Quelle place pour la production écrite ?

Alors que le plan "Reconquête de l’écrit", annoncé par François Bayrou, doit proposer d’ici deux mois une série de mesures pour renforcer cet enseignement, les données sur le temps réellement consacré à la production d’écrits restent parcellaires. Plusieurs rapports de l’IGESR, analysés par AEF info, mettent en lumière une fréquence jugée "insuffisante" pour le travail d’écriture, tandis que la dictée reste un exercice très pratiqué. Par ailleurs, selon la Depp, la production de textes est perçue par les enseignants comme l’un des champs les plus complexes à transmettre.
Vers un quotidien de lecture et d’écriture à l’école
"Lire et écrire tous les jours, dans toutes les disciplines, à tous les niveaux" : c’est l’objectif fixé par François Bayrou dès la rentrée 2025 dans le cadre de son plan "Reconquête de l’écrit". Ce plan, confié à un groupe de travail présidé par l’écrivain Erik Orsenna, doit déboucher sur des propositions concrètes. Cette ambition prolonge les appels de Gabriel Attal en 2023 à "être exigeant vis-à-vis de l’écrit", notamment en renforçant les dictées et la rédaction libre.
Un suivi encore flou du temps dédié à l’écriture
AEF info a passé en revue plusieurs rapports récents de l’IGESR pour évaluer la place réelle de l’écriture à l’école. Dans les classes de maternelle, notamment en moyenne section, l’inspection souligne la difficulté à recueillir des informations précises sur les temps consacrés à cet apprentissage. Les emplois du temps n’indiquent souvent ni la fréquence ni la nature ni la durée du travail d’écriture.
Les inspecteurs généraux dressent ainsi un état des lieux "contrasté" : la fréquence est jugée trop faible, et dans plus de la moitié des classes observées, la durée des séances varie beaucoup selon les périodes ou les choix pédagogiques.
Une forte présence de la dictée dans les emplois du temps
En CE2, la dictée reste souvent le seul exercice clairement identifiable dans les emplois du temps, selon un rapport de l’IGESR. Si les autres formes d’écriture existent, elles sont moins systématiques. La dictée est quotidienne dans 41 % des classes visitées, et hebdomadaire pour 20 % des enseignants.
Ce constat est partagé par le Cnesco depuis 2018 : 90 % des enseignants de CM2 et 75 % des enseignants de collège disent pratiquer la dictée "souvent ou de temps en temps".
Une production écrite réduite à 10 minutes par jour
En cycle 3, un autre rapport de l’IGESR note que si grammaire, orthographe et conjugaison prennent la moitié du temps de français, la production écrite est limitée à environ 10 minutes quotidiennes. Une durée jugée très insuffisante pour une préparation efficace à l’entrée en sixième.
Un enseignement complexe et peu investi
Selon une note de service du ministère de janvier 2023, l’objectif est clair : en fin de CM2, les élèves doivent rédiger un texte de 15 lignes respectant les règles de la langue, et produire au moins 20 lignes en 6e. Malgré cette injonction, la production de textes reste l’un des domaines les plus difficiles à enseigner, d’après une note de la Depp publiée en avril 2024.
En effet, 75 % des enseignants jugent cet enseignement complexe, mais seulement 42 % y consacrent un temps significatif. Cette difficulté se reflète aussi dans le recours à la formation continue : 56 % des professeurs des écoles ont suivi au moins une formation sur ce thème entre 2015 et 2020, dont 18 % à plusieurs reprises et 38 % une seule fois.

SOURCE : AEFINFO

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