L'université d'Orléans adopte une charte sur l'IA

L'université d'Orléans a mis en place une charte encadrant l'utilisation de l'intelligence artificielle, validée par le conseil d'administration le 18 octobre 2024. Matthieu Exbrayat, vice-président délégué au numérique et à la pédagogie innovante, explique à AEF info les objectifs de ce document novateur dans le paysage universitaire français. Cette charte s'adresse à l'ensemble de la communauté universitaire, incluant les étudiants, les enseignants-chercheurs et le personnel administratif et technique. « chacun, selon son usage de l'IA, doit pouvoir se référer à cette charte, qui est un texte à la fois pédagogique et informatif », explique-t-il.
Une charte issue d'une réflexion collective
AEF info : Comment est né ce document ?
Matthieu Exbrayat : La réflexion a démarré fin 2023. Une collègue des bibliothèques universitaires, ayant une bonne vision internationale de ce qui se faisait autour de l'IA, m'a sensibilisé à l'intérêt des chartes. Elles constituent un outil adapté à un domaine en constante évolution, sans pour autant tomber dans des considérations trop techniques. La charte s'est imposée comme un cadre rapide à mettre en place, impliquant plusieurs acteurs dans sa rédaction. Elle n'est pas figée : nous pourrions instaurer un groupe de réflexion pour l'actualiser tous les deux ans.
Un document explicatif et informatif
AEF info : En quoi consiste cette charte ?
Matthieu Exbrayat : C'est avant tout un document pédagogique et informatif qui prend acte de la diffusion de ces outils. Il décrit le fonctionnement des IA génératives, leurs limites et leurs usages potentiels. L'idée n'est pas de poser des interdits, mais d'apporter des repères et une réflexion à l'ensemble de la communauté universitaire.
Un point essentiel de la charte est d'expliquer que ces outils ne sont pas de simples moteurs de recherche. Ils nécessitent une vigilance constante, car malgré leurs performances croissantes, ils présentent des défauts. Parmi eux, le phénomène d'hallucination, propre aux IA génératives, qui produit des réponses plausibles mais dépourvues de fondement factuel. Un autre risque est celui des biais : si les données d'entrée sont partiales, les résultats le seront aussi.
Un outil destiné à toute la communauté universitaire
AEF info : Qui est concerné par cette charte ?
Matthieu Exbrayat : Ce document est destiné à l'ensemble des membres de la communauté universitaire : étudiants, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et techniques. Il est publié sur le site de l'université dans la liste des documents réglementaires et constitue un point de référence pour ceux qui s'interrogent sur la position de l'université vis-à-vis de ces outils.
Nous sommes parmi les premières universités françaises à proposer une charte couvrant l'ensemble des acteurs et à communiquer sur son existence. Certains départements ou écoles privées ont déjà mis en place des chartes, mais elles sont souvent plus ciblées. Dans les mois à venir, nous réfléchirons à la meilleure façon de sensibiliser notre université à son contenu et à son utilité.
Des usages à favoriser et d'autres à encadrer
AEF info : Quels usages encouragez-vous et lesquels requièrent de la vigilance ?
Matthieu Exbrayat : En termes d'usages encouragés, nous mettons l'accent sur le volet pédagogique. Par exemple, les IA génératives peuvent servir à produire des trames ou des textes de base pour les étudiants, ou encore à générer des quiz automatiques pour la révision. Côté administratif, nous envisageons des outils de retranscription automatique des réunions ou de génération de documents, tout en veillant à la véracité des informations produites.
En revanche, nous appelons à la prudence dans l'utilisation des IA grand public, dont la confidentialité n'est pas garantie. Dans le domaine de la recherche, par exemple, il y a un risque à soumettre à ces systèmes des données encore non publiées. En administration, utiliser ces outils pour des documents stratégiques ou contenant des données personnelles est aussi problématique. à l'avenir, si des IA sont hébergées au sein de l'ESR avec des garanties de souveraineté, nous pourrions préférer cette solution. Pour l'instant, en l'absence de licences fournies par l'établissement, nous préconisons la prudence.
Une charte nationale en préparation
AEF info : Une charte nationale est en préparation. Comment s'intègre-t-elle dans ce contexte ?
Matthieu Exbrayat : En effet, une charte sur l'IA générative est en cours d'élaboration au niveau national. Dans le cadre du réseau national DemoES, nous travaillons sur un texte qui pourra servir de référence aux établissements souhaitant mettre en place leur propre charte. L'objectif est d'inciter les acteurs de l'enseignement supérieur à développer une stratégie sur l'IA, en leur proposant un ensemble de recommandations adaptables. Une première version compacte du document a été soumise à discussion et amendements. Elle sera présentée le 11 février lors de l'IA Summit.

SOURCE : AEF INFO

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