"Pause numérique" : des collégiens découvrent la vie sans portable

Reportage. Le collège Marceau-Lapierre, à Saint-Jean-du-Gard, fait partie des premiers établissements à expérimenter la mesure voulue par le gouvernement depuis mardi. Des photos de collégiennes dénudées qui circulent sur WhatsApp, une enseignante photographiée à son insu, un parent d’élève furieux de ne pas pouvoir joindre son enfant... Le village tranquille de Saint-Jean-du-Gard, 2 500 habitants, niché dans les Cévennes, ne semble pas touché par ces problématiques. Pourtant, comme partout en France, les élèves de ce collège sont accros à leur téléphone. Désormais, le portable sera totalement inaccessible aux élèves durant la journée scolaire, de leur entrée le matin à leur sortie le soir. Le collège est l’un des douze établissements de l’académie de Montpellier à tester la "pause numérique", une mesure voulue par l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet.
"Le directeur nous a expliqué la démarche"
"Le directeur est venu nous voir et il nous a expliqué la démarche", raconte Gabrielle, 13 ans, élève de 4e. "Il nous a demandé de poser le téléphone dans une boîte et nous a dit qu’on ne l’aurait pas pendant la journée. Moi, tant qu’on ne me le vole pas, ça ne me dérange pas. Je n’ai pas toute ma vie dedans." Tous les téléphones sont collectés chaque matin et rangés dans des boîtes en plastique, une par classe, qui sont ensuite enfermées à clé. Le principal, Hervé Pocino, précise que "personne n’y touche". Coût de la mesure : "Dérisoire, juste 12 boîtes achetées avec le budget du collège."
"On avait de plus en plus de mal à confisquer les téléphones"
Bien que les portables soient théoriquement interdits, l’équipe du collège avait essayé de nombreuses solutions : adoption d’une charte, campagne de sensibilisation, messages diffusés chaque matin. "On a aussi expérimenté la responsabilisation", explique Hervé Pocino, mais les résultats étaient décevants. "On devait faire régulièrement des rondes dans les toilettes", confie une assistante d’éducation. Le personnel notait de plus en plus d’agressivité chez les élèves et les parents. Certains élèves appelaient même leurs parents depuis les toilettes, provoquant des situations tendues.
Le déclic : un voyage scolaire
Un voyage scolaire à Strasbourg, en mai dernier, a marqué un tournant. "Nous avons fait signer une charte interdisant les portables pendant le trajet et les nuits en auberge de jeunesse", raconte Sébastien Chabrol, professeur d’histoire-géographie. Le résultat a été positif, les élèves étaient plus disponibles et les relations se sont améliorées. "On s’est dit que si cela marchait en voyage, ça pouvait fonctionner en classe."
"On n’avait pas le droit, mais on l’avait dans le sac"
Les élèves accueillent cette privation de manière mitigée. "Avant, on n’avait pas le droit, mais on l’avait dans le sac", explique Lucas, élève de 4e. Noëllie, 13 ans, estime que cela permet d’être plus concentré. Cependant, Lou-Anne, 13 ans, n’est pas convaincue : "On dirait qu’on est un peu des esclaves", proteste-t-elle. Les représentants des parents d’élèves, eux, ont validé l’expérience et exprimé leur satisfaction à la rectrice de l’académie de Montpellier, Sophie Béjean, venue visiter l’établissement.
Un test déjà concluant
La "pause numérique" avait déjà été testée l’an dernier au lycée de Sommières. Selon la rectrice, cela a permis de favoriser les interactions entre les élèves et d’améliorer leur concentration. Certains syndicats d’enseignants considèrent la mesure comme un "gadget", mais pour Sébastien Chabrol, c’est une mesure de protection et d’éducation aux médias, indispensable pour aider les élèves à mieux gérer leur utilisation des technologies.

SOURCE : LE POINT

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