2025.
Trois leviers pour financer plus de formations
Ce plan de financement met en exergue trois pistes afin d’ajuster l’offre de formation aux besoins de l’économie, sans creuser le déficit public :
- augmenter les frais de scolarité ;
- réallouer les moyens des universités au bénéfice des formations en sciences et sciences de l’ingénieur ;
- augmenter le nombre d’élèves par professeur.
Ces trois leviers ne sont pas mutuellement exclusifs et peuvent chacun être activés pleinement ou en partie, de manière complémentaire, précise l’Institut Montaigne.
Augmenter de 4 000 € les droits d’inscription
La piste principale avancée par l’Institut Montaigne est une augmentation ciblée des frais de scolarité sur les niveaux master des formations scientifiques, techniques et d’ingénieurs, pour financer 50 % des besoins en places supplémentaires.
Dans le scénario principal, dit de réindustrialisation modérée, cela supposerait la création de 186 784 places supplémentaires d’ici 2035, représentant une hausse globale de 442 millions d’euros. Parmi les répartitions possibles, une hausse de 4 000 € des frais d’inscription pour les élèves ingénieurs est l’hypothèse moyenne retenue par le think tank.
Cette proposition intervient alors que le ministère de l’Enseignement supérieur relance les discussions sur une possible hausse des frais d’inscription dans les écoles d’ingénieurs publiques, selon AEF info. Le gouvernement cherche actuellement 40 à 50 milliards d’euros d’économies dans le cadre du futur projet de loi de finances.
L’Institut rappelle que la SCSP représente 60 % du budget des écoles d’ingénieurs, 80 % pour l’université et jusqu’à 90 % pour d'autres formations. Les frais de scolarité actuels dans les écoles d’ingénieurs publiques vont de 601 € à 2 500 € pour celles du MESR, et jusqu’à 3 500 € pour celles d’autres ministères.
Ces montants restent largement inférieurs à ceux des écoles de commerce (15 000 € par an en moyenne en 2024), alors que les salaires à la sortie sont similaires entre diplômés d’écoles d’ingénieurs et de commerce (38 500 à 40 500 € bruts annuels hors primes). Selon l’Institut Montaigne, les frais de scolarité ne sont pas un frein pour les étudiants, notamment grâce aux bourses existantes et aux bons débouchés professionnels.
Lancer une réflexion globale sur les frais d’inscription
L’Institut Montaigne propose également une modélisation de l’impact d’une hausse généralisée des frais de scolaritédans les formations scientifiques et techniques, allant de 750 € en BTS, DUT et BUT à 8 000 € en cursus ingénieur, rapportée aux effectifs scientifiques (hors santé) de l’enseignement supérieur. Ce scénario – non recommandé – pourrait générer jusqu’à 870 M€ par an.
Toutefois, le rapport appelle à une réflexion globale : il serait contre-productif de réserver les hausses aux seules formations scientifiques, ce qui risquerait de provoquer un déport vers d'autres filières moins onéreuses.
Parmi les autres options évoquées : une augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers extracommunautaires, susceptible de rapporter 65 M€ par an. Ces droits pourraient être relevés de 50 %, atteignant ainsi 4 155 € en licence (+1 385 €) et 5 655 € en master (+1 885 €). L’Institut propose aussi une hausse de 1 500 € en CPGE et de 3 000 € en école d’ingénieurs pour ces mêmes étudiants.
Pour mémoire, un rapport IGESR/IGF sur le modèle économique des universités, remis en mars 2025 au ministère de l’Enseignement supérieur, n’a pas encore été publié. Il évoquerait notamment une augmentation des ressources propres, dont les droits d’inscription, comme levier de financement.
Réallouer les ressources des universités
La seconde piste proposée repose sur une réallocation des ressources universitaires au profit des formations en sciences et ingénierie. L’objectif : augmenter leur part dans l’offre universitaire.
Dans le scénario de réindustrialisation modérée, une meilleure allocation permettrait de financer 44 000 places (bac+2/bac+3) et 22 000 places (master et ingénieur), représentant 75 % et 18 % des besoins respectivement.
Le rapport rappelle qu’au sein des 1 328 140 étudiants inscrits en licence ou master sous tutelle du MESR :
- 20 % suivent une formation scientifique ou d’ingénierie ;
- 26 % sont en droit, économie ou AES ;
- 34,57 % en lettres, langues, sciences humaines (LLSH) ;
- 15 % en santé ;
- un peu plus de 4 % en Staps.
Le think tank appelle à une réflexion sur l’équilibre de ces répartitions, à ajuster selon les taux d’insertion professionnelle.
Augmenter le nombre d’étudiants par professeur
La troisième piste, dite de productivité, consiste à augmenter le nombre d’élèves par professeur, sous réserve de disposer d’infrastructures suffisantes.
Une hausse de 10 % de productivité permettrait de couvrir :
- 43 % des besoins au niveau bac+2/bac+3 (soit 25 103 places),
- 32 % des besoins au niveau master et ingénieur (soit 40 471 places).

SOURCE : AEF INFO

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