Les portables au collège, c’est vraiment un drame : la pause numérique arrive à la rentrée

Les téléphones portables au collège ont longtemps été source de débat en France. Avec des préoccupations croissantes concernant leur impact sur les jeunes, le gouvernement a décidé d'agir. La ministre de l'Éducation nationale a annoncé une expérimentation de la "pause numérique complète" dès la rentrée prochaine. Ce projet vise à saisir les téléphones portables des élèves dès leur arrivée au collège et à les leur rendre à la fin de la journée. Cette initiative, déjà discutée au printemps, a été confirmée par la ministre lors de son passage sur Sud Radio le 31 mai.

Prévenir les distractions et le cyberharcèlement

Les smartphones sont souvent accusés de distraire les élèves pendant les cours et de faciliter le cyberharcèlement. Les brimades filmées et publiées en ligne sont devenues un problème majeur. Les réseaux sociaux, accessibles via ces appareils, véhiculent également une vision déformée du monde, affectant la perception des jeunes. À la rentrée 2024/2025, au moins un collège par département participera à cette expérimentation. Avec environ 100 collèges impliqués sur les 6 950 présents en France en 2021, cette phase initiale touchera moins de 1,5 % des établissements. Nicole Belloubet, la ministre de l'Éducation nationale, a exprimé son souhait de généraliser ce plan à terme. Selon elle, "les portables au collège, c’est vraiment un drame", en raison de leur impact sur l'utilisation des réseaux sociaux et des conséquences parfois dramatiques qui en découlent.

Défis logistiques

La mise en œuvre de cette initiative nécessite une organisation rigoureuse. Il faudra prévoir des lieux sûrs pour stocker les téléphones et gérer efficacement leur collecte et redistribution quotidienne. La majorité des élèves étant inscrits dans des collèges de 300 à 600 places, cela représente potentiellement des centaines de terminaux à gérer chaque jour.
Un rapport de la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans, remis au président de la République fin avril, nuance les propos alarmistes de la ministre. Selon ce rapport, les syndicats enseignants, les fédérations de parents d'élèves et les chefs d'établissement estiment globalement que le cadre légal actuel sur l'interdiction des téléphones portables au collège est bien respecté et ne pose pas de problèmes majeurs. Les difficultés sont principalement "localisées ou ponctuelles".

Usage en dehors des cours

Le rapport indique que l'utilisation des téléphones par les collégiens se fait surtout en dehors des cours, notamment dans les toilettes, la cour de récréation ou aux abords des établissements. Les raisons invoquées par les élèves pour utiliser leur téléphone en classe sont souvent anodines, comme regarder l'heure ou répondre à leurs parents. La commission a proposé de réinstaller des horloges dans les salles de classe pour répondre à ce besoin.
Bien que l'idée de confisquer les téléphones puisse sembler radicale, elle reflète une tentative de répondre aux préoccupations croissantes sur les effets négatifs des smartphones sur les jeunes. Toutefois, il est essentiel de considérer les nuances et les résultats des expérimentations pour évaluer l'impact réel de cette mesure.
L'expérimentation de la pause numérique complète dans les collèges français marque une étape importante dans la lutte contre les effets négatifs des smartphones sur les jeunes. Bien que les défis logistiques et les avis divergents existent, cette initiative reflète une volonté de protéger les élèves et de promouvoir un environnement d'apprentissage plus sain. Les résultats de cette expérimentation seront déterminants pour décider de la généralisation de cette mesure à l'échelle nationale.