"Ne pas décrocher" : ces étudiants recalés de Parcoursup qui trouvent une seconde chance grâce à la classe PaRéO

Ils n'ont pas trouvé de formation sur Parcoursup ou souhaitent changer d'orientation. Pour ces étudiants laissés sur le bord du chemin, une formation méconnue leur offre une deuxième chance : la classe PaRéO. À Lyon, l’Université catholique (Ucly) est la seule à proposer ce diplôme universitaire dans la région. Pour Amélie et Chloé, deux anciennes étudiantes, cette formation a tout changé.
Refusée partout, même à la classe PaRéO
Septembre 2024. Tandis que plus de trois millions d’étudiants font leur rentrée dans l’enseignement supérieur, Amélie, elle, reste sur le carreau. Comme plus de 13 000 lycéens cette année-là, elle est ce qu’on appelle une “sans fac” : aucun de ses vœux sur Parcoursup n’a été accepté.
“J’étais refusée dans certaines formations ou bien trop loin dans la liste d’attente dans d’autres”, raconte-t-elle. Pourtant, avec un bac ST2S et une moyenne correcte autour de 12/20, la jeune femme ne s’attendait pas à se retrouver dans cette situation. « Ce qui est assez drôle, c’est que j’ai même été refusée à la classe PaRéO », ajoute-t-elle, un brin amère. Ironie de l’histoire : c’est justement cette formation qui, un an plus tard, lui ouvrira la porte de ses études en psychologie.
Pour Amélie, le verdict de Parcoursup est vécu comme une profonde injustice : “Je sais ce que je veux faire, je suis prête à me donner les moyens, mais non, on me refuse.” Ce sentiment d’exclusion, elle l’explique aussi par le fonctionnement même de la plateforme : “Ils regardaient plus les notes qu’autre chose alors que j’avais toujours de bonnes appréciations.”
Face à l’impasse, la jeune femme active alors la CAES (Commission d’accès à l’enseignement supérieur), un recours prévu pour les élèves sans affectation. “C’est ma mère qui avait trouvé la PaRéO au moment de faire mes vœux. Elle m’a dit : ‘tu devrais mettre ça au cas où’”, se souvient-elle. Un choix judicieux qui lui permettra finalement d’intégrer la formation après un ultime rebondissement.
Une bouée de sauvetage méconnue
Le Diplôme Universitaire (D.U.) PaRéO – pour “Passeport pour Réussir et s’Orienter” – fait partie des rares formations passerelles proposées en France. Il s’adresse aux jeunes sans affectation, mais aussi à ceux qui, comme Chloé, réalisent en cours de route qu’ils se sont trompés d’orientation.
En 2023, Chloé, alors âgée de 19 ans, s’inscrit en droit à l’Ucly. Mais très vite, le doute s’installe : « Quand on sort du lycée, c’est compliqué de se projeter dans une formation qu’on est censé suivre pendant cinq ans. » Au bout d’un mois et demi, elle décide de tout arrêter. Se réorienter directement n’étant pas possible, elle cherche un “plan B” pour ne pas rester sans solution. C’est là qu’elle découvre la classe PaRéO.
“Changer de formation en cours de route ce n’était pas possible, et mes parents ne m’auraient pas laissé ne rien faire pendant un an”, explique-t-elle. « Quand j’ai entendu parler de la formation, j’ai sauté sur l’occasion. »
"Une manière de ne pas se retrouver isolé"
Pour les deux étudiantes, cette année prend des airs de respiration bienvenue après des années de lycée compliquées. Dyslexique, Amélie confie avoir “énormément souffert” dans ses études secondaires. La PaRéO représente pour elle “une année de transition, plus légère, entre le lycée et les études supérieures”, une année qui lui permet surtout de ne pas décrocher.
“Ce qui m’a parlé dans ce D.U., c’est que l’on offre une opportunité aux jeunes de ne pas décrocher du système”, confirme Lisa, enseignante d’anglais au sein de la formation. Elle dispense une vingtaine d’heures de cours par semestre, et s’adapte aux profils : conférences en anglais sur des sujets variés, séances autour des centres d’intérêt de chacun. “Le niveau est très bas, admet-elle. Beaucoup de scientifiques ont un rapport très utilitaire aux langues. J’essaie de leur faire comprendre que l’anglais, c’est aussi une ouverture sur le monde et un atout dans leur futur métier.”
Un parcours quasi-sur-mesure
Autour d’Amélie et Chloé, une petite vingtaine d’étudiants aux profils divers : “Il y avait beaucoup de réorientations”, se souvient Chloé. La plupart visent ensuite des études en droit, en biotechnologie ou dans le secteur de la santé.
Pendant quatre mois, ils alternent entre cours de français, d’anglais, de culture générale, et ateliers de méthodologie pour reprendre confiance. L’objectif est clair : leur redonner des bases solides pour réussir leur orientation.
“Le premier semestre, c’était la théorie, et le second, la pratique”, explique Chloé. Dès janvier, immersion dans de vrais cours universitaires, en droit, sciences humaines ou lettres. “On se mettait dans la peau des étudiants en première année”, complète Amélie. À la différence près que les horaires sont allégés : « Parfois on n’avait cours que le matin ou que l’après-midi. Ça nous laissait du temps pour faire autre chose. »
Ce temps, Amélie le met à profit pour suivre une formation à distance en psychologie. Chloé, elle, s’investit dans l’association de journalisme de l’Ucly.
Des stages pour confirmer son choix
La formation prévoit également deux stages. Amélie effectue le premier au service pédiatrique de l’hôpital de Villefranche-sur-Saône, puis le second dans un service psychiatrique. Ces expériences seront décisives : “J’ai beaucoup échangé avec les infirmières. Ça m’a permis d’élargir mes perspectives, même si mon objectif restait la licence de psychologie.”
Un accompagnement personnalisé sur Parcoursup
Le cœur du dispositif reste l’accompagnement des étudiants pour retenter Parcoursup, cette fois mieux armés. “On avait énormément de personnes autour de nous”, souligne Chloé. CV, lettre de motivation, stratégie de classement des vœux, préparation à d’éventuels entretiens : les étudiants sont entourés à chaque étape.
L’effet est immédiat : « On avait une meilleure vision de la plateforme, on abordait ça avec plus de recul qu’au lycée », explique Amélie.
En un an, ses résultats changent du tout au tout. Si elle n’a toujours aucun vœu accepté immédiatement, elle grimpe rapidement dans les listes d’attente. “Je n’avais pas de refus. C’était déjà un gros progrès.” De la 700e place l’année précédente, elle se retrouve entre la 150e et 200e place selon les établissements visés.
Finalement, le 7 juin, le soulagement arrive : Amélie obtient son premier choix, une licence de psychologie à l’Ucly. « Mon père s’inquiétait beaucoup. Cette fois, il était rassuré. »
Chloé, quant à elle, a également constaté une nette différence entre ses deux candidatures : « La première fois, j’avais attendu quatre jours pour avoir une réponse positive. L’année suivante, avec quasiment le même dossier, j’ai été acceptée tout de suite. La seule différence, c’est que j’avais ajouté la PaRéO. »
Une formation invisible, même dans son propre établissement
À la rentrée 2023, il existait encore 26 classes PaRéO en France. Aujourd’hui, de nombreuses ont fermé, et les subventions se raréfient. “C’est une formation mal prise en compte par les établissements”, regrette Claire Brun, directrice de la formation à l’Ucly. Pourtant, les résultats sont là : “Ils reprennent confiance, arrivent avec un projet mieux défini. On a même eu un étudiant iranien qui a fini par intégrer médecine après sa deuxième tentative grâce à la PaRéO.”
Mais le dispositif souffre d’un terrible manque de visibilité. “Ce sont souvent des parents qui tombent dessus après des heures de recherche sur internet”, déplore Claire Brun. Même lors des salons étudiants, la formation reste invisible. “J’étais allée au stand de l’Ucly, et même les personnes qui le tenaient ne connaissaient pas la formation”, se souvient Chloé.
"On est dans un brouillard intense"
Pour Amélie, ce déficit de visibilité est incompréhensible : « Je trouve ça dommage que dans les lycées, on ne parle pas de cette formation. On nous jette sur Parcoursup sans autre solution. Tout va très vite entre le bac, les vœux… On est dans un brouillard intense, et c’est déroutant. »
Aujourd’hui, Amélie ne regrette rien : « C’est un filet de sécurité. C’est OK de se laisser une année pour réfléchir. »
Chloé, elle, résume simplement : « Je ne regrette absolument pas. La PaRéO m’a clairement aidée. »

SOURCE : France3-regions

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