Moins de naissances, moins d’élèves : une opportunité pour l’éducation ?

Peut-on vraiment anticiper l'avenir ? Certes non, mais il est possible de formuler des prévisions, surtout lorsqu'il s'agit de prolonger des tendances démographiques existantes. Actuellement, l'école française fait face à une baisse continue des effectifs qui devrait se poursuivre dans les années à venir.
Comment aborder cette tendance ? Est-ce l'occasion d'améliorer le système éducatif ou d'adopter une politique d’austérité et de réductions budgétaires ? Ce mini-baby-boom des années 2000, bien que significatif, n’a pas engendré les mêmes changements que ceux des années 1950-60, qui avaient entraîné une massification scolaire dans les années 1970-80. À cette époque, de nombreux établissements scolaires ont été ouverts dans un esprit de démocratisation, avec un collège inauguré presque chaque jour ouvrable, et un grand nombre d’enseignants recrutés.
En revanche, le mini-baby-boom de 2000 a été suivi d'une attitude attentiste. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012), environ 80 000 postes ont été supprimés sans compensation réelle, et de nombreux postes de concours n'ont pas été pourvus. Les conséquences sont claires : des classes surchargées, des apprentissages plus difficiles pour les élèves, et des conditions de travail dégradées pour les enseignants. Selon des données du ministère de l'Éducation nationale d’août 2023, la moyenne d’élèves par classe est de 22,4 en maternelle et de 21,6 en élémentaire, des chiffres parmi les plus élevés de l’OCDE, malgré les efforts de dédoublement dans certaines classes.
Au collège, la France enregistre également une densité élevée, avec une moyenne de 26 élèves par classe, tandis qu’au lycée professionnel et au lycée général, les moyennes sont respectivement de 17,9 et 30,3 élèves. Ce surpeuplement se ressent également dans l’enseignement supérieur, qui aspire à une massification sans disposer des ressources nécessaires.
Prévisions démographiques
Quelles perspectives pour l’avenir ? Une baisse significative et durable des effectifs scolaires est désormais attendue, touchant à la fois le primaire (depuis 2015) et le secondaire, semblable à la tendance observée dans la plupart des pays développés. Le taux de fécondité a chuté, passant de 2,2 en 2010 à 1,7 en 2022, entraînant mécaniquement moins d’élèves.
La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) a publié des prévisions sur les effectifs scolaires jusqu'en 2027. Les experts estiment que le nombre d’élèves dans le premier degré pourrait passer de 6 287 400 en 2024 à 6 063 400 en 2027, soit une baisse de 291 800 élèves. Pour le second degré, on prévoit une diminution de 10 000 élèves en 2025, suivie de baisses de 36 000 en 2026 et de 41 000 en 2027, lorsque les générations les plus faibles, nées entre 2012 et 2016, entreront dans le secondaire. À l’horizon 2027, le nombre d’élèves sortants sera supérieur à celui des entrants.
La Depp n’anticipe pas au-delà de 2027, mais des projections de l’Insee jusqu’en 2070 indiquent une baisse de près de 400 000 élèves dans le primaire et de 110 000 dans le secondaire d'ici 2027. La question se pose alors : est-ce une bonne nouvelle ? Tout dépend de la manière dont cette situation est exploitée.
Un choix politique crucial
Le choix fait jusqu'à présent semble s’inscrire dans une logique d’austérité, avec des réductions d’effectifs et de classes. Bien que Gabriel Attal ait suspendu les suppressions de postes prévues en 2024, cette tendance pourrait reprendre. Un récent rapport de l’Inspection générale des finances et de l’Inspection générale de l’éducation nationale préconise un plan de coupes budgétaires justifié par la baisse démographique. Cela soulève des inquiétudes quant à une possible priorité donnée à la gestion comptable plutôt qu'à l'amélioration du système éducatif.
Cependant, cette diminution des effectifs pourrait aussi représenter une opportunité de récupérer des moyens. En allégeant les classes, on pourrait mieux répondre aux besoins des élèves, diversifier les parcours, améliorer le soutien aux élèves en difficulté et mieux accueillir les élèves en situation de handicap. Avec une politique de recrutement efficace, il serait possible de reconstituer les équipes de remplaçants et d'améliorer la formation continue des enseignants.
Cette baisse démographique doit-elle bénéficier à Bercy ou à l'éducation ? C'est un choix politique essentiel, particulièrement crucial à une époque où les finances publiques sont sous pression. Plutôt que de considérer le budget de l’Éducation nationale comme une simple dépense à réduire, il pourrait être envisagé comme un investissement. Les récents votes des Français témoignent d'un attachement à la qualité des services publics, une réalité à ne pas négliger.

SOURCE : ALTERNATIVE

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