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ÉDUCATION
13
June 2024

Les principaux axes du cap politique fixé par Emmanuel Macron avant des élections législatives à haut risque

Emmanuel Macron a appelé à "une refondation de la vie politique" que son gouvernement devra "bâtir dans les 18 jours" avant le premier tour des élections législatives, lors d’une conférence de presse le 12 juin 2024, trois jours après son annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale et la victoire historique du RN aux élections européennes. Se disant attaché à "un modèle social protecteur" mais responsable sur le plan financier, le chef de l’État est resté flou sur le calendrier de la nouvelle réforme de l’assurance chômage et a défendu un modèle de société fondé sur le travail.

Une prise de parole attendue

Initialement annoncée pour le mardi 11 juin dans l’après-midi, la conférence de presse d’Emmanuel Macron s’est déroulée le lendemain dans une salle de réception du centre de Paris. Devant les journalistes, il a expliqué qu’un président la République "n’a pas à faire campagne" pour les législatives, en tout cas pas davantage qu’il ne l’a fait en 2017 et 2022. Et confirmé que le Premier ministre, Gabriel Attal, conduira la campagne de la majorité présidentielle pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet (voir encadré).

Appel à une "majorité claire de gouvernement"

Emmanuel Macron a donc maintenu son choix de prendre une nouvelle fois la parole après sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, annoncée dimanche 9 juin dans la soirée, avec l’ambition de freiner la dynamique du Rassemblement national. Forte de son large succès lors des élections européennes avec 31,4 % des votes contre 14,6 % pour la liste de la majorité présidentielle, la formation d’extrême droite compte capitaliser lors du prochain scrutin. En s’appuyant d’ores et déjà sur le ralliement du président des Républicains, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, et de certains de ses soutiens.

Alors que des manifestations dans les grandes agglomérations se répètent depuis dimanche soir, avec le retour du slogan "La jeunesse emmerde le Front national", Emmanuel Macron a justifié la dissolution par le résultat du scrutin européen qui se double d’une "situation de blocage" de l’action du gouvernement et du travail parlementaire du fait de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Le chef de l’État dit avoir entendu les électeurs qui ont exprimé leurs "inquiétudes" en citant la sécurité, l’immigration, le pouvoir d’achat. "À tous ces messages, il faut apporter une réponse démocratique", a-t-il déclaré.

L’ambition économique au cœur de la stratégie

Cette mission incombera à son gouvernement auquel il demande de procéder à une "refondation de la vie politique" afin de nouer de nouvelles alliances, à l’exclusion des forces politiques classées à l’extrême droite ou à l’extrême gauche, pour doter le pays d’une "majorité claire de gouvernement". "Depuis dimanche soir, les masques tombent", a poursuivi Emmanuel Macron en comparant les "alliances contre nature aux deux extrêmes" politiques qui sont en train de se livrer à "des bricolages d’appareil", à la veille du nouveau scrutin.

Et de citer le cas des retraites sur lequel les propositions portées par le RN avec un retour de l’âge à 60 ans, sont à l’opposé de celles défendues par Éric Ciotti, le toujours président des LR ayant défendu une réforme allant encore plus loin que celle imposée par l’exécutif au printemps 2023 avec un recours à l’article 49-3 de la Constitution. À gauche, le président de la République a renvoyé à leurs contradictions La France insoumise et les autres membres de l’ex-Nupes, devenue le Nouveau Front populaire depuis lundi 10 juin, en particulier sur le sujet du conflit israélo-palestinien.

Ébauche de programme

En forme d’ébauche de programme politique que l'ex-majorité à l'Assemblée compte mener jusqu’en 2027 si elle franchit le cap des législatives, Emmanuel Macron a commencé par insister sur les sujets liés à la sécurité et à la Justice en plaidant pour une "autorité régalienne à tous les étages" : "Ce que nous proposons, c’est plus de fermeté, mais dans le cadre de la République et de ses valeurs", a-t-il déclaré en déplorant un "échec de notre modèle d’intégration" et le fait qu’il y ait "encore beaucoup de discrimination", en particulier dans "l’accès à l’emploi dans notre République".

Sur le plan économique, le chef de l’État met une nouvelle fois en avant les résultats obtenus depuis son entrée à l’Élysée, avec la création de "plus de deux millions d’emplois" et l’amorce d’une réindustrialisation du pays qu’il faut encore "amplifier". "Nous sommes en train de préparer des textes en la matière sur l’industrie verte et l’agriculture qui reprendront dès que les Français, je l’espère, auront fait confiance à cette majorité", a-t-il défendu. À l’adresse des entreprises et des indépendants, Emmanuel Macron a appelé à les "libérer les contraintes réglementaires et fiscales", alors qu’un projet de loi sur la simplification économique est devenu caduc du fait de la dissolution.

Assurance chômage : une réforme pas intangible

Dans le droit fil de la politique menée depuis sept ans, le chef de l’État a aussi milité pour continuer à "encourager le travail plutôt que l’inactivité". Interrogé sur la nouvelle réforme de l’assurance chômage décidée par l’exécutif pour entrer en vigueur le 1er décembre prochain après la publication d’un décret avant le 1er juillet, Emmanuel Macron a estimé qu’il s’agissait d’une "réforme importante pour le pays", la jugeant "bonne" et "bien préparée par le gouvernement".

Pour mémoire, contesté par toutes les organisations syndicales, le projet de décret formalisant cette réforme est soumis à la CNNCEFP ce 12 juin et est en cours d’examen au Conseil d’État. Après les tours de vis déjà décidés par la voie réglementaire par le gouvernement à l’été 2019 puis en janvier 2023, ce texte prévoit notamment de durcir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi, de repousser à 57 ans l’entrée dans la filière seniors ou encore de créer un nouveau seuil pour l’application d’une modulation à la baisse ou à la hausse la durée des droits aux allocations-chômage des chômeurs en fonction de l’évolution de la conjoncture économique : dans ce dernier cas, les indemnités seraient réduites si le taux de chômage passait en dessous de 6,5 % pendant deux trimestres consécutifs, ou augmentées pour les chômeurs en fin de droits si ce taux progressait de 0,8 point sur un trimestre.

Emmanuel Macron a cependant temporisé sur le calendrier de mise en œuvre de la réforme en faisant référence au "temps électoral". "Est-ce que cela doit passer par l’Assemblée ou par un décret ?", s’est-il interrogé en considérant que le projet gouvernemental n’est pas "intangible", et qu’il est aujourd’hui devenu possible de "négocier des choses" si "certains veulent l’améliorer et [le] changer" (lire sur AEF info).

"Le travail doit mieux payer"

Plus globalement, "l’ambition économique" et le soutien à l’activité restent au centre du logiciel présidentiel pour assurer la prospérité du pays et de ses habitants, tout en équilibrant les finances publiques. "Le travail doit mieux payer", a insisté Emmanuel Macron en appelant à être "plus ambitieux pour mieux partager en quelque sorte les revenus du travail et de la richesse".

Il a ainsi appelé de ses vœux à un élargissement des allégements, voire de suppression, des cotisations sociales et fiscales sur les dispositifs permettant de soutenir le pouvoir d’achat des salariés, sans augmenter les "charges"  des employeurs. Toujours sur le volet de la rémunération du travail, le chef de l’État a aussi plaidé pour "rouvrir le grand sujet du temps partiel subi et des emplois rémunérés sous le Smic".

D’autres éléments de la feuille de route, à mettre en œuvre d’ici la fin du quinquennat, ont été énoncés par Emmanuel Macron. Certains rappellent fortement des axes au centre de son programme quand il était candidat pour la première fois à la présidence de la République, en 2016. En premier lieu : la "lutte contre les inégalités de destin". Se disant "attaché à un modèle social protecteur, financier, responsabilisant", le chef de l’État a affirmé qu’il n’y avait "jamais eu un tel réinvestissement dans les services publics depuis sept ans", en citant la création des maisons France Services, de même que "le réinvestissement dans la Justice et dans les forces de sécurité, dans notre école, avec une augmentation [des salaires] de nos enseignants qui n’avait pas été connue depuis les années 1990".

SOURCE : AEF INFO

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