Niveau des élèves en mathématiques : une comparaison biaisée ?

La faiblesse du niveau en mathématiques des jeunes Français est régulièrement mise en avant, notamment suite aux résultats de l’étude internationale TIMSS 2023 (Trends in International Mathematics and Science Study). La situation semble particulièrement préoccupante en CM1, où les élèves français affichent un score bien inférieur à la moyenne de l’OCDE et de l’Union européenne, se situant loin derrière des pays comme la Pologne ou la Roumanie.

Toutefois, une analyse plus approfondie des données permet de nuancer ce constat.

Un échantillonnage et une participation qui biaisent les résultats

Un premier point à prendre en compte concerne la représentativité des échantillons. En France, presque tous les établissements sélectionnés – qu’ils soient publics ou privés – participent aux évaluations TIMSS. Ce n’est pas le cas dans certains autres pays où les établissements refusant de se soumettre aux tests sont remplacés, ce qui peut fausser les résultats en excluant les écoles les moins performantes.

De plus, le taux de participation des élèves en France atteint 97 %, contre des chiffres bien plus bas ailleurs :

• Roumanie : 60 %
• États-Unis : 76 %
• Pays-Bas : 77 %
• Canada et Royaume-Uni : 81 %

Ces différences jettent un doute sur la comparabilité des résultats, notamment en raison du possible biais de sélection dans certains pays.

L’âge des élèves : un facteur déterminant en mathématiques

Un autre paramètre souvent sous-estimé dans ces comparaisons est l’âge des élèves. Il est reconnu que la maturité a un impact significatif sur les performances scolaires, particulièrement en mathématiques.

Or, la France se distingue par un âge de scolarisation plus précoce. En CM1, les élèves français ont en moyenne 9,9 ans pour un score de 484, tandis que :

• Les Polonais affichent un score de 546, mais ont en moyenne un an de plus.
• Les Danois obtiennent 524 points à 10,4 ans.
• Les Suédois atteignent 530 points à 10,8 ans.
• Les Allemands, avec un âge moyen de 10,4 ans, enregistrent un score de 524.

Changer de méthode d’évaluation ?

Ces écarts d’âge doivent être pris en compte dans l’interprétation des résultats. Comme le montrent des recherches, notamment en Norvège, l’effet de l’âge est particulièrement marqué chez les jeunes élèves et tend à s’atténuer avec le temps. Dès lors, faut-il revoir la façon dont nous évaluons nos élèves ? Plutôt que de conclure trop rapidement à une défaillance du système éducatif français, il est nécessaire d’adopter une approche plus fine et de contextualiser les résultats internationaux.

Si le niveau en mathématiques des élèves français reste préoccupant, le "thermomètre" utilisé pour le mesurer n’est peut-être pas entièrement fiable.

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SOURCE : LE MONDE