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ÉDUCATION
6
June 2025

L’orientation professionnelle arrive trop tôt dans le cursus

Une pression ressentie dès le lycée

L’orientation est-elle décidée trop tôt en France ? C’est ce que pensent 72 % des répondants à une enquête Opinionway pour Edumapper, rendue publique le 3 juin 2025. À cette occasion, Anne Muxel (Cevipof-CNRS) dénonce un système dans lequel l’orientation s’apparente à "monter dans un train dont on ne peut pas descendre", sans possibilité de bifurcation ni droit à l’erreur. Selon elle, dans un monde toujours plus complexe, les jeunes ont besoin d’un accompagnement individualisé, concret et fiable.

Un manque de préparation et d’information

L’enquête souligne que 62 % des jeunes estiment ne pas être bien préparés à leur orientation. Près de la moitié regrette un choix passé, souvent causé par un manque d’information (56 %), l’absence d’écoute de leurs envies (53 %) ou la pression familiale (45 %). Pour 28 %, l’orientation fut clairement "imposée" dès le collège ou le lycée.

Une source d’anxiété dans un monde incertain

L’orientation scolaire génère de l’angoisse, bien que des sentiments comme la curiosité ou l’envie soient aussi présents. Pour Anne Muxel, cette pression est accentuée par le rôle structurant du diplôme dans l’intégration sociale et professionnelle. Elle pointe le calendrier imposé par Parcoursup comme facteur d’angoisse.

L’adolescence, période de "grand flou", rend ces décisions encore plus difficiles. Et alors que les discours éducatifs manquent de clarté, les jeunes ont du mal à se projeter. Selon Muxel, cela s’ajoute à l’anxiété multiforme liée aux crises contemporaines. Elle appelle donc à renforcer l’accompagnement personnalisé, surtout que "le temps de la jeunesse s’est allongé" : l’autonomie réelle n’est souvent atteinte qu’à la trentaine.

Des modèles étrangers plus souples

Anne Muxel cite des modèles étrangers plus souples : aux États-Unis, les jeunes intègrent un college avant l’université, laissant plus de temps à la réflexion. En Europe du Nord, les passerelles et bifurcations sont mieux intégrées dans les parcours, à l’inverse du système français, jugé rigide et précocement spécialisé.

L’inégalité dans l’accompagnement familial

Si 73 % des jeunes disent avoir été soutenus par leurs parents dans leurs choix, l’étude montre une grande inégalitéselon le niveau de diplôme des parents : 83 % de soutien si le père a un bac+2, contre seulement 68 % s’il n’a pas le bac, et 63 % dans le cas de la mère. Frédéric Micheau (Opinionway) souligne aussi que les filles se projettent avec moins d’optimisme que les garçons.

66 % des sondés estiment que filles et garçons n’ont pas les mêmes opportunités d’orientation. Pour Anne Muxel, familles et enseignants accordent moins d’attention aux jeunes femmes dans ces moments décisifs. 54 % pensent que les inégalités dans les choix d’orientation se réduisent, mais seulement 49 % jugent que l’école permet de réduire les inégalités sociales.

Le coût des études, critère numéro un

Dans les critères de choix des études supérieures, les aspirations personnelles (80 %) arrivent en tête, suivies des résultats scolaires (73 %) et de l’accès à des informations fiables sur les débouchés (68 %). Lorsqu’il s’agit de choisir un établissement, le coût des études (36 %) et les débouchés professionnels (36 %) priment, devant la proximité géographique (35 %), les taux de réussite (29 %) ou encore la réputation (25 %).

Par ailleurs, 47 % des jeunes affirment ne pas avoir eu toutes les informations nécessaires pour faire leur choix. L’étude pointe aussi un manque de considération de la part des conseillers d’orientation (56 %), des conseils de classe (49 %)et des enseignants (44 %). Anne Muxel appelle à une meilleure formation des encadrants, adaptée à la complexité de l’enseignement supérieur.

Une réforme du bac source de confusion

La réforme du bac lancée par Jean-Michel Blanquer est vue comme une ouverture des possibles, mais aussi comme un facteur de spécialisation trop précoce. Pour Anne Muxel, cette réforme a manqué de clarté : les jeunes comprennent mal les conséquences de leurs choix de spécialité. Sébastien de Lafond (Edumapper) souligne la nécessité d’outils lisibles, capables d’informer sans infantiliser, dans un monde où chacun devra "apprendre toute sa vie".

Edumapper, une plateforme pour mieux choisir

Créée fin 2024, Edumapper propose depuis mars 2025 une plateforme gratuite recensant 25 000 formations post-bacen France et à l’étranger. Elle permet de comparer les formations, en s’appuyant sur des données ouvertes (Parcoursup, Onisep, MESR…) et privées.

L’équipe fondatrice réunit des experts en data science et en éducation : Sébastien de Lafond, Julien Cheyssial, Jordan Sanial (anciens de Meilleursagents), Valentine Mandon (fondatrice de l’association Correspondre) et Julien Randon Furling (mathématicien et chercheur à l’ENS Paris-Saclay).

Edumapper fonctionne selon un modèle freemium : la plateforme est gratuite pour les jeunes, et leurs données ne sont pas revendues. Les établissements peuvent payer pour enrichir leurs pages (vidéos, outils interactifs), sans impact sur le classement des résultats. Objectif : atteindre l’équilibre financier en 2028 avec 50 % de données purement scientifiques, et une équipe de 50 personnes.

SOURCE : AEF INFO

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