Pourquoi et comment le Cnam déploie ses micro-certifications

Ariane Fréhel, directrice nationale des formations du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), a annoncé le lancement de six premières micro-certifications, avec l’objectif de déployer une trentaine d'ici juin 2025, lors d'une interview accordée à AEF Info le 10 octobre 2024. L'expérimentation vise à "répondre à la demande ponctuelle d’acquisition de compétences ciblées". À long terme, il serait "souhaitable que les micro-certifications soient accessibles au CPF". Le Cnam considère également les micro-certifications comme un sujet prioritaire à aborder avec ses partenaires universitaires en Europe. Ariane Fréhel, membre du comité de pilotage du projet CMA (Compétences et métiers d’avenir) intitulé "Digital FCU", souligne les "convergences essentielles" entre ces projets.
Une réponse à une demande croissante
Ariane Fréhel précise que l'expérimentation des micro-certifications va monter en puissance tout au long de l’année. Avec six micro-certifications lancées à la rentrée et une trentaine en production, cette initiative répond à la demande croissante de formations plus courtes, en ligne, qui apportent des compétences opérationnelles aux professionnels déjà en activité.
De plus en plus de personnes, titulaires d'une licence ou d'un master, ne souhaitent pas nécessairement obtenir un second diplôme dans un domaine différent. Elles désirent plutôt se tenir à jour sur les évolutions de leur secteur d’activité. Les micro-certifications offrent ainsi un "shoot de compétences".
L'émergence des formations en ligne
Cependant, les actifs, bien qu'ils soient prêts à se former, manquent souvent de temps. Assister à des cours du soir, trois fois par semaine, ne leur convient plus. L’engouement pour les formations en ligne a donc augmenté, notamment depuis la période Covid et l'essor du télétravail. Cela concerne également les formations plus "classiques", où le Cnam intègre désormais des méthodes hybrides et des formations à distance, en complément du présentiel.
Une construction rigoureuse des formations
Pour élaborer ces formations, le Cnam a mis en place un cahier des charges strict, fruit d’un groupe de travail associant enseignants-chercheurs, ingénieurs pédagogiques et experts en certification. D’une durée de 7 à 30 heures, ces formations sont soigneusement scénarisées et visent l’acquisition de compétences. Elles respectent une progression pédagogique et incluent des évaluations continues ainsi qu'une évaluation finale. Le corps enseignant est composé d’enseignants-chercheurs du Cnam et de professionnels en activité.
Les apprenants bénéficient d'une grande flexibilité, avec un accès à la formation et aux évaluations à tout moment. En cas de validation, ils reçoivent un certificat matérialisé par un badge numérique, qui garantit et marque leur formation. Ce badge, facilement intégrable à un CV ou à un profil LinkedIn, comprend des métadonnées sur l’organisme, le contenu, la durée et les compétences attestées.
Des badges empilables mais pas de diplôme complet
En ce qui concerne la possibilité de "cumuler" des badges pour obtenir un diplôme formel, Ariane Fréhel précise que cela permettra d’obtenir un bloc de compétences existant, mais pas un diplôme complet. Certaines micro-certifications attribuent toutefois deux ou trois ECTS.
Coûts et financement par le CPF
Les coûts des badges varient : 30 euros de l’heure pour les formations 100 % en ligne et entre 70 et 90 euros de l’heure pour celles incluant du présentiel. Actuellement, les micro-certifications sont financées par l'individu ou son entreprise. En construisant un groupe de trois micro-certifications formant un bloc, ce dernier pourra être éligible au financement via le CPF.
L’objectif principal reste de répondre à la demande d’acquisition de compétences ciblées. Les premiers échanges avec des Opco et des entreprises montrent que cette approche est pertinente. Le Cnam a déjà commencé à développer des micro-certifications sur demande, avec des projets en collaboration avec le groupe bancaire BPCE et Orange dans les domaines de l’entrepreneuriat, de l’IA et de la cybersécurité.
Une collaboration européenne active
Concernant le projet European Academy for Continuing Education, qui n'a pas été validé, Ariane Fréhel assure que cela n'impactera pas la collaboration sur les micro-certifications. Ces dernières sont l’un des deux sujets prioritaires à aborder avec les partenaires européens. L'idée est de partager un cadre commun et une méthodologie pour concevoir ces micro-certifications, tout en travaillant sur la reconnaissance mutuelle entre établissements. Deux projets Erasmus+ ont été déposés, intégrant des micro-certifications dans les domaines de l’IA et de la médiation sociale.
Conclusion sur le projet Digital FCU
En ce qui concerne le projet Digital FCU, bien que le Cnam n’en fasse pas partie, plusieurs collègues sont impliqués. Ariane Fréhel, vice-présidente du réseau FCU, fait partie du comité de pilotage de ce projet. Les deux cadres communs de certification présentent des convergences essentielles, et le Cnam collabore avec ses partenaires dans le développement de cette nouvelle offre.

SOURCE : AEF INFO

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