Pédagogie : "La scolarisation déclenche un écart entre les genres en maths"

Dans une conférence au Collège de France sur le genre et les sciences, Pauline Martinot, médecin et neuroscientifique, a évoqué l’impact de la scolarisation sur les écarts de performance en mathématiques entre filles et garçons. En s’appuyant sur des données du dispositif Evalaide, elle explique que si les différences de niveau sont inexistantes en début de CP, elles émergent après quatre mois d’école, les garçons prenant progressivement l’avantage en mathématiques. Elle avance que cette corrélation pourrait être liée à l’environnement scolaire, qui semble favoriser davantage les garçons dans cette discipline.
Selon Pauline Martinot, plusieurs facteurs influencent ces écarts, comme l’anxiété plus élevée chez les filles, surtout dans des situations compétitives ou chronométrées. Les croyances et stéréotypes des enseignants, notamment des enseignantes anxieuses en mathématiques, contribuent aussi à cette disparité. Elle note d’ailleurs que les performances des filles chutent dans ces contextes, tandis que celles des garçons restent stables.
Les conclusions de cette étude ont cependant suscité des critiques. Mélanie Guenais, vice-présidente de la Société Mathématique de France, remet en question la fiabilité des méthodes et outils employés. Elle souligne que les tests, développés par des psychologues plutôt que des experts en mathématiques, pourraient ne pas évaluer correctement les compétences spécifiques dans cette discipline. Elle critique aussi le cadre de passation, qui pourrait désavantager les jeunes enfants encore peu habitués aux outils de test formels.
Au-delà des questions de méthode, Guenais soulève des préoccupations éthiques sur l’impact de ces évaluations, craignant qu’elles influencent négativement la relation des élèves aux mathématiques. Elle déplore également que cette étude puisse être utilisée pour imposer des pratiques pédagogiques spécifiques aux enseignants, au détriment d’un accompagnement plus personnalisé des élèves.
Les débats autour des évaluations en mathématiques reflètent une vision de l’école divisée entre une approche de pilotage par les chiffres et une volonté de diagnostic pédagogique. Les résultats des évaluations nationales de 2024 montrent une légère progression en mathématiques pour les CE1 et CM1, mais les syndicats appellent à une réflexion sur leur utilisation, dénonçant un système de mesure qui pourrait trop contraindre les enseignants.

SOURCE : AEFINFO

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