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ÉDUCATION
29
November 2023

Pourquoi de plus en plus de grandes écoles obligent leurs étudiants à faire du bénévolat

Afin de pousser les étudiants à découvrir le monde associatif, un nombre croissant d'établissements d'enseignement supérieur créent des modules pour s'impliquer dans une cause sociale, sociale ou environnementale. Allant jusqu'à y conditionner l'obtention du diplôme.

Un « service d'engagement citoyen » : c'était l'une des annonces de réformes de la prestigieuse HEC Paris à l'occasion d'un entretien exclusif avec « Les Echos START » mi-juin 2023. Depuis la rentrée 2023, les étudiants du programme grande école devront consacrer au moins trente heures à une structure d'intérêt général, sur le terrain. Le scope est large : ESS, éducation, sciences, social, humanitaire, sport, culture, art, défense de l'environnement…

HEC n'est pas la seule à mettre en place ce bénévolat imposé. L'une des pionnières est sans doute Excelia à La Rochelle, qui entame la 19e année de la mission Humacité. Mission obligatoire depuis 2007. « Tous nos élèves doivent réaliser une expérience de bénévolat au sein de l'association ou de l'ONG de leur choix, en France ou à l'étranger, explique Caroline Hermet, directrice du master grande école et des MSc. Cela permet de travailler avec eux des compétences liées au management, à l'organisation, à l'engagement, à l'autonomie. À l'humain, bien sûr. Ils se retrouvent dans des environnements mouvants, différents de l'entreprise classique. »

Un « supplément d'âme » sur le CV

Adrien, étudiant à Excelia, a choisi une banque alimentaire à New York, attiré par les sujets liés à la sécurité alimentaire. D'ailleurs, il aimerait travailler à terme dans ce secteur. « J'ai adoré cette expérience. Elle m'a été ensuite précieuse lors de ma recherche d'alternance. Tous les recruteurs m'en ont parlé », explique-t-il. Et pour celles et ceux qui ne veulent pas en faire leur métier, « c'est un supplément d'âme sur un CV », assure la directrice de master.

De l'utilité d'un tel module, le groupe Omnes Education en est également convaincu. Depuis 2021, cinq de ses écoles l'ont imposé à leurs étudiants de première année (ECE, Inseec, ESCE, HEIP et Sup de Pub). Et d'ici à 2025, son « programme d'action citoyenne de terrain » sera obligatoire pour tous les primo-entrants de ses écoles, soit 10.000 jeunes.

Le principe : une immersion de deux mois dans une structure du Groupe SOS, qui regroupe des centaines d'associations (Handisup, Un Toit 2 Générations, 1.000 cafés…). « Pendant leurs études, les jeunes sont un peu dans une bulle protectrice. C'est important aussi de les projeter dans des projets réels de la société civile, de les aider à construire du sens et à acquérir des compétences comportementales. Cela permet ensuite à nos cours de s'ancrer dans leurs expériences de terrain », estime Pascal Vidal, directeur des programmes d'Omnes.

Association au choix

Point clé : les étudiants choisissent leur propre cause. Depuis 2017, à Centrale Nantes, tous les étudiants doivent réaliser 100 heures bénévoles durant leur première année de cycle ingénieur, soit trois heures par semaine ou trois à quatre semaines pendant l'été.

« Le choix de l'association leur appartient entièrement. Cette année, certains se sont engagés auprès du Rire Médecin, d'initiatives citoyennes contre le dérèglement climatique, contre la précarité, pour l'organisation de manifestations sportives ou humanitaires. Cela peut être aussi du tutorat de lycéens, des interventions autour de l'égalité femmes-hommes… », énumère Emilie Poirson, directrice adjointe. Et pour les aider à choisir, un forum des associations est organisé chaque début d'année.

Un dispositif qui complète le stage de connaissance du monde de l'entreprise, autrefois appelé « stage ouvrier », encore courant en école d'ingénieurs. « Le stage leur permet de découvrir le fonctionnement d'une organisation, c'est son premier objectif. En parallèle, avec le programme d'engagement, on leur demande d'agir, avec du sens citoyen, de s'ouvrir aux autres, de se sensibiliser aux difficultés que la société peut rencontrer… Et nous voyons qu'ils sont très demandeurs », souligne Emilie Poirson.

Une case à cocher ?

Si les écoles d'ingénieurs sont encore rares à rendre obligatoire le bénévolat, les écoles de management, elles, semblent plus motrices dans ce mouvement. Parmi elles, Esdes, Burgundy School of Business, ESI Business School ou encore emlyon. Cette dernière a créé un « programme engagement responsable », obligatoire pour les élèves de première année du programme grande école, depuis 2018.

Durant sa première année, Sibylle a choisi l'association Le Rocher Oasis des cités, tournée vers l'éducation populaire dans les cités, à travers le sport, la culture et l'insertion professionnelle : « Personnellement, j'avais déjà fait du bénévolat, mais c'est une bonne solution pour faire découvrir à d'autres le principe de donner de son temps. » Sibylle n'est pas certaine que ce soit un plus pour son CV, mais elle est convaincue qu'il est important dans notre société d'aujourd'hui de « savoir faire des choses gratuitement ». D'ailleurs, elle continue de son propre chef de consacrer du temps à l'association, depuis la fin du module.

Pour autant, tous les étudiants de ces écoles sont-ils de cet avis ? Quelques interlocuteurs nous confient qu'un fragment des promotions voit ces dispositifs comme « une case à cocher ». Dans l'une des écoles de commerce concernées, une candidate avait ouvertement lâché, à l'oral, ne pas voir pourquoi l'établissement imposait cela (autant dire qu'elle n'a pas été retenue). Heureusement, ces cas sont rarissimes, et la grande majorité des élèves joue volontiers le jeu. Le groupe Omnes, pour s'en assurer, a réalisé un petit sondage l'an dernier. Résultat ? Sur près de 2.000 étudiants, 95 % se déclarent satisfaits de l'expérience. Et un bon tiers souhaite poursuivre un engagement bénévole.

SOURCES : Les échos starts : https://start.lesechos.fr/apprendre/universites-ecoles/pourquoi-de-plus-en-plus-de-grandes-ecoles-obligent-leurs-etudiants-a-faire-du-benevolat-1992059 - Mis à jour le 14 nov. 2023 à 9:14 - Par Laura Makary

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