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ÉDUCATION
18
October 2024

Précarité : près d’un étudiant sur cinq a recours à l’aide alimentaire en 2024

Le baromètre annuel de l’association Cop1 Solidarité étudiante, qui propose des distributions gratuites de denrées alimentaires, de vêtements et de produits d’hygiène, s’inquiète des difficultés financières des étudiants depuis la crise sanitaire de 2020.

Solitude, difficultés à se nourrir et à se loger, manque d’accès aux soins… Les étudiants vont moins bien que l’an dernier, selon l’association Cop1 Solidarité étudiante. L’un des principaux acteurs de la distribution de produits de première nécessité publie ce 17 octobre sa quatrième enquête annuelle sur la précarité étudiante. « Avec le ralentissement de l’inflation depuis l’été, nous nous attendions à une amélioration de la situation des étudiants, déclare au “Nouvel Obs” Benjamin Flohic, qui a fondé Cop1 suite à la crise sanitaire de 2020. Pourtant, les prix restent très élevés et la rémunération des stages, comme le montant des bourses, n’ont pas suivi. »

Conséquences concrètes pour les étudiants

Le nombre d’étudiants ayant moins de 50 euros de reste à vivre par mois a augmenté de trois points par rapport à 2023 (27 % en 2024, contre 23 % l’année précédente). De plus, comme en 2023, un étudiant sur deux continue d’affirmer avoir déjà sauté un repas par manque d’argent. L’enquête révèle que 18 % des étudiants ont eu recours à l’aide alimentaire, tandis que 65 % y ont recours entre au moins une fois par semaine et plusieurs fois par mois. Elle montre aussi que 72 % des bénéficiaires de Cop1 ont déjà limité ou renoncé à des loisirs par manque de moyens, et que 75 % d’entre eux ont renoncé ou réduit leurs achats d’habillement. Enfin, 24 % des étudiantes déclarent ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques.

La solitude des étudiants en situation de précarité

La précarité financière est également synonyme de solitude pour ces jeunes adultes. « 41 % des étudiants se sentent seuls et cette solitude est directement liée à leur manque de ressources, explique Benjamin Flohic. Un jeune qui n’a pas de quoi remplir son frigo ne sort pas avec ses amis, ne fait pas d’activités culturelles ou extrascolaires, et consacre ce temps à un petit boulot. » Toutefois, ces emplois ne permettent pas aux étudiants de s’en sortir. « Parmi ceux qui ont recours à l’aide alimentaire, ceux qui travaillent sont surreprésentés », souligne Benjamin Flohic. Cette situation concerne particulièrement les étudiants internationaux, qui n’ont pas accès à certaines aides et doivent compenser financièrement la différence de niveau de vie entre leur pays d’origine et la France.

L’égalité des chances en question

Un étudiant qui travaille et vit loin de son établissement est plus susceptible d’avoir des difficultés académiques. « Quelqu’un qui habite à 1h30 de la fac, travaille à côté et a recours à l’aide alimentaire, n’a pas le temps de réviser. Il est forcément en plus grande difficulté que quelqu’un qui étudie chez ses parents et bénéficie de leur soutien. La question de l’égalité des chances se pose alors », constate Benjamin Flohic.

La situation des étudiants ultramarins

Le baromètre de Cop1, qui s’est installé à Fort-de-France (Martinique) en novembre 2023 et à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en mars 2024, alerte également sur la situation des étudiants ultramarins. Parmi les plus de 50 000 étudiants, seuls 12 % estiment disposer des conditions matérielles nécessaires à la réussite de leurs études. Aux Antilles, deux tiers des étudiants interrogés ont déjà sauté un repas par manque d’argent, une statistique marquante alors que la Martinique connaît une mobilisation sociale contre le coût de la vie depuis septembre.

Les solutions proposées par Cop1

Pour lutter contre cette précarité, Cop1 propose d’augmenter par trois la taxe sur les logements vacants dans les zones urbaines tendues, afin d’encourager les propriétaires à louer leurs biens. Une étude de l’Insee publiée en janvier 2024 a révélé que la France comptait plus de 3 millions de logements inoccupés en 2023. L’association demande également la revalorisation de la gratification légale des stages, actuellement fixée à 4,35 euros de l’heure, soit environ 670 euros par mois à temps plein.

Cop1 fait partie des cinq associations sélectionnées par le streamer Adrien Nougaret, alias « ZeratoR », pour bénéficier des dons recueillis lors du ZEvent, un événement caritatif en ligne qui a récolté plus de 10 millions d’euros en septembre dernier. Avec ces fonds (environ 2 millions d’euros à recevoir progressivement sur l’année), Cop1 prévoit d’ouvrir trois nouvelles antennes à Nancy, Limoges et Saint-Denis de La Réunion. « Notre objectif est d’être présent dans toutes les villes comptant plus de 10 000 étudiants d’ici 2026 », conclut Benjamin Flohic, qui espère cependant que, comme pour les Restos du Cœur, leur action ne sera plus nécessaire un jour.

SOURCE : NOUVEL OBS

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