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ÉDUCATION
20
February 2025

"On manque d'ingénieurs en France" : l'EPF veut retrouver 50 % d'étudiantes

L'école d'ingénieurs, qui compte un campus à Troyes (Aube), lance cette année ParityLab, une alternative au concours d'entrée pour les bachelières. Objectif : favoriser l'accès des filles aux études scientifiques tout en maintenant un haut niveau d'exigence.

Une école centenaire qui évolue avec son temps

Fondée en 1925 par l'ingénieure féministe Marie-Louise Paris, l'École polytechnique féminine, devenue l'EPF en 1994, accueille aujourd'hui plus de 2 700 étudiants sur ses cinq campus : Paris-Cachan, Montpellier, Troyes, Saint-Nazaire et Dakar. Historiquement réservée aux femmes, l'école est devenue mixte en 1994.

Cette ouverture a entraîné un changement dans la répartition des effectifs. "On est à 30 % de filles, ce qui est au-dessus de la moyenne nationale des écoles d'ingénieurs, qui tourne autour de 22 %. Mais l'objectif est de retrouver un équilibre à 50 %", explique Céline Blondeau, directrice du campus de Troyes. Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation féminine : "Les filles peuvent avoir du mal à s'imaginer en école d'ingénieurs, et il y a une désaffection générale pour les sciences. On essaie d'y remédier, d'autant qu'il manque 10 000 ingénieurs par an en France. Et si les femmes peuvent contribuer, c'est encore mieux, car leur regard est recherché par les entreprises."

ParityLab : un parcours d'entrée pensé pour les filles

Pour inverser la tendance, l'EPF met en place ParityLab, un nouveau parcours d'admission accessible sur Parcoursup aux futures bachelières ayant suivi des spécialités scientifiques. Contrairement aux concours classiques, ce dispositif ne comporte pas d'épreuves écrites. "Ce parcours propose une évaluation sur dossier, des entretiens et des mises en situation entre filles sur des problèmes techniques. Ensuite, tout un accompagnement sur cinq ans est prévu pour renforcer la confiance en soi, apprendre à travailler en mixité, négocier son salaire... avec aussi une sensibilisation des garçons à ces enjeux", précise Céline Blondeau.

Un biais statistique dans le concours Avenir

Les candidates peuvent toujours passer le concours Avenir, qui regroupe sept écoles d'ingénieurs françaises. Mais ce mode de sélection comporte un biais statistique. "Les questions à choix multiples sont sanctionnées par des points négatifs en cas de mauvaise réponse. Or, les études montrent que les garçons répondent même quand ils ne savent pas, alors que les filles préfèrent ne pas répondre du tout. Résultat : à compétences égales, un garçon obtient souvent un score plus élevé qu'une fille", analyse la directrice.

Un accueil favorable des associations féminines

Cette approche est saluée par l'association Elles bougent, qui promeut la mixité dans les études scientifiques. "Cela peut prêter à débat, car la discrimination positive reste un sujet sensible. Mais l'analyse de l'EPF est juste : les filles s'autocensurent souvent et perdent du temps par manque de confiance. Adapter les modalités d'admission pour leur donner toutes leurs chances me semble une bonne piste", estime Émilie Colas, déléguée régionale de l'association en Champagne-Ardenne.

Par ailleurs, des initiatives de sensibilisation se multiplient pour encourager les jeunes filles à s'orienter vers les sciences. "Elles bougent travaille beaucoup sur l'orientation en faisant découvrir les métiers d'ingénieur et de technicienne. On organise aussi des visites d'entreprises pour leur montrer concrètement ce que cela implique", ajoute Émilie Colas.

Encourager les vocations dès le lycée

Un des enjeux majeurs reste d'éviter un premier écrémage bien avant l'admission. "Faire des maths en seconde, première ou terminale n'est pas évident pour tout le monde. Il faut se projeter, avoir de la ténacité, et cela peut freiner certaines", constate Éléonore, étudiante en 3e année.

Pour renforcer l'attractivité des écoles d'ingénieurs auprès des lycéennes, l'EPF met en place un dispositif d'immersion. "Nous allons accueillir une dizaine de lycéennes pour un stage de seconde : une semaine sur le campus pour découvrir les métiers d'ingénieur et une semaine en entreprise", annonce Céline Blondeau. Elles auront l'occasion de découvrir des parcours inspirants de femmes ayant choisi l'ingénierie et les sciences, une façon de leur montrer que leur place est aussi dans ces formations d'excellence.

SOURCE : LE PARISIEN

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