L’intelligence artificielle dans l’éducation : un outil qui freine la pensée philosophique

La généralisation de l’usage de l’intelligence artificielle (IA) générative par les élèves les empêche de se confronter à l’exercice philosophique, plaide Vincent Renault, président de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public, dans une tribune au Monde. Ce problème appelle des solutions de terrain.
Une technologie omniprésente
Le terme « intelligence artificielle » est devenu emblématique cette année. Il ne désigne plus seulement un ambitieux programme de recherche initié par Alan Turing, mais sert désormais de label à des applications à fort potentiel commercial. Comme la « fée Électricité » autrefois, l’IA est perçue comme une vérité technique incontournable de notre époque, un médium universel indispensable à nos tâches, sous peine de stagnation.
Résister à la paralysie intellectuelle
Face à cette image, le défi est d’échapper à sa puissance de paralysie intellectuelle, de continuer à penser nos propres activités et à envisager les perfectionnements nécessaires indépendamment de cette prétendue technique absolue.
L’éducation, une technique par essence
Concernant l’enseignement scolaire, il est essentiel de résister à la tentation de réduire tout discours sur l’innovation à la seule IA. Ce n’est pas par hostilité à l’innovation technique ou au nom d’une prétendue intelligence naturelle, mais parce que l’éducation et l’enseignement sont techniques par essence.
Une tendance conformiste à éviter
Il faut aller à l’encontre de la tendance actuelle, conformiste et intellectuellement pauvre, du ministère et de certaines autorités de l’institution scolaire, qui se focalisent obsessionnellement sur l’intégration des applications de l’IA dans la pratique des élèves et des professeurs. Il est encore moins judicieux de suivre la pente démagogique qui consiste à pointer un prétendu retard des professeurs sur leurs élèves en matière d’usage de l’IA.
Un propos vraiment pensé et non copié
Prenons le cas de la philosophie. Au-delà de la question de l’usage du mot « intelligence », si les professeurs de philosophie sont aujourd’hui embarrassés par la banalisation de l’usage des applications d’IA générative, ce n’est pas par une hostilité arriérée envers un dispositif capable de produire des dissertations comparables à celles des meilleurs élèves. Ce n’est pas non plus par manque d’imagination ou excès de routine. C’est simplement qu’ils constatent qu’un certain usage de l’outil empêche purement et simplement de réaliser l’acte philosophique d’élaborer un problème et d’en déployer les différentes dimensions.

SOURCE : LE MONDE

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