Près de la moitié des écoles d’ingénieurs anticipent un budget en déficit

Les écoles d'ingénieurs expriment leurs préoccupations face aux réductions budgétaires alors que les besoins en compétences n'ont jamais été aussi élevés. Elles demandent la possibilité d'appliquer des frais de scolarité modulés.
"Au moins la moitié des écoles d’ingénieurs vont connaître un budget en déficit, parfois pour la deuxième année consécutive. C'est un sujet d'inquiétude important, d’autant plus que le financement de l’apprentissage est en discussion", alerte Romuald Boné, vice-président de la CDEFI et directeur de l'Insa Strasbourg.
Il s'est exprimé lors de la conférence de presse de rentrée de la CDEFI, organisée le 7 octobre. À cette occasion, les écoles d’ingénieurs ont rappelé qu'elles sont confrontées à un contexte budgétaire tendu, tout en devant relever un défi majeur : augmenter le nombre de diplômés malgré une diminution du vivier d’étudiants.
Vers des frais d’inscription modulés ?
Pour surmonter les difficultés financières, la CDEFI plaide pour plus de flexibilité dans la gestion des écoles publiques, notamment avec la possibilité de moduler les frais d’inscription, à l’instar de Sciences Po Paris, où les tarifs sont ajustés selon les revenus des étudiants.
"Il nous faut un modèle adaptable, pour que chaque école puisse l’ajuster à son contexte. Augmenter le nombre d’ingénieurs ne se fera pas à coût constant", explique la CDEFI. Aujourd'hui, deux tiers des 200 écoles d'ingénieurs sont publiques, et leurs frais de scolarité sont fixés par arrêté, variant de 601 à 4.150 euros annuellement selon l’école.
La CDEFI demande aussi un soutien financier accru pour la formation par apprentissage. "L'augmentation du nombre d’ingénieurs a largement reposé sur l'apprentissage. Nous appelons à une politique plus équitable de promotion de l’apprentissage dans le supérieur, avec un meilleur équilibre dans la prise en charge des coûts", ajoute Romuald Boné.
Cependant, le ministère du Travail a déjà annoncé une réduction de 1,2 milliard d’euros sur les aides à l’apprentissage. L'aide à l'embauche, actuellement de 6.000 euros, pourrait être abaissée à 4.500 euros.
Plus d'autonomie pour les écoles d'ingénieurs
La CDEFI rappelle qu'une école d'ingénieurs, l'École centrale de Lyon, fait partie des neuf établissements sélectionnés pour tester l’acte II de l'autonomie des universités. Pendant un an, cette école pourra expérimenter de nouvelles mesures concernant la gouvernance, l’offre de formation, les finances, le patrimoine et les ressources humaines.
L'objectif est de permettre une gestion plus flexible et adaptée aux réalités locales, avec une généralisation prévue d’ici 2025.
En parallèle, la CDEFI a constitué un groupe de travail sur l'autonomie financière et des ressources humaines des écoles pour proposer des recommandations et tirer des enseignements de ces expérimentations.
Des solutions pour recruter plus d'ingénieurs
Malgré ces incertitudes, les écoles d'ingénieurs doivent relever un autre défi : former davantage d'ingénieurs malgré une baisse du nombre de candidats. L’économie française a besoin de 15.000 diplômés supplémentaires chaque année pour faire face aux défis environnementaux, énergétiques et numériques. Cependant, le contexte démographique joue en défaveur de l'enseignement supérieur, avec une baisse prévue de 11.000 étudiants.
"Selon les projections du ministère de l’Enseignement supérieur, les effectifs commenceront à diminuer dès 2025", indique Dominique Baillargeat, vice-présidente de la CDEFI et directrice de 3iL Ingénieurs. Les écoles d'ingénieurs élaborent donc des stratégies pour attirer de nouveaux viviers d’étudiants.
"Il est nécessaire de mieux aligner les offres de formation continue sur les besoins réels de l’économie et les priorités stratégiques de l’État", ajoute Dominique Baillargeat.
Les formations en alternance sont également envisagées pour augmenter le nombre d'élèves-ingénieurs, avec actuellement 17% des inscrits en formation d'ingénieur suivant un parcours par apprentissage. Par ailleurs, les écoles misent sur la formation continue pour permettre aux professionnels de se former tout en maintenant un emploi. "Il faut simplifier les dispositifs de financement pour améliorer la visibilité et aligner les offres de formation continue avec les besoins de l’économie", assure Dominique Baillargeat.
Enfin, les écoles d'ingénieurs cherchent à renforcer l’accueil des étudiants internationaux, qui représentent actuellement 20% des effectifs. "Ils renforcent les liens économiques et culturels pour nos entreprises, créant ainsi des opportunités de partenariats, de débouchés et d'innovation", conclut-elle.

SOURCE : L'ÉTUDIANT

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