“On essaie de capter les étudiants dès le début de leur cursus” : les IAE à la pêche aux alumni

Les Instituts d'Administration des Entreprises (IAE) souhaitent aujourd'hui rivaliser avec les grandes écoles de management privées, tant sur le plan académique que sur celui de l'insertion professionnelle. Cependant, un aspect reste à développer : leur réseau d'anciens élèves. Si le potentiel est bien là, ces réseaux ne sont pas encore aussi structurés que ceux des écoles privées. Néanmoins, plusieurs IAE ont déjà entrepris des démarches pour renforcer ce lien avec leurs anciens diplômés, convaincus des avantages d'un réseau d’alumni bien développé.

Les réseaux d’alumni : un levier de réussite pour les IAE

Les jeunes diplômés des IAE se tournent souvent vers leur responsable pédagogique de master pour réseauter. Ces responsables, en contact direct avec les anciens étudiants, jouent un rôle clé en facilitant les connexions professionnelles. Cependant, cette dynamique peut s'avérer fragile. Comme le souligne Arnaud Rivière, directeur de l'IAE Tours Val de Loire, “si le responsable du diplôme part à la retraite ou change de poste, on perd le réseau”. Cela a été un problème récurrent dans de nombreuses écoles où le réseau alumni n’était pas formalisé.

La volonté de renforcer et de structurer ce réseau fait partie des priorités des 38 écoles universitaires de management du réseau IAE France. L'objectif est d’assurer la pérennité des liens entre anciens et nouveaux étudiants, mais aussi de mettre en place des outils efficaces pour favoriser cette interaction.

Un réseau gagnant-gagnant pour les étudiants et les entreprises

L'IAE Pau-Bayonne a déjà pris des mesures concrètes en ce sens. Depuis 2023, l'école a mis en place un poste spécifiquement dédié au développement du réseau alumni. Vincent Lastelle, en charge de cette mission, décrit le réseau comme un système gagnant-gagnant : “Les étudiants en profitent pour construire leur réseau professionnel, et les entreprises ont un vivier d'alternants et de stagiaires”. L'école a choisi de cibler les étudiants dès le début de leur cursus, une approche jugée plus efficace que de chercher des anciens diplômés de plusieurs décennies. Cette stratégie semble porter ses fruits, puisque, en un an, l'outil de réseautage comptabilise déjà un millier de membres, sur les 7 000 diplômés de l’IAE Pau-Bayonne.

La valorisation des alumni : une approche gratuite et émotive

Un autre élément clé dans cette dynamique est la gratuité du service proposé aux anciens diplômés. Dans un secteur où la concurrence entre écoles est forte, cette approche permet de se démarquer. “Avant de penser à une offre payante, il faut d'abord fédérer les alumni et leur prouver que l'on leur apporte une réelle valeur ajoutée”, explique Arnaud Rivière. L’IAE Tours a adopté une démarche similaire, en mettant en place une offre de services gratuits à destination des jeunes diplômés. Parmi les actions proposées, on trouve des conférences pratiques comme “Comment négocier son salaire” ou encore “Booster sa page LinkedIn”. Ces événements ont pour but de soutenir les diplômés dans leurs premiers pas professionnels tout en renforçant le sentiment d’appartenance au réseau alumni.

Une stratégie à long terme pour pérenniser les relations avec les alumni

La mise en place de ces réseaux d'alumni ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour établir des liens solides et pérennes, mais aussi pour convaincre les diplômés de revenir vers l’école. Comme le souligne Arnaud Rivière, l'IAE Tours, qui forme 250 diplômés par an depuis sa création en 1996, a su tirer parti de l’évolution de l’institut, en 2022, pour renforcer son réseau d’alumni. Cette évolution a permis de mieux gérer les relations avec les entreprises partenaires, tout en consolidant les liens avec les anciens élèves.

En définitive, pour les IAE, la gestion du réseau alumni représente un enjeu stratégique majeur. Il s’agit non seulement de soutenir les diplômés dans leur parcours professionnel, mais aussi de renforcer la notoriété de l’école et d’assurer sa pérennité sur le long terme.

SOURCE : LE MONDE