Opco Santé : l’apprentissage atteint un palier en 2024

Un léger ralentissement malgré une dynamique globale

Selon le rapport d’activité 2024 de l’Opco Santé, publié le 8 avril 2025, le nombre d’apprentis a légèrement progressé de 2,4 % avec 14 666 contrats enregistrés sur l’année. En revanche, la baisse des contrats de professionnalisation se confirme : 1 901 bénéficiaires, soit une diminution de 14,6 %. Parallèlement, la ProA poursuit sa montée en puissance avec plus de 2 150 actifs formés (+13,7 %), confirmant son rôle clé dans les parcours de qualification et de promotion professionnelle.

Globalement, près d’un salarié sur deux du champ couvert par l’Opco a bénéficié d’une formation en 2024, soit 727 818 personnes formées (+15 % par rapport à 2023). Le montant total engagé par l’Opco Santé s’élève à 619,4 millions d’euros, dont 247,1 millions en engagements volontaires, 113,2 millions en fonds conventionnels, 10,5 millions pour la formation des travailleurs en Esat et 15,4 millions pour les engagements légaux envers les PME et TPE.

Un soutien accru aux petites structures du secteur

"Nous consacrons 80 M€ aux TPE et PME qui disposent de peu de moyens pour former", explique Jean-Pierre Mercier (Fehap-Axess), président de l’Opco Santé. Il insiste sur l’importance des accords de branche sur les fonds conventionnels pour répondre aux besoins des structures de moins de 20 salariés. L’Opco a d’ailleurs mis en place un dispositif spécifique pour accompagner la formation dans ces entités, souvent sans service RH dédié.

Près de 80 000 apprentis financés depuis 2019

Les dépenses liées à l’apprentissage atteignent 190,3 millions d’euros en 2024, en baisse de 2,6 %, tandis que le nombre de contrats progresse (+2,4 %). Cette stabilisation des effectifs, amorcée en 2023, marque un tournant après une forte croissance post-réforme de 2018. "Depuis cette réforme, nous avons financé près de 80 000 parcours d’apprentis", indique Rémy Mazzocchi, directeur général de l’Opco Santé. Il souligne le rôle fondamental de l’alternance comme outil d’intégration et de fidélisation, tout en exprimant des inquiétudes sur les incertitudes budgétaires à venir.

L’alternance menacée par les incertitudes de financement

"Il est trop tôt pour se prononcer sur l’évolution de l’alternance en 2025", prévient Rémy Mazzocchi. Il rappelle que les diplômes du secteur sont longs à obtenir et dépendent largement des fonds conventionnels. "Notre inquiétude porte sur le financement, notamment le reste à charge pour les diplômes de niveau 6 et 7, qui représentent 40 % de nos parcours."

Forte baisse pour les contrats de professionnalisation

Les engagements liés aux contrats de professionnalisation chutent de 16,6 % à 19,5 millions d’euros. Le nombre de bénéficiaires baisse également : 1 901 en 2024 contre 2 226 en 2023. Cette baisse est en partie due à la suppression de l’aide au recrutement, décidée par décret le 1er mai 2024.

La ProA poursuit sa progression dans le secteur

Le dispositif ProA a permis à 2 153 personnes de suivre une formation en 2024, soit une hausse de 13,7 %. Le montant engagé atteint 20,2 millions d’euros (+12,8 %). Ce succès repose en grande partie sur les branches professionnelles, qui financent désormais 60 % du dispositif via leurs fonds mutualisés.

"Je plaiderai pour la pérennité de ProA", déclare Éric Deniset, vice-président de l’Opco Santé. Il déplore les promesses non tenues de 2024 dans le cadre du plan de relance, finalement honorées par les fonds conventionnels. Il insiste sur l’importance de la promotion interne dans les métiers du secteur.

Les alternants préparent surtout des diplômes d’État

Les engagements liés à l’alternance baissent de 3,4 % en 2024, pour atteindre 233,2 millions d’euros. Les diplômes d’État du sanitaire, social et médico-social dominent largement. Parmi les bénéficiaires, 3 905 ont préparé le diplôme d’aide-soignant, dont 2 768 via l’apprentissage, 330 en contrat de professionnalisation et 807 par ProA.

La formation d’éducateur spécialisé a concerné 2 030 personnes, dont 1 927 en alternance. Le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social a été suivi par 1 764 alternants (896 en apprentissage, 563 en contrat pro, 305 via ProA). Le diplôme de moniteur éducateur a été préparé par 1 072 actifs, dont 788 en apprentissage. Enfin, 390 alternants ont entamé un parcours d’infirmier, très majoritairement par l’apprentissage.

Une stratégie partenariale pour alléger le reste à charge

Face aux tensions budgétaires, l’Opco Santé a renforcé ses partenariats. Le total des cofinancements atteint 23,1 millions d’euros, en légère baisse par rapport à 2023 (23,5 M€). "Les partenariats doivent faciliter l’accès aux dispositifs et simplifier les démarches", explique Rémy Mazzocchi. Il regrette la diminution des financements nationaux, mais note une augmentation des partenariats régionaux.

Des conventions régionales en hausse constante

En 2024, les délégations régionales de l’Opco ont signé 22 conventions, mobilisant 2,8 millions d’euros (contre 1,9 M€ en 2023). Les partenariats avec les ARS représentent 2 M€, ceux avec les Dreets 509 684 €, et les conseils régionaux 335 378 €.

Du côté des partenariats nationaux, la DGCS reste le principal contributeur (10,4 M€ pour les travailleurs handicapés en Esat), suivie de la CNSA (7,6 M€) et France Travail (2 M€). Le FNE-Formation contribue à hauteur de 937 371 €, les Edec à 151 676 € et l’Agefiph à 17 907 €.

Un baromètre attendu pour définir la stratégie 2026-2028

Avant fin 2025, l’Opco Santé publiera son nouveau baromètre emploi et formation, le précédent datant de 2022. Ce document servira de base pour le plan stratégique 2026-2028. Les négociations de la nouvelle convention d’objectifs et de moyens (COM) débuteront à la rentrée scolaire prochaine.

SOURCE : AEFINFO