Parcoursup : en Nouvelle-Aquitaine, l’éloignement des pôles de formation freine les choix des candidats

Dans son 7e rapport, le Comité éthique et scientifique de Parcoursup et Mon Master consacre un focus à l’accès à l’enseignement supérieur en Nouvelle-Aquitaine. Résultat : dans cette région, la plus vaste de France, où 70 % des places disponibles via Parcoursup sont concentrées dans cinq pôles majeurs, la distance aux établissements de formation influence fortement les choix, les admissions et parfois même le renoncement des candidats, même lorsqu’ils obtiennent une réponse favorable. Le comité recommande notamment de revoir les critères d’attribution des logements étudiants et des places en internat pour les étudiants en CPGE et BTS.
Des données régionales précises à répliquer ailleurs
Les services de la région Nouvelle-Aquitaine ont contribué au rapport du comité en réalisant des cartes de l’accessibilité aux principaux pôles de formation, commune par commune. Des outils que le comité suggère d’étendre à d’autres régions.
Cinq pôles principaux concentrent 70 % des places
La majorité des formations Parcoursup sont localisées sur cinq pôles universitaires (Bordeaux-Talence-Pessac, La Rochelle, Limoges, Pau et Poitiers) qui couvrent quasiment toutes les filières. Le rapport identifie aussi 14 villes moyennes proposant une offre post-bac moins dense et diversifiée, représentant 18 % des places, ainsi que 101 sites essentiellement dédiés aux BTS (soit 12 % des places).
À niveau égal au bac, les candidats éloignés sont moins souvent admis
En raison de la grande superficie de la région, une partie des formations reste difficilement accessible sans déménagement ou longs trajets. En 2023, 40 % des néobacheliers vivaient à plus de 50 km d’un pôle majeur, et 20 % à plus de 80 km. À l’inverse, 30 % habitaient à moins de 15 km, dont 10 % directement dans un pôle majeur. En 2024, 15 % des candidats résidaient à plus de 40 km d’un pôle intermédiaire.
Les données montrent que, toutes mentions confondues, les candidats éloignés sont moins souvent admis dans les CPGE, les licences sélectives, les écoles supérieures ou les cursus PASS, et davantage en licences classiques ou formations courtes comme les BTS, BUT ou DE.
Une autocensure dans la formulation des vœux
Le comité souligne que ces écarts ne sont pas liés à une sélection plus stricte des établissements, mais aux choix des candidats eux-mêmes. Par exemple, 56 % des candidats proches avec une mention bien ou très bien formulent un vœu en CPGE, contre seulement 36 % parmi les candidats éloignés, alors que les taux d’acceptation sont similaires.
Même constat pour les formations courtes
Les écarts se retrouvent aussi chez les bacheliers STMG. Dans un pôle intermédiaire proposant un BUT "services", 72 % des candidats proches sont admis contre 64 % des candidats éloignés. Ces derniers reçoivent plus souvent des propositions en BTS et moins en BUT, là encore en lien avec des vœux plus restreints : 65 % des proches font un vœu en BUT, contre 51 % des éloignés.
La contrainte du logement, facteur majeur d’inégalités
Le comité reconnaît que l’attachement au territoire ou certains freins culturels peuvent jouer un rôle, mais insiste sur l’impact des contraintes économiques, notamment en matière de transport et de logement. Les zones universitaires comme Bordeaux, La Rochelle ou Bayonne, qui concentrent 45 % des places, sont aussi des zones touristiques où les logements sont rares et chers.
Logement Crous : une grille de points à revoir
Le comité recommande d’étendre les analyses d’accessibilité réalisées en Nouvelle-Aquitaine à d’autres territoires, et d’adapter les critères d’attribution des bourses et logements étudiants. Actuellement, les "points de charge" accordés en fonction de la distance (1 point à partir de 30 km jusqu’à 249 km, 2 au-delà, etc.) sont jugés inadaptés. Leur poids dans les décisions reste trop faible pour réellement compenser l’éloignement.
Aide à la mobilité : dépasser les limites administratives
Le comité illustre une autre incohérence : un étudiant de Marmande, légèrement au-dessus du seuil de revenu, peut être moins bien placé qu’un candidat de Bordeaux pour obtenir un logement, bien qu’il soit obligé de déménager. Par ailleurs, l’aide de 500 € pour les boursiers qui s’inscrivent hors académie via Parcoursup ne tient pas compte des réalités géographiques. Par exemple, un jeune de Bressuire aura droit à l’aide pour un BUT à Cholet (36 km) car c’est une autre académie, mais pas pour une licence à Poitiers (72 km), dans la même académie.
Des candidats qui renoncent malgré une place obtenue
En Nouvelle-Aquitaine, 81,5 % des néobacheliers reçoivent une proposition d’admission sur Parcoursup, un taux supérieur à l’Île-de-France ou la région Paca, mais inférieur à celui de la Bretagne. L’écart s’explique notamment par un taux plus élevé de jeunes quittant la plateforme malgré une proposition : 13,1 % en 2023, soit 6 500 personnes, contre 5,5 % qui la quittent sans aucune proposition.
Pourquoi ces renoncements ?
Le rapport avance plusieurs hypothèses. La présence croissante de formations privées hors contrat, notamment à Bordeaux, peut attirer des jeunes en quête de réponses rapides. Certains lycées évoquent aussi un désintérêt pour les études longues. Le comité, lui, mise sur un découragement lié aux obstacles matériels et économiques.
Suivre les parcours pour mieux comprendre
Pour mieux comprendre ces renoncements, le comité encourage les lycées à analyser les trajectoires de leurs anciens élèves. Il salue le développement d’un web service entre Parcoursup et les bases élèves des établissements, permettant un tableau de synthèse des admissions. Un suivi de cohorte de bac-3 à bac+3 serait également "nécessaire", même si une tentative précédente a échoué pour des raisons juridiques.

SOURCE : AEF INFO

Nos réalisations
Découvrez nos références, nos réalisations et nos travaux pour des établissements.
C'est tout frais de nos experts

"ChatGPT nous oblige à redéfinir notre métier" : un professeur d’histoire-géo spécialisé en intelligence artificielle

Nouveau bachelor agro : les modalités détaillées dans des projets de décrets
