Pilotage de l'offre de formation : comment la Cour des comptes voit le rôle des COMP et de l'outil Quadrant

Le pilotage de l'offre de formation est l'un des "apports majeurs" des COMP, estime la Cour des comptes dans un audit flash publié le 14 mars 2025. Cependant, l'outil d'analyse de la performance sur lequel il s'appuie, Quadrant, présente des "limites méthodologiques". La Cour recommande d'ancrer davantage cet outil sur des indices de valeur ajoutée prenant en compte le contexte socio-économique des établissements et les évaluations du HCERES afin d'améliorer son accompagnement des établissements.
Un outil au service du pilotage de l'offre de formation
"L'un des apports majeurs [des COMP] concerne le pilotage de l'offre de formation", indique la Cour des comptes dans un audit flash publié le 14 mars 2025 (lire sur AEF info). Lancés en mars 2023 par le MESR, les COMP constituent "les premiers contrats dont les modalités s'inscrivent dans une perspective de responsabilisation des établissements d'enseignement supérieur", rappelle la Cour des comptes.
L'objectif de pilotage de l'offre de formation repose sur les métiers et filières identifiés par la Dares et France Stratégie dans leur étude "Prospective et métiers d'avenir", ainsi que sur les priorités de France 2030. Lors de la première vague de COMP, les établissements ont déployé cet objectif selon deux modalités principales : transformer, structurer et augmenter le nombre d'étudiants dans les filières concernées et, dans certains cas, créer de nouveaux parcours.
Avec la deuxième vague, le ministère a "exigé" des établissements qu'ils transforment leur offre de formation afin d'améliorer la réussite et l'insertion professionnelle des étudiants. Des indicateurs communs ont été mis en place pour identifier les formations "les moins performantes". Selon la Cour, "221 formations réparties entre 27 établissements auraient été identifiées pour être transformées à l'issue du contrat, touchant ainsi 47 095 étudiants".
Dès la troisième vague, le contrat doit intégrer systématiquement les indicateurs communs de transformation de l'offre de formation, incluant le nombre de formations à transformer sur la base de listes de "formations transformées, créées, supprimées".
Les limites méthodologiques de Quadrant
La Cour des comptes analyse également Quadrant, un outil mis en place par le ministère pour fournir aux établissements des données de performance comparative en matière de réussite étudiante et d'insertion professionnelle. Il repose sur trois indicateurs principaux :
- le taux de réussite au diplôme ;
- le taux de poursuite d'études des diplômés ;
- le taux d'insertion des diplômés (taux d'emploi à 6-12-18 mois après la sortie de formation, InserSup).
Quadrant permet ainsi de visualiser les performances des formations d'un établissement et de les comparer à celles d'établissements similaires. Toutefois, la Cour pointe plusieurs limites méthodologiques :
- Données obsolètes : les données exploitées datent de trois ans, ce qui peut conduire à des décisions basées sur une réalité dépassée.
- Absence de prise en compte du contexte socio-économique : l'analyse ne tient pas compte du profil des étudiants et du dynamisme du marché de l'emploi local.
- Données statistiques partielles : certaines formations, notamment en formation continue ou à distance, peuvent fausser les indicateurs de réussite.
La Cour recommande donc d'ancrer davantage Quadrant sur des indices de valeur ajoutée tenant compte du contexte socio-économique des établissements et des évaluations du HCERES.
Un délai d'appropriation nécessaire pour les établissements
L'audit souligne également un problème de calendrier. L'analyse de Quadrant a été transmise aux établissements de la deuxième vague en mars 2024, sans préavis, ce qui a suscité des critiques. Certains établissements ont reçu les résultats seulement quelques jours avant leur audience ministérielle, les laissant avec peu de temps pour analyser les formations ciblées.
Face à ces difficultés, le ministère a depuis allongé le temps de concertation. Ce nouveau cadrage a permis une augmentation significative des moyens attribués aux COMP : sur la première vague, le pilotage de l'offre de formation ne représentait que 15 % des fonds alloués (17,2 M€), alors qu'il en représente plus du quart sur la deuxième vague (27,9 M€).

SOURCE : AEFINFO

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