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ÉDUCATION
19
March 2025

Lycée : comment améliorer l'évaluation de la spécialité physique-chimie ? (IGESR)

Au lycée général, les pratiques d’évaluation des enseignants de la spécialité physique-chimie "restent très traditionnelles", analyse l’IGESR dans un rapport publié le 12 mars 2025. Avec Parcoursup, l’enjeu d’orientation supplante l’enjeu certificatif, constate la mission d’inspection, qui souligne le "faible impact" du pilotage des pratiques dans les établissements, malgré le rôle "essentiel" des IA-IPR. Elle recommande de mieux former les enseignants à la culture de l’évaluation, de travailler sur la construction de l’équité, et de développer une "approche collective de l’évaluation".

Critères de réussite, pratiques de différenciation, conseils opérationnels

"L’accompagnement des élèves par les professeurs, avant, pendant et après les évaluations [est] généralement limité", estime l’inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche dans un rapport sur les pratiques d’évaluation des enseignants de la spécialité physique-chimie au lycée général, publié le 12 mars 2025.

Des pratiques d’évaluation peu variées…

La visite de 19 établissements du second degré a permis aux huit inspecteurs généraux de l’Éducation nationale en charge du dossier de constater que les pratiques pédagogiques d’évaluation des professeurs de physique-chimie rencontrés "restent très traditionnelles" et sont "peu variées". Ce sont principalement des "devoirs surveillés conçus sur le modèle des épreuves terminales du baccalauréat et dont les notes constituent l’essentiel des moyennes".

Ainsi, les activités expérimentales représentent souvent moins de 20 % du poids des notes dans les moyennes, tandis que les situations d’évaluations réalisées à l’oral "sont, elles aussi, exceptionnelles". A contrario, "les tentatives de mise en place de modalités moins classiques comme l’évaluation d’activités de groupe, l’évaluation par les pairs ou l’autoévaluation restent très isolées".

…aux enjeux occultés par les notes sur Parcoursup

Il faut dire que l’enjeu d’orientation des notes de contrôle continu, comptabilisées quand l’élève arrête la spécialité en fin de première, prend souvent le pas sur l’enjeu certificatif, relève la mission. En effet, "l’importance qui leur est accordée vient surtout de ce que ces notes figurent dans le dossier de candidature des élèves dans la procédure Parcoursup", ce qui "a tendance à occulter tous les autres dans l’esprit des élèves, de leurs parents et même des professeurs".

Interrogés par sondage, 109 professeurs perçoivent très bien l’utilité de l’évaluation des élèves "pour contrôler les connaissances et le degré de compréhension des élèves". En revanche, ils placent au second plan "l’amélioration des apprentissages des élèves ainsi que la régulation que cette évaluation peut induire sur leur propre enseignement", et "la conçoivent encore moins souvent comme un outil au service de la motivation des élèves".

Un faible impact du pilotage, malgré l’action des IA-IPR

Au-delà des pratiques mêmes, la mission questionne surtout le pilotage de ces modalités d’évaluation.

Elle indique que les projets d’évaluation des établissements traitent peu fréquemment "des questions de nature pédagogique, spécifiques à chaque discipline". Ils "abordent essentiellement les questions qui relèvent de la vie scolaire (gestion des absences et des stratégies d’évitement, nombre d’évaluations minimum devant figurer dans les moyennes, etc.) et proposent, sur ce plan, un cadrage apprécié des enseignants". Dès lors, les enseignants "déclarent que l’élaboration et la mise en place des projets d’évaluation n’ont eu que très peu d’impact sur leurs pratiques".

En outre, le pilotage de l’évaluation des élèves est "très variable" chez les chefs d’établissement, nombre d’entre eux "délèguent complètement ce pilotage aux équipes disciplinaires". En revanche, le rôle des IA-IPR est vu comme "essentiel", en proposant des formations, en mettant en ligne des ressources, mais surtout par les "conseils individuels ou collectifs qu’ils fournissent aux enseignants".

L’évaluation est-elle équitable ?

Si les équipes enseignantes sont conscientes de l’enjeu d’équité, "elles estiment invariablement que leurs pratiques d’évaluation sont suffisamment harmonisées pour être équitables", observe l’IGESR. C’est pourquoi "la comparaison raisonnée des moyennes de chacun, la construction de celles-ci et les poids apportés à chaque type d’évaluation, de même que les critères d’évaluation, font très rarement l’objet d’échanges organisés entre les enseignants". Ainsi, bien que "les équipes de physique-chimie travaillent plutôt bien ensemble, […] cette collégialité, ne se retrouve pas dans les pratiques d’évaluation qui restent le pré-carré de chacun".

Il est donc nécessaire d’opérer une harmonisation des notations. Mais celle-ci ne peut être une simple comparaison des moyennes qui "est en elle-même insuffisante". En effet, dans certains établissements "la moyenne obtenue en physique-chimie en classe de terminale est très fortement corrélée au choix par les élèves de la deuxième spécialité et des options mathématiques". De même, il n’est pas étonnant qu’un professeur ayant une classe dont les résultats sont faibles soit tenté de surnoter légèrement les élèves les plus faibles pour ne pas les démotiver".

Par ailleurs, pour réaliser des comparaisons pertinentes, il est "indispensable" de prendre en compte les spécificités de l’établissement, ce que permet l’indice de position sociale (IPS). Mais pour assurer davantage de fiabilité, l’IPS qui se calcule de façon homogène sur tout un établissement, aurait besoin d’être précisé au niveau des élèves ayant suivi la spécialité physique-chimie. En conséquence de quoi les inspecteurs généraux estiment qu’il importe "avant tout, en établissement, de s’assurer qu’une stratégie collective du contrôle de l’équité [soit] mise en place par et dans les équipes".

Comment mieux piloter l’évaluation ?

Dans son rapport, les inspecteurs généraux formulent plusieurs recommandations :

  • Améliorer les pratiques d’évaluation des enseignants et leur pilotage. Pour cela, il s’agit de fournir un effort de formation "significatif" pour "parvenir à une meilleure acculturation des professeurs aux enjeux formatifs de l’évaluation des élèves ainsi qu’aux diverses modalités d’évaluation".
  • Piloter l’équité d’évaluation en s’appuyant sur un usage raisonné des données statistiques. Les résultats obtenus par les élèves en contrôle continu et en contrôle terminal doivent être rassemblés de façon systématique, chaque année sous la même forme, pour être à même d’identifier des tendances longues.
    Mais ces données "sont avant tout des indicateurs d’alerte permettant de repérer des situations hors norme" et devront être accompagnées de conseils méthodologiques sur leur exploitation. En effet, l’analyse de ces données par le chef d’établissement et les inspecteurs doit être approfondie, c’est-à-dire prendre en compte les différents biais statistiques.
  • Pour les identifier, il serait ainsi nécessaire de conduire des études statistiques au niveau national afin de quantifier l’influence de certains facteurs individuels sur les moyennes de contrôle continu et sur les notes des épreuves terminales obtenues dans chaque enseignement de spécialité (IPS, second enseignement de spécialité, options choisies, etc.).
  • Autre proposition du rapport : développer une approche collective de l’évaluation, en généralisant les réunions entre professeurs d’une même équipe pédagogique au sujet de l’évaluation.

SOURCE : AEFINFO

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