Le projet de loi d’orientation agricole arrive enfin au Sénat

Après une longue attente, le projet de loi d’orientation agricole fait son entrée au Sénat ce mardi 4 février. Ce texte, crucial pour le secteur, aborde des sujets majeurs tels que la formation, l’enseignement agricole et la transmission des exploitations. Son examen intervient à quelques jours du Salon de l’agriculture, un événement clé pour les professionnels du domaine.
Déposé il y a près d’un an sous le gouvernement Attal, ce projet de loi a connu de nombreux rebondissements. D’abord porté par Marc Fesneau, il avait été suspendu en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, puis reporté après une censure. Aujourd’hui, c’est la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui le défend devant le Sénat, où la droite et les centristes, majoritaires, pourraient lui réserver un accueil favorable.
Une opposition marquée et une forte pression des syndicats
Si le texte semble bien parti pour être adopté, il suscite néanmoins de vives oppositions. La gauche critique un projet qu’elle considère comme un recul en matière environnementale. Annie Genevard, quant à elle, rejette ces accusations, affirmant que "l’opposition entre agriculture et environnement est une impasse".
Dans le même temps, le gouvernement est sous pression de la part des syndicats agricoles, qui réclament des avancées concrètes. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a récemment souligné l’urgence de faire avancer ce projet à l’approche du Salon de l’agriculture. Selon Franck Menonville, sénateur centriste et rapporteur du texte, "les agriculteurs attendent ce texte avec impatience".
Un texte qui met en avant la souveraineté alimentaire
L’une des principales mesures du projet de loi est la reconnaissance de l’agriculture comme un "intérêt général majeur", un principe que le Sénat veut renforcer en érigeant la souveraineté alimentaire en "intérêt fondamental de la Nation".
Le Sénat a également introduit un principe de "non-régression de la souveraineté alimentaire", inspiré du principe existant en matière environnementale. Celui-ci vise à empêcher toute mesure politique susceptible de nuire au potentiel agricole du pays. Cependant, cette disposition est controversée et le gouvernement pourrait tenter de la supprimer.
Pour la droite, ce renforcement est essentiel pour protéger l’agriculture française. Laurent Duplomb (LR), rapporteur du texte, défend cette approche en rappelant que "le principe de non-régression environnementale a eu un impact fort, il en serait de même pour l’agriculture". De son côté, la gauche critique une vision qu’elle juge trop libérale du modèle agricole français.
Mesures phares : formation, transmission et simplification
Le projet de loi contient plusieurs mesures pour soutenir le renouvellement des générations d’agriculteurs. Il prévoit la création d’un "Bachelor Agro", un diplôme de niveau bac+3 destiné à structurer la formation agricole. Un "volontariat agricole" dans le cadre du service civique est également envisagé pour encourager les jeunes à découvrir les métiers de l’agriculture.
Autre mesure importante : la mise en place d’un guichet unique départemental pour simplifier l’installation et la transmission des exploitations agricoles.
Enfin, le texte prévoit un encadrement des recours contre les projets agricoles, notamment en matière de stockage d’eau et d’élevage. Il introduit aussi une évolution des sanctions en cas d’atteintes involontaires à l’environnement, avec une préférence du Sénat pour des amendes administratives plutôt qu’un stage de sensibilisation, comme initialement proposé par le gouvernement.
Une adoption probable mais des débats intenses en perspective
Alors que le vote solennel est prévu pour le 18 février, les débats au Sénat promettent d’être animés. Ce projet de loi, qui mêle enjeux agricoles, économiques et environnementaux, devra trouver un équilibre entre les attentes des agriculteurs, les impératifs de production et la nécessité de préserver les ressources naturelles.
Avec le Salon de l’agriculture en ligne de mire, le gouvernement devra convaincre que ce texte apporte des solutions concrètes aux défis du monde agricole.

SOURCE : LA TRIBUNE

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