“Pas un métier de femmes” : quelles solutions pour que les jeunes filles trouvent leur place dans la tech

Les jeunes filles restent encore trop éloignées des métiers du numérique, souvent perçus comme réservés aux hommes. Pourtant, de nombreuses initiatives voient le jour pour inverser la tendance et encourager davantage de vocations féminines.
Lutter contre les stéréotypes de genre
Le plan « Filles et maths », présenté par Élisabeth Borne et déployé dès la rentrée 2025, vise à freiner le décrochage des filles dans les filières scientifiques. Formation des personnels, prévention des violences sexistes et mise en avant de rôles modèles : les actions prévues sont multiples et concrètes.
Contrairement à une croyance encore tenace, rien ne prouve scientifiquement que les hommes soient plus doués en mathématiques ou en informatique. Pourtant, selon la chercheuse Marion Monnet, 30 % des garçons et 18 % des filles croient encore à cette idée fausse. Ce stéréotype crée un phénomène appelé « menace du stéréotype », identifié en 1999 par les chercheurs Spencer, Steele et Quinn : lorsqu’un biais est évoqué, il influence directement les performances des personnes concernées.
Mettre en avant des modèles féminins inspirants
Pour combattre ces biais, plusieurs associations se mobilisent. C’est le cas d’Elles bougent, dirigée par Isabelle Huet, qui compte plus de 15 000 marraines sur tout le territoire. Le mouvement intervient de l’école primaire jusqu’à l’enseignement supérieur pour présenter les métiers de la tech et créer des vocations. Chaque marraine partage son expérience et aide les jeunes filles à se projeter dans ce milieu.
D’autres projets, comme Genre de sciences du Labo sociétal de Centrale Méditerranée, permettent à des étudiantes d’échanger avec des collégiennes et lycéennes. Les retours sont très positifs : certaines anciennes participantes reviennent témoigner, devenues elles-mêmes étudiantes dans la tech.
Réhabiliter les pionnières de l’informatique
Le plan « Filles et maths » souhaite aussi renforcer la présence de rôles modèles féminins à chaque étape du parcours scolaire. L’objectif : permettre à chaque lycéenne de rencontrer au moins une professionnelle du secteur chaque année.
Mais ces figures doivent également être plus visibles dans les médias et les programmes scolaires. Les grandes pionnières de la tech Ada Lovelace, Margaret Hamilton, Katherine Johnson ont souvent disparu des manuels. Pour Lolita Aboa, lauréate du prix de la femme ingénieure du numérique 2025, il est temps de « réintégrer les premières femmes ingénieures au récit collectif » et de « changer la manière dont on raconte les sciences ».
Former et sensibiliser l’ensemble de la société
Le changement doit venir de tous les acteurs. Les enseignants, d’abord, jouent un rôle majeur dans l’orientation. Le plan « Filles et maths » prévoit ainsi deux heures de sensibilisation aux biais de genre pour le personnel éducatif et une journée de formation supplémentaire pour les professeurs de mathématiques.
Les associations, comme Elles bougent, agissent aussi auprès des garçons et des parents pour déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge. Quant aux entreprises, elles peuvent ouvrir leurs portes aux collégiennes et lycéennes pour leur faire découvrir les métiers du numérique. « Une visite peut suffire à déclencher une vocation », souligne Isabelle Huet.
Créer des espaces de confiance entre filles
Certains experts recommandent de proposer ponctuellement des sessions non mixtes afin d’aider les jeunes filles à s’exprimer plus librement. « Les garçons prennent souvent plus facilement la parole, alors que les filles hésitent », observe Isabelle Huet.
Des projets d’équipes 100 % féminines, comme ceux proposés par certains collèges ou par l’école 42 avec ses piscines Discovery exclusivement réservées aux femmes, montrent des résultats encourageants. Plusieurs participantes affirment s’y sentir plus confiantes et plus légitimes.
Oser franchir le pas
Pour Lolita Aboa, ingénieure en informatique, la clé reste avant tout la curiosité et la persévérance. Après un parcours atypique, elle a découvert la programmation en autodidacte avant d’intégrer un cursus en statistiques et informatique. Son message est simple : « Tout le monde peut y arriver », quel que soit son passé.
Les étudiantes Asma, Inesse et Saïna, formées à l’école 42, partagent la même conviction. Selon elles, il faut « oser s’y intéresser par soi-même » et surtout « mettre de côté les préjugés ».
La tech ne se limite pas au code ou aux algorithmes : elle englobe aussi des domaines hybrides comme la bio-informatique ou la technologie médicale. Vulgariser et humaniser le numérique, c’est aussi montrer que la technologie a besoin de toutes les sensibilités pour construire le monde de demain.
L’enjeu n’est pas seulement de « laisser une place » aux femmes : il s’agit de bâtir une société plus juste, plus inclusive, et d’inventer une technologie pensée par et pour tous.

SOURCE : BFMTV.com

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