En quoi consiste la « pause numérique » expérimentée dans près de 200 collèges ?

La rentrée 2024 connaît quelques expérimentations dans certains collèges de l'Hexagone, comme la "pause numérique", c'est-à-dire une interdiction totale des téléphones portables. Mais en quoi consiste cette mesure ?
Cette année, près de 180 collèges en France testent la "pause numérique", une interdiction totale des téléphones portables, avant une possible généralisation en janvier 2025. En quoi consiste cette expérimentation ? Comment sera-t-elle déployée ? Et à quel coût ?
Que dit la loi ?
Depuis 2018, une loi interdit "l'utilisation d'un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques" dans "les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges". Dans les lycées, "le règlement intérieur peut interdire l'utilisation par un élève" dans "tout ou partie de l'enceinte de l'établissement".
Dans les collèges, la règle veut que le téléphone soit "éteint et rangé", précise Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa. Selon Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d’établissements, "ça se passe globalement plutôt bien". Le niveau d'utilisation des téléphones portables dans les collèges est déjà très bas, dit-il. Et en cas de problème, "on peut agir" : confisquer des téléphones, convoquer les parents, ou sanctionner les élèves.
Pourquoi cette expérimentation ?
Cette initiative fait suite aux recommandations de la commission "écrans", voulue par Emmanuel Macron. Un rapport remis au président par des experts conseille d’interdire les téléphones portables avant 11 ans et de limiter strictement l'accès aux réseaux sociaux pour les adolescents de moins de 15 ans.
Le ministère de l’Éducation estime que la "pause numérique" doit améliorer le "climat scolaire", car l'usage des téléphones peut favoriser les violences, comme le harcèlement en ligne ou la diffusion d'images violentes. Le but est aussi d'améliorer "les résultats des élèves" car l'usage du téléphone "affecte la capacité de concentration" et "l'acquisition des connaissances". Cette mesure vise également à sensibiliser les élèves à une utilisation responsable des outils numériques.
Pour Jérôme Fournier, "l'objectif est de répondre aux difficultés des collèges où la règle actuelle n’est pas suffisante", bien que dans "la majorité des collèges, elle fonctionne".
En quoi consiste-t-elle ?
Cette expérimentation touchera plus de 50.000 collégiens. Chaque établissement pourra déterminer des modalités pratiques, avec notamment la possibilité d'installer des casiers, selon le ministère. À leur entrée dans le collège, les élèves devront laisser leurs téléphones dans des boîtes ou des casiers, et ils les récupéreront à la fin des cours.
Cette interdiction sera effective pendant le temps scolaire et périscolaire, y compris lors des activités scolaires organisées en dehors de l’établissement.
Quel coût ?
Une généralisation de cette mesure, prévue pour janvier 2025, serait "précipitée et coûteuse", avec une facture estimée à "près de 130 millions d'euros" pour les 6.980 collèges de France, selon les départements, responsables des infrastructures des collèges. Ces derniers soulignent également la question de la responsabilité en cas de vol des téléphones stockés dans les casiers.
Des doutes et des critiques
L'expérimentation soulève aussi des inquiétudes chez les enseignants. Pour le Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, la mesure "manque de concertation" et soulève des questions pratiques. "Comment gérer l'entrée dans l’établissement ? Et pendant la journée ?", s'interroge Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, d’autant plus que certains élèves ont deux téléphones portables.
Le SE-Unsa partage ces doutes : "pour résoudre un problème, on en crée un autre", dit Jérôme Fournier. "Il faudra du personnel pour gérer l’arrivée, la dépose et la récupération des téléphones. Qui s'en chargera ?", s’interroge-t-il. De plus, il note que les élèves sont souvent pressés à la fin des cours pour attraper leur bus, "alors comment feront-ils s'ils doivent aussi récupérer leurs téléphones ?"
Bruno Bobkiewicz ajoute que la mise en œuvre sera difficile. "Si un élève cache son téléphone au fond de son sac, je ne vais quand même pas fouiller dans ses affaires pour le récupérer".

SOURCE : EUROPE 1

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