Mon Master : mieux vaut diminuer le nombre de vœux possibles et ne pas ouvrir davantage le recrutement (comité éthique)

La plateforme Mon Master n’a pas connu les polémiques suscitées par la mise en place de Parcoursup lors de son lancement en 2023, constate le Comité éthique et scientifique Parcoursup et Mon Master (CESPM) dans son rapport annuel, publié le 18 mars 2025. Plusieurs recommandations sont formulées pour ce premier bilan, notamment de diminuer le nombre de vœux possibles, ou encore de ne pas élargir le champ des formations qui peuvent recruter sur la plateforme. L’étude de cette année fait ressortir que les éléments à améliorer correspondent beaucoup à ce qu’a déjà connu Parcoursup.
Un premier bilan après deux ans de Mon Master
Deux années après son lancement, le Comité éthique et scientifique Parcoursup et Mon Master (CESPM) dresse un premier bilan sur la plateforme nationale dédiée au recrutement en DNM, dans son 7e rapport annuel publié le 18 mars 2025. Pour rappel, le CESPM a vu ses missions élargies après la publication de son rapport de 2024 afin d’également prendre en compte la plateforme Mon Master, devenant ainsi le "Comité éthique et scientifique Parcoursup et Mon Master" (lire sur AEF info). Gilles Roussel, président du comité, explique en conférence de presse que ses membres ont bien remarqué que les aspects à améliorer sur Mon Master "correspondent pour beaucoup à ceux que Parcoursup a fait évoluer" depuis sa création.
Mon Master : une aide au pilotage avec la phase complémentaire
Alors que la réforme de l’entrée en master a été votée en 2016, "la plateforme Mon Master n’a pas connu les polémiques suscitées par la mise en place de Parcoursup" lors de son lancement en 2023, estime le CESPM. Elle s’affirme ainsi comme une "aide au pilotage, en interne des établissements comme dans le rapport aux 'tutelles'", en recueillant dans un seul endroit des données nationales jusqu’alors "dispersées".
Cependant, le rapport souligne que la "vue synthétique" sur l’attractivité et le remplissage des formations, bien que techniquement disponible, n’est à ce jour pas réellement partagée entre les acteurs. Il est recommandé de "mettre en place un outil de partage des données de Mon Master afin d’alimenter le dialogue entre les établissements et les niveaux régional et national".
Le rapport revient notamment sur la première campagne de 2023, dénuée de phase complémentaire et qui a "connu des dysfonctionnements", avec notamment beaucoup de formations n’ayant pas classé assez de candidats et la relance de nombreuses phases de recrutement locales (lire sur AEF info). "Pour la deuxième année d’exploitation, les gestionnaires de Mon Master et les formations déclarent avoir tiré les leçons de la première année, avoir mieux estimé le taux de désistement et par conséquent avoir mieux ajusté le rythme des appels."
Diminuer le nombre de vœux possibles
"Si la plateforme offre une bonne performance pour la gestion des appariements, elle peut apparaître aux usagers comme apportant une complexité importante par l’accès à la totalité de l’offre nationale", estiment les auteurs du rapport, qui pointent le nombre autorisé de vœux. En effet, les candidats peuvent en exprimer jusqu’à 15 pour des formations sous statut étudiant, plus 15 autres pour l’apprentissage, le tout comptabilisé à la mention avec possibilité de candidater à tous les parcours proposés au sein d’une même mention. En 2024, les candidats ont en moyenne confirmé 10 candidatures, dont 8,4 sous statut étudiant et 1,6 en apprentissage (lire sur AEF info).
"Les responsables de formations et les étudiants ont perçu les inconvénients de la multiplication possible des vœux, qui alourdit inutilement le travail des commissions d’examen et peut inciter les candidats à multiplier les candidatures auxquelles ils savent qu’ils ne répondront pas. La conférence des vice-présidents en charge des formations dans les universités estime que le nombre de vœux possibles est peut-être excessif et, plus significatif encore, la Fage propose de diminuer ce nombre."
Un taux de remplissage variable
Esquissant une "première analyse des performances" de Mon Master, le CESPM établit que le pourcentage d’admis en 2024 (59,5 %) est légèrement supérieur à celui de 2023 (58 %). De plus, les candidats quittant la plateforme avec une proposition "sont moins nombreux en 2024, sans doute en conséquence de la création de la phase complémentaire" (11,5 % contre 14 %, soit respectivement 3 500 personnes contre 10 000).
Autre constat : 21 % des places offertes sur Mon Master sont restées vacantes en 2023 (35 460), contre 19 % en 2024 (33 836). "Cette légère amélioration masque des disparités qui persistent tant au niveau territorial que par mentions. En 2024, si 12 académies dépassent un taux de remplissage de 80 %, 8 sont en dessous de 70 %, en particulier en Outre-mer. Au-delà de l’attractivité des territoires concernés, il sera nécessaire d’observer les disparités entre offre et demande pour chaque formation et chaque domaine de formation, voire chaque territoire. Cela peut constituer un outil majeur pour les concertations sur l’offre de formation."
Une autre manière d’analyser les taux de remplissage tient au détail des mentions. Ainsi, en 2023, la plateforme offre 320 mentions contre 315 en 2024. "En 2023, 112 mentions avaient un taux de remplissage inférieur à 80 % et 100 en 2024. À elles seules, elles concentrent plus de 70 % des places vacantes. Pour les deux campagnes, trois mentions se distinguent : les deux mentions Meef second et premier degré, et LLCER. Ces trois mentions concentrent près de 35 % des places vacantes."
La problématique de l’apprentissage
"La gestion des admissions dans les formations par apprentissage [13,5 % de l’offre en 2024] est potentiellement une des sources de places vacantes en raison des contraintes spécifiques de leur calendrier", explique également le CESPM. En effet, le système de l’apprentissage sur les masters fonctionnait ainsi l’an dernier : pas de classement, mais une séparation entre candidats non admis ou placés en "recherche de contrats". Les candidats dans ce deuxième cas cherchent une entreprise, et "c’est le premier arrivé qui est le premier servi, ce que déplorent certaines équipes pédagogiques".
Seulement, la loi sur l’apprentissage fixe le délai maximum pour trouver un contrat d’apprentissage à 3 mois après le démarrage de la formation, soit en général dans le courant du mois de décembre, une "latitude" qui n’est pas sans conséquence "sur le taux de remplissage et sur la vitesse de la procédure". Pour rappel, à partir de la session 2025, les formations en apprentissage vont également devoir classer les candidats (lire sur AEF info).
En conséquence, le CESPM formule la recommandation suivante : "permettre aux établissements d’enseignement supérieur de gérer la fongibilité entre les deux capacités d’accueil pour les formations de master offrant les deux modalités (apprentissage et statut étudiant), au cas où une modalité se retrouverait avec des places vacantes sans candidats, comme cela se fait pour Parcoursup".
Ne pas ouvrir le recrutement en dehors des DNM
"La question de l’élargissement de la plateforme Mon Master à d’autres diplômes que les DNM pourrait se poser : faut-il qu’y figurent toutes les formations diplômantes bac +5, tous les masters, mastères, et autres 'masters of' ?", expose le CESPM, qui répond très vite à la question : non, mieux vaut "ne pas ouvrir la plateforme Mon Master aux formations qui ne conduisent pas à un DNM mais ajouter, pour information, les masters qui ne recrutent qu’en formation continue comme cela est fait cette année pour les masters à recrutement purement international."
Sur un autre sujet, le CESPM estime que "la qualité de l’orientation dans les établissements demeure à améliorer, de même que la précision de l’information donnée sur la plateforme". En effet, "les médiateurs académiques constatent beaucoup de déceptions, et donc de critiques, qui tiennent en partie à ce que des étudiants, trop peu informés et parfois mal conseillés par leurs enseignants et institutions de premier cycle, formulent des vœux qui n’ont aucune chance de recevoir une réponse positive".
Les recommandations
Voici les autres recommandations du CESPM concernant Mon Master :
- Conforter ou mettre en place une information réaliste et honnête réalisée par les enseignants et les responsables de filières ainsi qu’une véritable aide à l’orientation sur les suites d’un BTS, d’un BUT, d’une CPGE, d’une licence, d’un bachelor ou de toute autre formation de premier cycle.
- Améliorer encore la clarté, la lisibilité et la complétude des informations disponibles sur la plateforme Mon Master afin que les candidats soient encore mieux informés et mieux guidés sur leurs possibilités de candidature et de saisine en fonction de leur situation.
- Avertir les étudiants dès la page d’accueil de Mon Master des restrictions de conditions pour la saisine.
- Publier systématiquement dans Mon Master un rapport de jury de recrutement pour chaque master.
- Assurer l’examen des candidatures aux formations de master par des commissions composées d’au moins trois personnes.
- Toujours permettre que les entretiens de sélection en master puissent se tenir par visioconférence.
- Inciter les établissements à tirer parti de l’expérience des deux premières sessions de Mon Master, et de celle de Parcoursup, pour la gestion du classement des candidats et de celle des listes d’appel.
- Diminuer le nombre de vœux possibles en master après une concertation avec les parties prenantes. Celle-ci devrait être couplée à une réflexion sur l’accompagnement à l’orientation en licence afin que les candidats construisent mieux leurs candidatures, de façon plus éclairée, et que leur classement par les formations en devienne plus pertinent.
- Continuer à ouvrir le fonctionnement de Mon Master à des experts externes afin de maintenir la garantie de transparence des traitements effectués par la plateforme. Étudier la mise en place d’une remontée informatisée des notes des établissements d’origine des candidats vers la plateforme.
- Amplifier le partage d’expérience et de perspective, déjà amorcé, entre Mon Master et Parcoursup. Mettre progressivement en commun de futures actions de développement. Unifier la présentation des algorithmes et de leur rôle entre les deux plateformes. La présentation de l’algorithme d’appariement pourrait être commune.

SOURCE : AEFINFO

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