Orientation et apprentissage : la Fnadir appelle à une mobilisation collective

À l’occasion de sa journée nationale d’information et d’échange, le 5 juin 2025 à Paris, la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de CFA/OFA) a placé l’orientation au cœur du débat. Un thème abordé dans le prolongement d’une rencontre avec des parlementaires la veille, et alors que la ministre Élisabeth Borne dévoilait son propre plan national pour l’orientation scolaire.
Intitulée « L’orientation, le défi sociétal à relever », cette journée a mis en lumière les tensions, lacunes et expérimentations prometteuses dans le domaine de l’orientation. Deux tables rondes ont permis d’identifier des pistes d’amélioration concrètes, en insistant sur la complémentarité entre le monde de l’éducation, les acteurs régionaux et les branches professionnelles.
L’orientation, une équation à résoudre pour les jeunes
La première table ronde intitulée « L’orientation, une équation à résoudre » a dressé un état des lieux critique. Pour Alban Margueritat, délégué national de la Fnadir, l’orientation reste un processus mal compris et anxiogène :
« Une enquête OpinionWay montre que plus de 70 % des jeunes se disent angoissés par leur orientation, et seulement 35 % sont satisfaits des choix qui leur ont été proposés. »
Cathy Ranoux, membre du bureau de la Fnadir, pointe une gouvernance de l’orientation « encore trop floue », entre Régions, Éducation nationale, structures consulaires et initiatives privées. Une clarification des rôles et de l’offreest essentielle selon elle, tout comme la nécessité de « rendre les jeunes acteurs de leur parcours, plutôt que simples exécutants ».
Orientation : repenser les méthodes pédagogiques
Au-delà de l’offre, la méthode et la pédagogie de l’orientation ont été longuement discutées. Pour Robert Dufour, trésorier de la Fnadir, il faut adapter l’approche aux mécanismes cognitifs et émotionnels des jeunes :
« Jusqu’à 25 ans, c’est l’émotion qui guide. L’intuition et la raison sont moins développées. Il faut donc capter l’attention autrement. »
Les intervenants s’accordent sur un point : l’immersion dans les métiers est un levier puissant pour construire une orientation choisie, et non subie. Loin des injonctions descendantes, il s’agit de faire vivre le métier aux jeunes, en leur permettant d’expérimenter, de ressentir et de se projeter.
L’apprentissage comme outil contre le déterminisme social
Pour Florence Bar Ledieu, secrétaire de la Fnadir, l’apprentissage est un véritable outil d’égalité des chances :
« L’apprentissage, parce qu’il permet l’immersion, est le premier vecteur de correction du déterminisme social. »
Elle souligne que l’orientation ne doit pas se limiter à aiguiller vers une formation, mais plutôt à construire un projet personnel et professionnel global, en lien avec les réalités économiques et les aspirations profondes des jeunes.
Des expérimentations régionales inspirantes
La seconde table ronde, « L’orientation, comment ? », a mis en lumière des initiatives concrètes. La région Normandiea été citée en exemple pour sa politique volontariste avec son Agence régionale de l’orientation et des métiers. Dotée de financements dédiés, cette structure autonome coordonne l’ensemble des acteurs de l’orientation et de la formation, et propose aux jeunes des immersions en entreprise, sur plateaux techniques ou via des outils numériques.
« On entre dans la formation par le métier, puis on découvre les voies pour y accéder », explique Laurence Leblanc, membre du bureau de la Fnadir.
Cette approche pragmatique et centrée sur le terrain renverse la logique traditionnelle, souvent trop abstraite pour les jeunes, et facilite leur compréhension des débouchés et des parcours possibles.
Une orientation mieux coordonnée au niveau territorial
Pour Alban Margueritat, la synthèse des échanges est claire : il faut penser l’orientation comme un parcours cohérent, et non comme une succession d’étapes isolées. Cela passe par une meilleure coordination territoriale, une coopération renforcée entre acteurs, et une valorisation du rôle des CFA dans l’accompagnement.
En conclusion, Robert Dufour rappelle un chiffre choc évoqué lors de la journée :
« Le coût de la mauvaise orientation en France serait estimé à 3 milliards d’euros par an. »
Un chiffre qui alerte sur l’urgence d’agir collectivement, à l’approche de l’élection présidentielle de 2027, pour faire de l’orientation un véritable pilier éducatif, social et économique.

SOURCE : AEF INFO

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