Quand les maisons familiales rurales permettent aux jeunes filles de renouer avec l'école

Peu connues dans le système éducatif français, les Maisons Familiales Rurales (MFR) jouent un rôle essentiel pour des milliers de jeunes issus de zones rurales. Ces établissements associatifs, sous contrat avec l’État, accueillent chaque année près de 100 000 élèves. Parmi eux, de nombreuses jeunes filles trouvent dans ces structures un lieu où elles peuvent s’épanouir et développer des compétences dans des domaines tels que les services aux personnes et aux territoires, une filière particulièrement prisée.
Eulalie Bigolet, par exemple, a trouvé dans la MFR d’Agencourt en Côte-d'Or un refuge éducatif. Après des années de difficultés scolaires et de manque de confiance, elle a décroché son bac professionnel en services aux personnes et animation dans les territoires avec mention. Sa gratitude envers cet établissement, où elle a passé six ans, est immense. « Avant d’entrer dans cette école, je me croyais incapable, raconte-t-elle. Mais à la MFR, j’ai appris à croire en moi et à me dépasser. »
Un parcours scolaire adapté et bienveillant
Comme Eulalie, Céline Moreno a également trouvé sa voie grâce à la MFR. Après sept années passées dans la structure de Baigneux-les-Juifs, elle voit l'établissement comme sa "deuxième maison". « Les moniteurs sont comme une famille pour moi, » confie Céline. Elle a surmonté les difficultés et a décidé de prolonger son parcours d’un an pour obtenir un brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BPJEPS) en animation sociale.
Les MFR offrent aux jeunes un environnement d’apprentissage plus adapté à leurs besoins que le système scolaire traditionnel. Avec des classes de taille réduite et un suivi personnalisé, ces établissements permettent aux élèves d’évoluer à leur rythme. Pour certaines, comme Rosie Lefebvre, ces structures sont une alternative nécessaire au collège classique où elles se sentent souvent marginalisées. Diagnostiquée à haut potentiel émotionnel (HPE), Rosie explique qu’elle avait besoin d’un cadre moins conventionnel, où elle pourrait travailler en toute tranquillité.
Des lieux d’avenir pour celles qui « tiennent la campagne »
Les MFR de Côte-d'Or, comme d’autres dans le pays, accueillent surtout des jeunes filles issues des zones rurales, qui envisagent souvent des carrières dans les services aux personnes, que ce soit pour s’occuper des jeunes enfants ou des personnes âgées. Elles incarnent ces « femmes qui tiennent la campagne », un rôle indispensable souligné dans l’ouvrage sociologique Des femmes qui tiennent la campagne de Sophie Orange et Fanny Renard. Les auteurs y décrivent comment, face au recul de certains services publics, ces femmes assurent le bon fonctionnement des services essentiels en milieu rural, prenant soin des enfants, des personnes âgées, et travaillant pour les collectivités locales.
Ces jeunes filles, encore en formation, jonglent entre leurs rêves d’adolescentes et leurs responsabilités naissantes. La perspective de "s’occuper des personnes", que ce soit en animation sociale, dans les collectivités locales, ou encore dans des structures de soin, les motive au quotidien. Elles ont déjà des aspirations professionnelles et une détermination solide, malgré les obstacles.
Une deuxième chance pour celles que le système scolaire classique avait laissées de côté
Les histoires de ces jeunes filles révèlent aussi des parcours marqués par des difficultés scolaires dans le cadre classique. Souvent en décrochage ou marginalisées, elles trouvent dans les MFR un environnement bienveillant qui leur permet de renouer avec la réussite scolaire. Ces établissements leur offrent un cadre d'apprentissage où elles se sentent respectées, écoutées et soutenues, des éléments souvent absents de leur parcours dans les collèges ou lycées traditionnels.
Par ailleurs, le lien étroit entre théorie et pratique, ainsi que le système d’alternance, favorisent une immersion rapide dans le monde du travail. Les stages et périodes en entreprise permettent aux élèves de se former directement sur le terrain et de gagner en assurance. Dans ces parcours, le brevet, le CAP et le bac professionnel ne sont pas de simples diplômes, mais des victoires personnelles, fruits d’une persévérance et d’un engagement soutenus par des équipes pédagogiques impliquées.
Un modèle d’apprentissage à encourager
Les Maisons Familiales Rurales montrent leur utilité dans des territoires où les parcours scolaires sont souvent plus compliqués et les opportunités professionnelles limitées. En offrant aux jeunes filles un accompagnement sur mesure et des formations concrètes, elles leur permettent non seulement d’obtenir des diplômes, mais aussi de contribuer activement au tissu social et économique local. En s’adaptant aux besoins des élèves et en valorisant les métiers de proximité, les MFR offrent un modèle d'éducation pertinent, qui pourrait être davantage soutenu pour attirer encore plus de jeunes en quête de sens et de stabilité dans leur avenir professionnel.
Ces établissements participent ainsi à la valorisation et au maintien des services de proximité en milieu rural, tout en offrant aux jeunes filles de ces territoires une véritable perspective d’avenir.

SOURCE : LE MONDE

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